jeudi 25 novembre 2010

le pompier des étoiles

Message d’un auditeur de France Inter, sur là bas si j’y suis.

Le 24 novembre 2010


Oui, bonjour Daniel, bonjour à tous,


Moi, j’voudrais vous parler de Alfredo. Alfredo, les copains du quartier, on l’avait surnommé le « pompier des étoiles », super-mario... Un type extraordinaire. C’est un gars qui vient de recevoir la troisième étoile de la valeur militaire. Un mec qui a gagné ses galons de sergent-chef au combat, qui a participé à toutes les opérations extérieures possibles et imaginables à commencer par l’immeuble du Drakar à Beyrouth. On s’en souvient… Fredo, c’est un gars qui est habité par des fantômes, et qui ne peut pas dormir la nuit ; souvent souvent ça lui arrive. Alors voilà, Fredo il s’est mis à boire, et Fredo est tombé dans la spirale infernale. Un matin, il n’y a pas longtemps, il est tombé sur les schmitts. Control d’alcoolémie, échange de mots… On imagine… je le connais mon Fredo… Il a du les astiquer un petit peu. Et pî voila, ça fait quatre mois qu’il est en tôle à Saint-Quentin Falavier. Et pî Fredo, bah ma foi, il est tout simplement entrain de crever. Alors je m’interroge (tremblement de voix), qu’est ce que c’est que l’ordre ? qu’est ce que c’est que le maintien de l’ordre ? qu’est ce que c’est que le respect des personnes ? Et la reconnaissance ? Fredo, si tu m’écoutes, sache que tous tes copains du vieux quartier de Roussillon, et bin, on pense à toi ! Et on y pense très fort ! très fort mon p’tit Fred, et on espère que tu vas revenir. Allez, on va s’en sortir.

mercredi 14 juillet 2010

Notre Guantánama de chaque jour

Tribune: journée internationale contre la violence de genre

CARMEN CALVO
présidente de la commision de l'égalité du congrès des députés
25/11/2009

Oui, ce sont les enclaves des sociétés démocratiques avancées en terme de progrès économique et de développement humain, nos états de droit. Ces lieux appelés par divers euphémismes, mais en fin de compte: les "prostibules" (maison close). Au coin de la rue, à deux pas de notre foyer, en n'importe quel point de nos routes, il y a des espaces où se pratique ce que beaucoup veulent continuer à catégoriser comme "le plus vieux métier du monde". Qui inventa cette manière de le dénommer? Sans doute, nous pouvons l'appeler l'esclavage le plus vieux de l'humanité, lequel impliqua de violer et d'utiliser sexuellement les femmes esclaves quand il y avait des esclaves, et, seulement pour cette raison, "esclavage" devrait être sa dénomination.

On entend aucun cri contre ces Guantanamos de voisinage. Peut être parce que pour les dénoncer, nous devrions imputer tous les gouvernements, tous les pays, tout un monde où il y a des centaines de millier de femmes et de mineurs séquestrées, trompées, vendues, achetées et prostituées. Comme toujours, et cela aussi est très vieux, ce sont les femmes les plus pauvres, faibles et analphabètes. Nous appelons tout cela la traite: trafic des êtres. Oui, c'est une vieille horreur qui n'est pas si éloignée dans l'espace, dans de prétendus paradis. Qui a appelé ces paradis "tourisme sexuel"? Qui a appelé cela "tourisme"? Non, ils ne sont pas loin, ils sont parfois très proches. Il y a des femmes privées de liberté illégalement, maltraitée, c'est à dire torturée et obligée de pratiquer ce prétendu métier, au bord de la rue, c'est à dire, dans de véritable Guantanamos avec toutes les conditions pour en être. Alors qu'elles sont beaucoup plus nombreuses dans le monde entier celles qui peuplent ces Guantanamos non officiels.

La traite augmente parce qu'augmente la prostitution dans le monde, dans notre monde où nous autres femmes partageons déjà en connaissance de cause pouvoir et influence avec les hommes. Quelle schizophrénie nous prend quand s'accroît la clientèle de cette horreur, qui représente la pire déconsidération de nous autres [femmes], de nos corps, de nos libertés, de notre citoyenneté _ citoyenneté qui n'est d'ailleurs pas encore conquise formellement pour beaucoup de femmes dans le monde. Qu'est ce qu'il se passe encore dans l'imaginaire masculin sur nous [les femmes]? Traditionnellement divisées entre les indécentes et les honnêtes, cette division articulait la sexualité: d'un côté, celles qui disposent librement de leur sexualité sont indécentes, et de l'autre, celles qui enferment leur sexualité au service du mariage et de la sécurité de l'héritage génétique des fils de leurs maris, celle-là sont décentes et honnêtes.

