« Je
dévasterai sa vigne et son figuier dont elle disait : « voilà
le salaire que m’ont donné mes amants ». Je les changerai en
fourré et les bêtes sauvages en feront leur nourriture. Je lui
ferais rendre compte des Baals [des maîtres] auxquels elle brûlait
des offrandes : elle se parait de ses anneaux et de ses bijoux,
elle courait après ses amants et moi, elle m’oubliait !
Oracle du Seigneur. Eh bien, c’est moi qui vais la séduire, je la
conduirai au désert et je parlerai à son cœur » (Os.2,14-16).
Dans
le contexte de la prostitution au sens strict, on identifie en
général le besoin d’argent comme la première cause pour y
rentrer. Dans les faits, ce n’est pas vrai, du moins pas du point
de vue des personnes prostituées. La très grande majorité d’entre
elles a été emmenée à la prostitution pour le profit d’autrui.
Dans le cadre de la traite, elles ont été enlevées ou trompées.
Pour celles qui ont suivie leur proxénète en connaissance de cause,
il était en général question de payer une dette. Pour les
personnes prostituées originaires de nos pays, elles ont été
prostituées par leur amant ou mari. Nous assistons notamment dans
les pays réglementaristes comme l’Allemagne et les Pays-Bas au
phénomène des « lover boys », jeunes hommes séducteurs
qui manipulent des jeunes femmes fragiles affectivement pour les
faire rentrer dans les bordels. Seule peut être quelques « escorts »
commencent à se prostituer de manière indépendante par cupidité.
Il semble que le risque est grand pour elle, même si elles exercent
par internet, qu’elles soient approcher à un moment ou à un autre
par un « protecteur » qui obtiennent d’elles avec plus
ou moins de pression un part substantielle de leurs revenus. En
définitive quasiment toutes les personnes prostituées reversent une
grande partie de l’argent de leur prostitution aux proxénètes. Il
n’en reste pas moins vrai que l’argent est, plus que le nerf de
la guerre, le sang de la prostitution. La prostitution fait partie,
avec les trafics d’arme et de drogue, du tiercé de tête des
activités illégales profitables dans le monde.
Les personnes prostituées, si elles ne touchent qu’une infime partie de cette énorme masse d’argent, le voient passée entre leurs mains néanmoins. Parmi celles que j’ai rencontrées, j’ai le sentiment que cela leur donnait un rapport de dépendance paradoxal à l’argent. Elles sont les premières à dire que ce n’est pas de l’argent facile. Néanmoins c’est de l’argent rapide. Il semble facile de s’acheter des choses de grands prix. Il semblerait que l’argent dont elles disposent leur brûle les mains. C’est comme si elles ne peuvent pas le garder. Il faut le flamber ou le donner. Nombre d’entre elles sont d’ailleurs très généreuses. Peut être trop. Elles couvrent leurs enfants de cadeaux, les envoient dans les meilleures écoles. Elles envoient tout l’argent qu’elles peuvent à la famille au pays. Quand une fête est organisée, pour un mariage, pour un enterrement, c’est elles qui régalent, et là-bas tout le monde le sait. Certaines personnes prostituées se sacrifient littéralement pour leurs proches. Malgré cet argent rapide, ou plutôt à cause de lui, quand elles essaient de sortir de la prostitution, quand elles le veulent, souvent elles n’ont pas un sou devant. Et quand elles travaillent pour la première fois, leur premier salaire, qui, obtenu en un mois, peut ne représenter que quelques heures de leur ancienne activité, représente pour elles une bien plus grande valeur que ce qu’elles n’ont jamais gagné (même si la réalité de sa valeur peut rendre par ailleurs très amère).
Voici rapidement esquissé comment l’argent rend esclave dans la prostitution. D’abord les profits obtenus dans le processus d’exploitation proxénète sont la raison essentielle de la persistance, et même du développement, de la prostitution dans nos sociétés. Il n’y a pas de génération spontanée de femmes qui « aiment » tellement le sexe qu’elles feraient leur métier d’avoir des dizaines de rapport sexuel par jour. C’est pour les profits qu’ils rapportent aux proxénètes que des millions de femmes, d’enfants, et d’hommes aussi, sont prostitués dans le monde. Ensuite, même si elles ne sont objectivement pas les premières bénéficiaires de l’argent qu’elles génèrent, les personnes prostituées sont très souvent entraînées dans un rapport faussé avec l’argent. D’une part il est rapide. Elles prennent l’habitude de ce flux d’argent. D’autre part, loin d’être facile, il leur coûte tant qu’elles essaient de le « blanchir » symboliquement, en achetant du prestige, comme du luxe, ou en achetant la reconnaissance sociale par des dons exagérés, ou alors en se payant les moyens de fuir la réalité dans la consommation de drogue. Enfin, cet argent, on constate qu’il n’était que miroir aux alouettes quand elles quittent la prostitution, soit qu’elles tentent d’en sortir vivante, soit qu’elles meurent. Dans l’un et l’autre cas, il est rare qu’elles aient gardé de l’argent devant elle pour réaliser des projets de vie, quoiqu’elles en aient rêvé.
