« Et
il adviendra en ce jour-là, oracle du Seigneur, que tu m’appelleras
« mon époux », et tu ne m’appelleras plus mon
« Baal », mon maître » (Os.2,18).
L’argent
n’est pas la seule cause de la prostitution. Du point de vue des
personnes prostituées, nous constatons que ce n’est jamais par
hasard si elles sont prostituées. Une majorité d’entre elles a
subi des violences sexuelles dans l’enfance. Pour les autres,
souvent nous découvrons dans leur biographie des éléments qui
avaient cassé leur estime d’elle-même, avant même d’entrer
dans la prostitution, comme ce père qui traitait sa fille de
« petite pute ». Les processus qui font entrer dans la
prostitution ont tous en commun de tirer profit de la faible estime
que se portaient les personnes prostituées. Cette estime de soi est
particulièrement attaquée sur la construction de son identité de
genre. Ici une jeune femme qui a connue des carences affectives
devient facilement la victime d’un amant manipulateur qui la
prostitue en utilisant du chantage affectif ; là un jeune homme
qui a souffert d’homophobie ne discerne pas qu’il y a une
différence entre découvrir son homosexualité et s’abandonner au
milieu de la prostitution homosexuelle ; là encore une femme
qui a été abusée dans son enfance pense pouvoir faire payer
littéralement les hommes alors qu’elle se met en situation de
revivre son viol originel…
Du point de vue des clients prostitueurs, les enquêtes1 montrent que ce sont des hommes qui ne peuvent concevoir des relations égalitaires avec les femmes. Soit ils ont peur des femmes, et payer est la seule manière d’obtenir une relation intime. Soit ils ne veulent pas s’engager envers elles, et payer est la manière obvie d’obtenir des relations sans suite. Soit ils veulent demander « des choses spéciales » qui ne se demandent pas dans une relation respectueuse, c'est-à-dire ils veulent une relation sexuelle violente, souvent directement inspirée de la pornographie. Dans tous les cas, les prostitueurs ne veulent pas de relation réciproque, ils ont un scénario à propos de ce que doit être un rapport intime et l’argent leur permet d’imposer la réalisation de ce scénario.
Nous voyons donc que de part et d’autre la prostitution existe parce que quelque chose dans le rapport à l’autre genre est faussé. Ce rapport faussé est bien identifié par Osée : Gomer le traite comme un maître. C’est la domination masculine. Le mythe biblique assume l’existence de cette domination, mais la dénonce. Elle n’était pas le mode de relation entre femme et homme à l’origine, elle n’est pas la vocation de l’humanité. Dans le premier récit des commencements, l’humanité est faite homme et femme à la ressemblance divine (Gn 1,27). Dans le deuxième récit des commencements, l’humain, modelé dans de l’argile, est d’abord désigné de manière générique (ha adama). Ce n’est qu’une fois qu’il reçut « une aide qui lui soit assortie » qu’il est désigné par le texte par le nom propre « Adam ». C’est aussi la première fois qu’il se nomme « époux » (‘Ish), pour expliquer pourquoi il avait nommé « épouse » (Ishah) cette autre qu’il rencontrait pour la première fois (Gn 2,23). Certains commentateurs juifs remarquent qu’en hébreux les mots ‘Ish (Aleph-Yod-Shin) et Ishah (Yod-Shin-He) diffèrent d’une lettre chacun. Or ces deux lettres réunies forment un des noms de Dieu, HA, qu’on retrouve dans « HalleluiHA » ou dans plusieurs noms bibliques théophores (dont Jésus – YoshouHA). Comme s’il fallait que la femme et l’homme, épouse et époux, soient ensemble pour pouvoir nommer Dieu.
Du point de vue des clients prostitueurs, les enquêtes1 montrent que ce sont des hommes qui ne peuvent concevoir des relations égalitaires avec les femmes. Soit ils ont peur des femmes, et payer est la seule manière d’obtenir une relation intime. Soit ils ne veulent pas s’engager envers elles, et payer est la manière obvie d’obtenir des relations sans suite. Soit ils veulent demander « des choses spéciales » qui ne se demandent pas dans une relation respectueuse, c'est-à-dire ils veulent une relation sexuelle violente, souvent directement inspirée de la pornographie. Dans tous les cas, les prostitueurs ne veulent pas de relation réciproque, ils ont un scénario à propos de ce que doit être un rapport intime et l’argent leur permet d’imposer la réalisation de ce scénario.
Nous voyons donc que de part et d’autre la prostitution existe parce que quelque chose dans le rapport à l’autre genre est faussé. Ce rapport faussé est bien identifié par Osée : Gomer le traite comme un maître. C’est la domination masculine. Le mythe biblique assume l’existence de cette domination, mais la dénonce. Elle n’était pas le mode de relation entre femme et homme à l’origine, elle n’est pas la vocation de l’humanité. Dans le premier récit des commencements, l’humanité est faite homme et femme à la ressemblance divine (Gn 1,27). Dans le deuxième récit des commencements, l’humain, modelé dans de l’argile, est d’abord désigné de manière générique (ha adama). Ce n’est qu’une fois qu’il reçut « une aide qui lui soit assortie » qu’il est désigné par le texte par le nom propre « Adam ». C’est aussi la première fois qu’il se nomme « époux » (‘Ish), pour expliquer pourquoi il avait nommé « épouse » (Ishah) cette autre qu’il rencontrait pour la première fois (Gn 2,23). Certains commentateurs juifs remarquent qu’en hébreux les mots ‘Ish (Aleph-Yod-Shin) et Ishah (Yod-Shin-He) diffèrent d’une lettre chacun. Or ces deux lettres réunies forment un des noms de Dieu, HA, qu’on retrouve dans « HalleluiHA » ou dans plusieurs noms bibliques théophores (dont Jésus – YoshouHA). Comme s’il fallait que la femme et l’homme, épouse et époux, soient ensemble pour pouvoir nommer Dieu.