Il y a quelques années, quand quelques unes comparaient le terrorisme dit politique avec le terrorisme dont souffrent beaucoup de femmes dans de telles conditions, on poussait de hauts cris. Ils disaient: "comment peut-on comparer les affaires sacro-saintes de la politique avec des affaires privées de couples et de femmes?" Le temps a passé, et aujourd'hui nous savons déjà qu'il y a plus d'assassinats effrayants de femmes après de véritables calvaires personnels dans les mains de leur conjoint, que de morts du terrorisme officiel. Beaucoup aussi ont sans hypocrisie appelé "terrorisme machiste" l'assassinat de femmes par la violence de genre.

Nous dépendons de la terminologie officielle d'un monde encore formaté par les mots, les concepts, les idées et les symboles qui procèdent du poids écrasant et traditionnel des hommes dans la définition officielle du monde. Je dis officiel, parce qu'en vérité nous construisons tous, et toutes, le monde et la vie, bien qu'avec des résultats et des bénéfices inégaux pour les uns [hommes], et les autres [femmes].

Nous les femmes avons tout appris dans un monde patriarcal, mais toujours plus de femmes ne sont plus seulement disciples, certaines sont aussi des phares de connaissance dans de nombreux domaines. Est-ce-que les hommes sont disposés à apprendre des femmes? L'égalité dont nous parlons depuis 200 ans, ne consiste pas à adapter les femmes au monde officiel construit historiquement par les hommes. Cela passe surtout par bousculer, innover et aborder de nouveaux rivages de la réalité. Nous gagnerons tous, spécialement en justice, parce que le juste serait partagé entre tous.

C'est pourquoi il serait opportun que nous vérifiions comment nous pouvons être citoyennes et en même temps, en ce siècle, traitées comme objet de trafic et de traite, pour la prostitution et l'exploitation; comment [se fait-il que] la clientèle de toute cette misère humaine augmente au lieu de diminuer. Cependant, nous les femmes, tâchons d'être efficaces! Et pour cela, je propose à partir de maintenant que nous appelions cette situation criminelle "Guantanamos quotidien", "Guantanamos de la rue", "Guantanamos du vosinage", et voyons si nous avançons plus vite en la résumant ainsi. Esclaves du XXIeme siècle, esclaves parce que femmes, jeunes filles et jeunes garçons qui peuvent être abusé sexuellement contre payemment. La plus horrible des transactions, parce que nous n'allons pas appeler marchandise le fait d'avoir dans de véritable limbes illégales des miliers de femmes trafiquées, littéralement séquestrées pour offrir du sexe forcé.

Mais la sexualité est une chose essentielle, et la liberté sexuelle encore plus, et la dignité des femmes est à la base de leur citoyenneté dans le monde, et pour cela, il s'agit d'un immense sujet digne d'être écrit en lettre majuscule, en première page de l'agenda politique. Avec les assassinats, c'est la principale violence de genre imaginable.



TRIBUNA: Día internacional contra la violencia de género


CARMEN CALVO

El Guantánamo nuestro de cada día

Carmen Calvo es presidenta de la Comisión de Igualdad del Congreso de los Diputados, y ex ministra de Cultura.

Sí, son los antioasis de las sociedades democráticas avanzadas en progreso económico y en desarrollo humano, nuestros Estados de derecho. Esos lugares denominados eufemísticamente de diversas formas, en fin: los prostíbulos. A la vuelta de la esquina de nuestros hogares, en cualquier punto del camino de nuestras carreteras, hay espacios donde se ejerce lo que muchos quieren seguir etiquetando como "el oficio más antiguo del mundo". ¿Quién se inventaría esa forma de denominarlo? Sin duda, lo podemos llamar la esclavitud más antigua de la humanidad, aquella que conllevaba violar y utilizar sexualmente a las esclavas cuando había esclavos, y esclavitud, y aunque sólo fuera por esto, ésa debería ser su denominación.
No se oyen gritos contra estos Guantánamos de cercanías. Quizá porque al denunciarlos, tendríamos que imputar a todos los gobiernos, a todos los países, a todo un mundo donde hay cientos de miles de mujeres y menores, secuestradas, engañadas, vendidas, compradas y prostituidas. Como siempre, y esto también es muy antiguo, son las más pobres, débiles y analfabetas. A todo esto le llamamos trata: tráfico de seres. Sí, es ese viejo horror que no está tan lejano en el espacio, en los llamados paraísos. ¿Quién le llamará a esto paraísos de turismo sexual? ¿Quién le llamará a esto turismo? No, no están lejos, están a veces muy cerca. Hay mujeres privadas de libertad ilegalmente, maltratadas, es decir, torturadas y obligadas a ejercer el susodicho oficio, al lado de la esquina, es decir, en verdaderos Guantánamos con todos lo requisitos para serlo. Aunque son, en cifras, muchas más en todo el mundo, las que pueblan estos Guantánamos no oficiales.
Crece la trata, porque crece la prostitución en el mundo, en este mundo nuestro, donde otras mujeres ya compartimos conocimiento, poder e influencia con los varones. Qué esquizofrenia es esta que nos aqueja cuando, al tiempo, se incrementa la clientela de este horror, que representa la peor consideración de nosotras, de nuestros cuerpos, de nuestras libertades, de nuestra ciudadanía -ciudadanía, por cierto, aún no conquistada formalmente por muchas mujeres todavía en el mundo-. ¿Qué ocurre aún en el imaginario masculino sobre nosotras? Tradicionalmente divididas entre indecentes y honradas, esa división la articulaba la sexualidad: por un lado, las que disponían libremente de su sexualidad no eran decentes, y por otro, las que encerraban su sexualidad al servicio del matrimonio y de la seguridad de la herencia genética de los hijos de sus maridos, y éstas si eran decentes y honradas.
Hace años, cuando algunas comparábamos el terrorismo llamado político con el terrorismo que sufren muchas mujeres en su condición de tales, llegó el grito de algunos al cielo. Decían: "¿Cómo pueden comparar cosas sacrosantas de la política con asuntos privados de las parejas y de las mujeres?". El tiempo pasó, y hoy ya todos sabemos que hay más asesinatos terroríficos de mujeres, como final de verdaderos calvarios personales a manos de sus parejas, que muertes del terrorismo oficial. Son muchos también los que sin hipocresía ya llaman terrorismo machista al asesinato de mujeres por violencia de género.
Estamos necesitadas de la terminología oficial de un mundo aún conformado por palabras, conceptos, ideas y símbolos procedentes del abrumador y tradicional peso de los varones en la conformación oficial del mundo. Digo oficial, porque el mundo y la vida de verdad la hemos construido todos, y todas, aunque con desiguales resultados y beneficios para unos, y otras.
Por ello sería conveniente que revisáramos, entre todos, cómo podemos ser ciudadanas y al mismo tiempo, en este siglo, tratadas como objeto de tráfico y trata, para la prostitución y explotación; cómo la clientela de toda esta miseria humana crece en vez de lo contrario. No obstante, las mujeres procuraremos ser eficientes, y para ello, a este criminal asunto, a partir de ahora, propongo, le llamemos, Guantánamos cotidianos, Guantánamos de esquina, Guantánamos de cercanías, a ver si así avanzamos más rápido en atajarlos. Esclavas del siglo XXI, esclavas por ser mujeres, niñas y niños de los que se puede abusar sexualmente mediante pago. La más horrible de las transacciones, porque no vamos a llamarle mercancía al hecho de tener en verdaderos limbos ilegales a miles de mujeres traficadas, literalmente secuestradas para ofrecer sexo obligado.
Nosotras, hemos aprendido todo en un mundo patriarcal, pero cada vez más las mujeres no son sólo discípulas, algunas también son faros de conocimiento en muchos órdenes. ¿Están dispuestos los varones a aprender de las mujeres? La igualdad de la que venimos hablando los últimos 200 años, no consiste en acoplarnos las mujeres al mundo oficial hecho históricamente por los hombres. Esto va, sobre todo, de trastocar, innovar, y pactar nuevos abordajes de la realidad. Todos ganaremos especialmente en justicia, porque justo será compartirlo todo.
Pero la sexualidad es cosa esencial, y la libertad sexual más, y en la dignidad de las mujeres está la base de su ciudadanía en el mundo, y por ello, éste es un enorme tema digno de estar con letra mayúscula, en el principal sitio de la agenda política. Junto con los asesinatos, ésta es la mayor violencia de género imaginable.

Les sales questions (Ursula März)

Le post-féminisme n’a aucun avis sur les bordels « flatrate »1

Die Zeit

06 août 2009

De Ursula März

D’un point de vue de politique des femmes, on peut le voir d’une manière ou d’une autre. Les arguments pour ou contre le modèle de l’accès illimité dans les bordels allemands bon marché sont autant cités les uns que les autres, de telle sorte que les esprits s’échauffent et le ministère public en appela à des mesures.