Les personnes prostituées, si elles ne touchent qu’une infime partie de cette énorme masse d’argent, le voient passée entre leurs mains néanmoins. Parmi celles que j’ai rencontrées, j’ai le sentiment que cela leur donnait un rapport de dépendance paradoxal à l’argent. Elles sont les premières à dire que ce n’est pas de l’argent facile. Néanmoins c’est de l’argent rapide. Il semble facile de s’acheter des choses de grands prix. Il semblerait que l’argent dont elles disposent leur brûle les mains. C’est comme si elles ne peuvent pas le garder. Il faut le flamber ou le donner. Nombre d’entre elles sont d’ailleurs très généreuses. Peut être trop. Elles couvrent leurs enfants de cadeaux, les envoient dans les meilleures écoles. Elles envoient tout l’argent qu’elles peuvent à la famille au pays. Quand une fête est organisée, pour un mariage, pour un enterrement, c’est elles qui régalent, et là-bas tout le monde le sait. Certaines personnes prostituées se sacrifient littéralement pour leurs proches. Malgré cet argent rapide, ou plutôt à cause de lui, quand elles essaient de sortir de la prostitution, quand elles le veulent, souvent elles n’ont pas un sou devant. Et quand elles travaillent pour la première fois, leur premier salaire, qui, obtenu en un mois, peut ne représenter que quelques heures de leur ancienne activité, représente pour elles une bien plus grande valeur que ce qu’elles n’ont jamais gagné (même si la réalité de sa valeur peut rendre par ailleurs très amère).
Voici rapidement esquissé comment l’argent rend esclave dans la prostitution. D’abord les profits obtenus dans le processus d’exploitation proxénète sont la raison essentielle de la persistance, et même du développement, de la prostitution dans nos sociétés. Il n’y a pas de génération spontanée de femmes qui « aiment » tellement le sexe qu’elles feraient leur métier d’avoir des dizaines de rapport sexuel par jour. C’est pour les profits qu’ils rapportent aux proxénètes que des millions de femmes, d’enfants, et d’hommes aussi, sont prostitués dans le monde. Ensuite, même si elles ne sont objectivement pas les premières bénéficiaires de l’argent qu’elles génèrent, les personnes prostituées sont très souvent entraînées dans un rapport faussé avec l’argent. D’une part il est rapide. Elles prennent l’habitude de ce flux d’argent. D’autre part, loin d’être facile, il leur coûte tant qu’elles essaient de le « blanchir » symboliquement, en achetant du prestige, comme du luxe, ou en achetant la reconnaissance sociale par des dons exagérés, ou alors en se payant les moyens de fuir la réalité dans la consommation de drogue. Enfin, cet argent, on constate qu’il n’était que miroir aux alouettes quand elles quittent la prostitution, soit qu’elles tentent d’en sortir vivante, soit qu’elles meurent. Dans l’un et l’autre cas, il est rare qu’elles aient gardé de l’argent devant elle pour réaliser des projets de vie, quoiqu’elles en aient rêvé.
Ne trouvons nous pas ces rapports esclavageant à l’argent hors de la prostitution stricto sensu ? Bien sûr, puisque de toute part on dénonce la perte des valeurs liées aux solidarités collectives et le triomphe de l’individualisme. Chacun se préoccuperait avant tout d’optimiser ses propres revenus, pour les utiliser à assoir sa position sociale par des biens matériels et des avantages symboliques. Cependant face à cette évolution, le mariage oppose t-il une résistance ? On pourrait répondre que par construction le mariage constitue forcément une unité de solidarité. Cependant on constate l’existence de cas extrêmes où le couple marié récapitule à lui seul le système proxénète-prostitué. En effet il n’est pas rare dans le milieu de voir un mari prostituer sa femme. En France, il s’agit certes d’un crime, avec circonstances aggravantes. Mais n’y a-t-il pas d’autres situations où, malgré la solidarité juridique que se doivent les partenaires mariés (ou bien grâce à elle), l’un se transforme en l’exploiteur de l’autre ? Quand les rôles dans le couple sont particulièrement asymétriques, les rapports qui s’y tissent prennent en tout cas l’apparence d’une forte dépendance de l’un et l’autre, qui peut devenir, non plus une solidarité réciproque, mais une exploitation plus ou moins réciproque. Les travaux domestiques que réalisent gratuitement les femmes, y consacrant statistiquement significativement plus de temps que leurs conjoints, ne relèvent-ils pas d’un travail servile ? Mais de l’autre côté, ces hommes qui consacrent tant de temps à leur activité professionnelle avec la sincère volonté de garantir un confort matériel à leur famille, et qui peuvent réaliser, contemplant leur vie passée, qu’ils n’ont pas connu leurs enfants, qu’ils n’ont peut être jamais réellement rencontré leur femme, et que même peut être ils ont oublié de vivre leur propre vie, ces hommes ne se sont ils pas sacrifiés au travail pour le confort matériel des leurs ? De manière plus générale, ne voyons nous pas que tout couple doit faire face aux réalités matérielles de son existence ? Quand on accueille des enfants, on ressent même une plus grande pression à éviter la précarité, si ce n’est pour sa propre sécurité, au moins pour celle des siens. Nous voyons, et pas seulement dans les romans de Zola ou dans les pays « en voie de développement », des hommes et des femmes travailler jusqu’au sacrifice pour la survie des leurs. On ne peut les accabler de cupidité, et pourtant, à l’instar du carriériste ou du m’a-tu-vu, ils passent si peu de temps avec leurs enfants. Peut être ce peu de temps, savent-ils le passer de manière authentique, et en cela la famille qu’ils ont participé à fonder se révèle être pour eux un lieu d’humanisation, et de résistance contre ce à quoi ils sont soumis pour la faire vivre. Et j’ai aussi rencontré des femmes se prostituant pour faire vivre leurs enfants à qui on pourrait reconnaître cette dignité paradoxale. Le besoin d’argent pour faire vivre sa famille n’aboutit pas seulement à une « prostitution » sous la forme d’une vie sacrifiée au travail. Elle peut conduire à accepter une tâche qu’on n’accepterait pas si ce n’était cette nécessité. Ici participer à un management qui broie la personnalité de ses collaborateurs ; là mettre son savoir-faire, dont on aime pourtant les processus et les réalisations possibles, au service de futilités, comme un mathématicien employé à réaliser des algorithmes pour la spéculation financière, ou un médecin réalisant des chirurgies esthétiques de convenance, etc.
A l’instar des personnes prostituées, celles et ceux qui misèrent dans le travail ne touchent souvent qu’une faible part de la richesse qu’ils produisent réellement. Nous voyons d’ailleurs aux échelles historiques que plus les conditions de travail sont précaires, plus la part de la richesse produite reversée en salaire est faible. Comparer les compromis exigés par le travail, qui peuvent aller jusqu’à la perte de dignité, à la prostitution, amène forcément à comparer l’organisation du travail, et ceux qui en profitent, aux proxénètes. Certes on pourrait appliquer cette analyse aux sociétés du « socialisme réel ». Ces sociétés avaient leurs élites, leur intelligentsia, qui phénoménologiquement profitaient des mêmes privilèges que l’élite capitaliste de nos sociétés contemporaines. De le dire, n’épargne pas ces derniers. D’autant plus que ce sont eux les vainqueurs de la guerre froide, et ils sont maintenant les seuls comptables de la situation actuelle. En effet, en dehors des familles confrontées à cette lutte pour la dignité matérielle, nous voyons également certaines familles qui vivent matériellement plus que dans la simple aisance, mais vraiment dans le luxe. Cette richesse objective, non seulement se payent souvent par le sacrifice de l’un ou des deux parents dans le travail, mais surtout relèvent d’une grande irresponsabilité sociale. L’argent superflu, souvent perçu comme mérité, et plus encore comme une forme de générosité car destiné à garantir le confort des siens, cet argent cependant manque aux autres. Ce n’est pas seulement l’argent qui dort dans les comptes en banque. C’est aussi les privilèges qui peuvent se payer avec cette abondance