Ainsi
les deux récits des commencements qui ouvrent le livre de la Genèse
insistent sur la simultanéité de la création de la femme et de
l’homme, ils ont été crée dans une égale dignité. L’origine
et la vocation de l’humanité sont l’égalité des genres. Jésus
retourne à cette origine pour rappeler la vocation du couple humain,
et ce faisant il disqualifie la loi mosaïque qui encadre la
répudiation (Mt 19, 4-5). Osée veut que Gomer se remémore son
origine pour retourner aux sources de l’amour humain (« Je la
mettrai nue, je la mettrai comme au jour de sa naissance » (Os
2,5 ) ; « Et là elle répondra comme au temps de sa
jeunesse, au jour où elle monta du pays d’Egypte » (Os 2,17)
). Si le mariage chrétien est un sacrement, un signe de l’amour de
Dieu pour l’humanité, il doit promouvoir avant tout l’égale
dignité des époux, il doit incarner comment l’amour humanise. En
conséquence, il me semble que l’attention éthique que doit
défendre l’Eglise autour des questions de morales sexuelle doit
s’organiser autour de l’égalité des partenaires, du respect
réciproque qu’ils se doivent. Récemment l’épiscopat français
a publié une déclaration très claire condamnant les violences
faites aux femmes2.
Seulement il faut reconnaître que la morale catholique a longtemps
banalisé les violences conjugales. Des manuels de conseil avant le
mariage destinés aux femmes leur enjoignaient encore dans les années
1950 de se soumettre aux appétits sexuels de leur mari, c'est-à-dire
leur demandaient de se laisser violer, le fameux devoir conjugal3.
Encore aujourd’hui, l’excommunication des divorcé-remarié ne
prend pas, à ma connaissance, en compte si un des conjoints a été
victime de violence lors de son premier mariage. Le fait est
qu’aujourd’hui les violences conjugales sont le problème le plus
brûlant qui se pose aux familles. Ces violences sont genrées. C’est
le plus souvent l’homme qui commet les actes violents, y compris
dans les cas de violences psychologiques. Les associations qui
luttent contre ces violences ont tout à fait identifié que les
racines de ces violences se trouvent dans des représentations
culturelles qui assignent arbitrairement des rôles et des qualités
aux différents sexes. L’Eglise doit remplir son rôle dans le
combat culturel contre ces représentations culturelles. Avant tout
parce qu’elle a longtemps véhiculé des théologies misogynes, sur
la base d’exégèses fallacieuses, contraire à l’accueil sans
préjugés ni condescendance que Jésus offrit aux femmes de son
temps.
Là
encore, nous sommes tous Osée et Gomer. Nos couples sont tous
traversé par du conflit, que l’on peut être tenté de résoudre
dans la violence. Nous rencontrons tous l’autre avec des préjugés
sur celui-ci, des préjugés en particulier lié à son genre, mais
aussi sur son origine sociale, ethnique ou religieuse. Nous
construisons nos relations en fonction de nos modèles, en
particulier de nos modèles parentaux, qui peuvent avoir été eux
même traversé par de la violence. Il ne s’agit pas de
disqualifier tout mariage qui serait confronté à ces enjeux,
puisque tous le sont. Il s’agit de bien identifier où se trouve le
principal défi pour un couple qui, à l’appel de l’Eglise,
souhaite incarner un amour à l’image de l’amour de Dieu pour
l’humanité. Il est d’autant plus scandaleux que cet enjeu soit
souvent totalement négligé, voire nié. N’y a-t-il pas eu des
pères de l’Eglise pour considérer la femme comme valant la moitié
d’un homme ? Enfin, si l’Eglise se convertit à la promotion
de l’égalité entre homme et femme dans le mariage, il faudra
aussi qu’elle fasse vivre cette égalité dans sa hiérarchie et
son magistère. S’il faut être femme et homme pour dire Dieu, il
faut provoquer et écouter des paroles de femmes sur Dieu, donc qu’il
y ait plus de théologiennes. Rappelons-nous aussi que les premiers
apôtres de la résurrection du Christ furent des femmes. Déjà
alors les hommes ne voulurent pas les écouter, il a fallu qu’ils
se convertissent. Prions que l’Esprit souffle encore dans cette
direction.
2
Les
violences envers les femmes - Commission sociale des Evêques de
France - Documents d’Eglise - Editions Bayard/Fleurus-Mame/Cerf -
Paris, 2003.
3
« Guia para la esposa perfecta » ; « guide de
l’épouse parfaite », il s’agit certes de publication sous
l’Espagne franquiste, mais la collaboration de l’Eglise y a été
tellement massive que l’Eglise universelle en est comptable.
Quelques perles : « Si ton mari propose un rapport,
accepte avec humilité, sans jamais oublier que sa satisfaction est
plus importante que celle d’une femme » ; ou « Si
ton mari te propose un pratique sexuelle inhabituelle, soit
obéissante et ne te plains pas. »
http://www.mdzol.com/nota/253201/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire