C'est pourquoi je propose l'introduction d'un troisième genre à la langue française. Non pas comme en allemand un genre neutre, mais un genre "universel". Non pas ni masculin ni féminin mais à la fois masculin et féminin. Il désignerait soit un collectif comprenant des individus féminins et masculins, soit des réalités valables autant pour le féminin que pour le masculin (les droits de l'Humain).
Ellil s'agit d'inventer. Un de mes professeurres de français nous disait que la langue est façonnée par les poètains. Avec les mots et avec la grammaire ellils créent une certaine manière d’appréhender le monde. Proposer une manière de dire les relations humaines sans domination du genre masculin sur le genre féminin est donc une entreprise poétique. Une entreprise ambitieuse mais non pas prétentieuse. Une proposition, un essai. Que d'autres s'en emparent. Qu'ellils élaguent ce qui ne leur plaît pas, soit que cela sonne mal à l'oreille, soit que cela choque à l'oeil. Qu'ellils innovent plus loin encore si nécessaire.
Pour inventer un genre universel, ellil manque à la langue des mots et des règles, d'accord et de conjugaison en particulier. Ma méthode est de modifier le moins possible l'état actuel de la langue, orthographiquement et phonétiquement. Mon intention est de contrecarrer au plus l'habitude de faire primer le masculin sur le féminin. Car cette habitude n'est pas que langagière, elle est aussi une habitude de pensée, un mode de relation entre femmes et hommes. Le langage rend un arbitraire évident. Mais ellil ne s'agit pas de perpétuer une logique de hiérarchisation des genres, même inversée. Cependant s'ellil n'y a pas d'autre solution que de mettre en avant un genre sur l'autre, je privilégierai le féminin. C'est pourquoi je propose déjà de former le pronom personnel de genre universel à la troisième personne par un mot valise fait de la juxtaposition elle/il, donc "ellil".
Pour les noms désignant des choses, je propose de garder les genres arbitraires tels que nous les recevons. Pour les noms désignant des êtres sexués dont on peut parler comme généralité incluant les deux sexes, il faut définir une forme universelle à chacun de ces mots. Je propose d'abord quelques règles pour les inventer.
- Si le nom est déjà épicène, il ne change pas au genre universel (ex: adulte, juge, maire, etc.)
- si le nom est phonétiquement épicène, faire en sorte qu'il se prononce de la même manière à l'universel, mais marquer orthographiquement le genre universel (ex = U: engagéé; F: engagée; M: engagé)
- si le masculin et le féminin se prononce différemment, inventer une prononciation différente.
- faire en sorte que l'on retrouve autant que possible à égalité l'orthographe et la prononciation du féminin comme du masculin. L'universel manifeste la complémentarité de l'un et l'autre. (ex: "unë"; on retrouve la prononciation "in" du masculin; le "ne" final du féminin)
- s'il existe un mot qui est déjà employé avec une valeur universelle, il devient le nom au genre universel. (ex: unë humain, une femme, un homme; noter qu'ici "unë humain" se prononce exactement comme jusqu'à présent "in-n'umin")
- faire de l'archéologie linguistique; puiser dans l'ancien français (notamment les mots dans leur cas régime à l'époque où il était encore en usage _ par exemple U: institutor; F: institutrice; M: instituteur);
- s'inspirer des langues étrangères proches qui sont des sources traditionnelles de mots importés (occitan, italien, espagnol, latin, anglais _ ce qui serait aussi le cas des mots en -eur/-rice: Ambassador, ambassadrice, ambassadeur) et des formes dialectales des langues d'oil;
- Pour les consonnes finales seules au masculin, suivies d'un e muet au féminin, je propose de doubler la consonne, comme si on avait apposé la consonne seule du masculin à la consonne avec le e muet du féminin (amicalle, amicale, amical; vertte, verte, vert; grandde, grande, grand). On peut envisager de prononcer différemment la consonne redoublée dans le cas où la consonne seule est amuie.
- On pourra privilégier des orthographes utilisant le tréma. Les deux points faisant écho aux deux accents aigus consécutifs du participe passé universel (-éé). Le tréma apparaît aussi dans les articles définis (laë; mot valise la-le, prononcé "la-heu") et dans l'article indéfini (unë).
- Quand il s'agit de créer phonétiquement un mot, on pourra avoir recours au son "in", orthographié "ain" pour des réalités humaines, pour faire écho à "humain" qui devient l'universel de "femme" et "homme"; et orthographié "in" pour le règne animal, pour profiter de termes génériques existants et usités qui peuvent être converti tel quel en universel (U: bovin; F: vache; M: taureau. U: ovin; etc.).
Ellil est également nécessaire de définir des règles d'accord de l'universel, notamment pour les adjectifs et le participe passé:
- -éé; pour les verbes du premier groupe (engagéé; engagée; engagé)
- -ï; pour les verbes du second groupe (finï; finie; fini)
- pour les verbes du troisième groupe voir ICI
Voici quelques articles et mots les plus courants, à l'universel:
- l'article défini: läe (prononcé "la-eu"); dula (du ; de la)
- l'article indéfini: unë (prononcé "in-ne")
- l'article possessif: mäon, täon, säon
- l'article démonstratif: ceute
- quell (laëquell)
- toutse; toute; tous
- aucunë; aucune; aucun
- humain; femme; homme
Comme boîte à outil: les féminins des noms répertoriés par l'ATILF.
Le principal dans cette entreprise, c'est d'illustrer par des textes de tout style et de tout ordre ce que serait un français vivant avec un genre universel.
En voici quelques exemples:
- Déclaration Universelle des Droits de l'Humain
- Toute femme est une pute virtuelle
- La France est une grande puissance
- viol entre épouxes
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