d’argent : des écoles d’élite réservées pour ses propres enfants, des soins de santé particulier, une plus grande mobilité, un accès privilégié à la culture et à la représentation sociale, les biens d’ostentation, etc. Ce faisant, convaincu qu’ils méritent ces services privilégiés dont ils disposent, ils ne se préoccupent pas du développement collectif de ces services, voire même participent à la destruction de la qualité des variantes collectives de ces services. Sans parler du coût écologique de ces privilèges, dans un contexte de crise écologique, ce qui fait dire à certains que « les riches détruisent la planète »1. Néanmoins, le mariage bourgeois parvient-il à créer une enclave d’amour gratuit et réciproque dans la cellule conjugale, nonobstant les dégâts qu’il provoque pour garantir ce petit bonheur ? Notons que le manifeste du parti communiste le conteste fermement, faisant d’ailleurs un lien causal entre le mariage bourgeois d’une part, et la prostitution d’autre part : « Sur quelle base repose la famille bourgeoise d’à présent ? Sur le capital, le profit individuel. La famille, dans sa plénitude, n’existe que pour la bourgeoisie ; mais elle a pour corollaire la suppression forcée de toute famille pour le prolétaire et la prostitution publique ». Ici, ce n’est pas la famille qu’Osée voulait fonder avec Gomer qui est dénoncée. C’est la famille qui a pour objectif l’accumulation et la transmission d’un patrimoine. Les individus sont soumis aux intérêts supérieurs du groupe familial capitaliste. Les mêmes logiques patrimoniales ont préexisté à la bourgeoisie capitaliste, dans les aristocraties féodales. C’est dans ces milieux que nous voyons les mariages s’organiser sans se soucier du consentement des premiers concernés. Des études ethnologiques récentes montrent que les mêmes pratiques perdurent aujourd’hui encore2. Et si on laisse maintenant une certaine marge de manœuvre aux fiancés pour se choisir, on veille néanmoins à préserver l’endogamie sociale par une éducation qui fait intérioriser les normes et par l’entre-soi social. Il est curieux que ces milieux s’honorent de respecter au mieux les préceptes de la famille chrétienne. Il est aisé pourtant de remarquer que le libre consentement des époux est à la base de la liturgie du sacrement du mariage. Et quant à l’endogamie de ces milieux, n’est-elle pas si évidemment en contradiction avec l’ouverture à l’altérité que l’on prêche pour s’opposer par ailleurs au mariage homosexuel ?
L’argent
est le sang de la prostitution. Or il coule à flot de toute part.
Partout il porte avec lui la tentation de se soumettre aux logiques
prostitutionnelles : accepter un rapport d’exploitation, se
laisser posséder par ce que l’on croit posséder, être
irresponsable dans l’usage du pouvoir attaché à chaque symbole
monétaire. Nous l’avons vu, être en couple n’immunise pas
automatiquement contre cette tentation. Soit que la solidarité dans
le couple pousse l’un ou l’autre à accepter des moyens de survie
contraire à sa dignité, soit que le couple se referme sur lui-même
et ne se préoccupe pas des dégâts qu’il provoque autour de lui,
pourvu qu’il se garantisse du confort pour les siens. Le couple
peut néanmoins être un lieu de résistance. L’amour innocent,
celui qui est souvent fondateur du couple, la joie des amoureux a été
une expérience de la gratuité possible dans l’existence.
Simplement être avec l’autre peut suffire au bonheur. Cette
expérience est dangereuse pour l’avenir si elle est absolutisée.
Le dicton populaire assène « on ne vit pas d’amour et d’eau
fraiche ». Mais on perd l’âme de l’amour érotique si on
nie cette expérience, ou si on la rejette comme une mièvrerie de
jeunesse. Les poètes disent les choses le mieux : « il
nous fallut bien du talent pour être vieux sans être adultes »3;
« Nous serons tous les deux prisonniers sur parole »4.
Se savoir ainsi aimé gratuitement rend fort face à l’argent. On
n’a rien à prouver. On n’a pas une position sociale à conserver
pour exister puisqu’on existe indépendamment de cette position
pour sa-on fiancé.e. Prenons l’exemple d’un couple dont un des
membres fait face à des difficultés dans son travail. On lui
demande de réaliser des objectifs qui lui font violence. Obsédé
par le revenu qu’il ramène, son conjoint pourrait le pousser à
rester, à accepter, à se soumettre, quitte à ce que sa
personnalité soit percutée par cette violence à laquelle il va
être soumis. Dans ce cas la solidarité dans le couple agit comme un
complice de l’absence de scrupule de l’employeur. Le conjoint
pourrait aussi estimer plus important le respect dû à celle ou
celui qu’elle/il aime, et donc le soutenir à se faire respecter
dans son travail, quitte à rentrer en conflit, ou même à quitter
ce travail. Les couples sont de toutes manières engagés en
solidarité dans les rapports de force économique, en particulier
dans le monde du travail, pour le meilleur et pour le pire. Tout ce
processus demande évidemment un intense dialogue au sein du couple,
une écoute, des encouragements réciproques, un discernement commun
des situations. Pour austères qu’elles puissent paraître, ces
dimensions de la vie de couple participent au dialogue amoureux que
ne cessent d’entretenir les vrais amants.
Donc tout couple, unité de solidarité, doit prendre position face aux réalités économiques auxquelles il est confronté. Schématiquement il peut être un couple résistant ou un couple prostitueur. Les couples résistant s’opposent à la prostitution en refusant de se faire complice de toute forme d’exploitation et en assurant dans un dialogue aimant un soutien réciproque pour que ni l’un ni l’autre époux.se ne soit soumis.e à quelques formes de prostitution que ce soient. Le couple prostitueur se laisse dominer par l’argent, par le besoin d’argent et par l’envie d’argent. Il croit en l’utopie d’un îlot de bonheur au milieu d’un océan de malheur, et se considère alors non comptable de la misère qui l’entoure, ou même cyniquement assume en être responsable. L’égoïsme et la cupidité qui domine ce couple s’infiltre forcément dans les relations entre les conjoints. L’un préfère voir l’autre détruit plutôt que soit remis en cause les revenus, le confort ou la position sociale qu’il assure. Bien entendu aucune situation n’est à ce point en noir et blanc. La situation de tout un chacun est entre deux. C’est pourquoi chaque couple peut se reconnaître en Osée et Gomer. L’un et l’autre peuvent être successivement Osée, rappelant les origines de l’amour commun, proposant de se retirer au désert, de retourner à l’essentiel où les biens matériels et les honneurs sociaux ne comptent pour rien. Osée, triste puis en colère de voir celle ou celui qu’il ou elle aime s’abîmer en courant derrière des illusions et s’éloigner de lui ou elle. Et puis, quand les deux époux se comportent comme Gomer, il importe que le couple soit entouré de prophètes de leur amour qui les interpellent : votre couple est-il toujours au service de votre liberté commune ?!
Cette vocation de prophète, n’est-ce pas censé être le rôle des témoins ? N’est-ce pas l’engagement de la communauté chrétienne auprès des époux quand elle a été autour d’eux quand ils ont célébré leur mariage ?
Donc tout couple, unité de solidarité, doit prendre position face aux réalités économiques auxquelles il est confronté. Schématiquement il peut être un couple résistant ou un couple prostitueur. Les couples résistant s’opposent à la prostitution en refusant de se faire complice de toute forme d’exploitation et en assurant dans un dialogue aimant un soutien réciproque pour que ni l’un ni l’autre époux.se ne soit soumis.e à quelques formes de prostitution que ce soient. Le couple prostitueur se laisse dominer par l’argent, par le besoin d’argent et par l’envie d’argent. Il croit en l’utopie d’un îlot de bonheur au milieu d’un océan de malheur, et se considère alors non comptable de la misère qui l’entoure, ou même cyniquement assume en être responsable. L’égoïsme et la cupidité qui domine ce couple s’infiltre forcément dans les relations entre les conjoints. L’un préfère voir l’autre détruit plutôt que soit remis en cause les revenus, le confort ou la position sociale qu’il assure. Bien entendu aucune situation n’est à ce point en noir et blanc. La situation de tout un chacun est entre deux. C’est pourquoi chaque couple peut se reconnaître en Osée et Gomer. L’un et l’autre peuvent être successivement Osée, rappelant les origines de l’amour commun, proposant de se retirer au désert, de retourner à l’essentiel où les biens matériels et les honneurs sociaux ne comptent pour rien. Osée, triste puis en colère de voir celle ou celui qu’il ou elle aime s’abîmer en courant derrière des illusions et s’éloigner de lui ou elle. Et puis, quand les deux époux se comportent comme Gomer, il importe que le couple soit entouré de prophètes de leur amour qui les interpellent : votre couple est-il toujours au service de votre liberté commune ?!
Cette vocation de prophète, n’est-ce pas censé être le rôle des témoins ? N’est-ce pas l’engagement de la communauté chrétienne auprès des époux quand elle a été autour d’eux quand ils ont célébré leur mariage ?
1
Hervé Kempf ;
2
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1236&var_recherche=pin%E7on
3
Jacques Brel, la chanson des vieux amants
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