Une position pourrait affirmer : la prostitution en accès illimité enlève à la prostitution le dernier reste de dignité humaine. Quand le client dispose du pouvoir de déterminer la prestation que la femme prostituée a à fournir, il ne s’agit plus du plus vieux métier du monde, mais de la forme la plus nouvelle d’esclavage. Avec le sexe en accès illimité, ce n’est pas seulement un concept commercial qui est né, mais bien un concept moral chargé de symboles. Une société qui aujourd’hui tolère le sexe en accès illimité, reconsidérera sa vision du viols, considérant qu’il s’agit d’un délit de gentilhomme regrettable mais guidé par l’instinct.


Une autre position serait : la pratique de l’accès illimité participe à la clarification (/progrès ; « Aufklärung »). Elle accentue la perception que le corps féminin vendu n’est vraiment rien d’autre qu’une marchandise comme de l’alcool ou du temps de téléphone. Une marchandise qui a suivi le développement général du marché consumériste. Peut-être y aura t’il aussi l’été prochain des épiceries en accès illimité ou des cinémas en accès illimité. Si on excluait la prostitution de cette évolution, on ferait seulement une réserve embarrassée. Le concept flatrate retire à la prostitution les derniers restes de la magie liée aux bordels et aux quartiers de prostitution. C’est la plus dure, mais aussi la plus conséquente des positions.


Diverses positions alternatives sont concevables. Car l’affaire délicate et pas tout à fait propre des bordels appelés « pussy-club » provoque des débats très controversés. On en discute aussi dans les Eglises, dans les organisations de prostituées, dans les media, au ministère public. Parmi les femmes par contre très peu, étonnamment. Non pas parmi les femmes qui se prostituent à cet emploi, mais de toutes leurs semblables, les 51% féminins de la population allemande. Cette moitié de la société pour qui la manière, dont le pays où elle vit, traite de la question brutalement concrète de la prostitution en accès illimité, présente une importance politique. On dirait seulement que cette moitié féminine de la société soit plutôt ennuyée, plutôt agacée par le sujet dégoûtant des « pussy-club ». L’heureuse fierté de vivre dans un pays gouverné par une chancelière semble préparer à éviter de se mêler d’une telle question. Aucune campagne ni action, aucune dénonciation véhémente, publique, extraparlamentaire du côté des femmes, pas d’initiative remarquable, dans toute l’agitation autour de la prostitution en accès illimité pour conquérir la sacro-sainte opinion. Ou au moins pour avoir une opinion spécifique liée au genre. (…)


En effet particulièrement peu diserts sont les cercles féminins de la nouvelle génération que l’on peut supposer partisans du post-féminisme. Lequel post-féminisme est connu pour sa lutte défensive contre la paranoïa anti-patriarcale du vieux féminisme radical, contre la guerre des sexes irréaliste et caricaturale, contre les revendications historiquement dépassées d’émancipation et contre la mise en scène autonome de la génération d’Alice Schwarzer2. D’accord. Mais à ce propos, sur cette prise de conscience en négatif, qu’en tire t’on? Ou alors est que ce qu’avec le post-féminisme on ne pense qu’aux problèmes de la juste répartition des tâches domestiques dans un foyer d’universitaires des quartiers bobos, ou des horaires d’ouverture des maternelles en fonction des horaires de travail des agences publicitaires ? Parce que le reste de la politique des femmes se résoudra tout seul, ou parce que le superflu des femmes est résolu par l’équipe d’expert de Steinmeier3 ?


Personne ne doute que la transition de la doctrine formelle du féminisme combatif des années 70 et 80 à une capacité à la nuance, qui caractérise le post-féminisme, constitue un progrès, et même une libération. Seulement on aimerait voir cette nuance, qui aime à se présenter, pas forcément à tort, avec une aura d’intelligence féministe mature, s’appliquer une fois à une question comme la prostitution en accès illimité. Il est déjà difficile d’obtenir une unité pour dire qu’en Allemagne il devrait y avoir un peu plus de professeures de catégorie 4, d’administratrices ou de maternelles, parce que la rapide avancée de l’émancipation historique autorise à ce sujet les meilleurs pronostics. Pour cela on n’a pas besoin d’un gros système de programmes politiques. C’est autre chose pour un cas compliqué comme le débat de la prostitution en accès illimité. Car ce n’est en aucun cas facile de prendre une position politique vis-à-vis d’une fille de 19 ans du quart-monde qui gagne sa vie dans un bordel de banlieue.


C’est une chose que de mettre en cause le vieux féminisme. Il ne s’occupe pas seulement de questions de politique des femmes, disons, « propres » comme les quotas, l’égalité des chances dans la formation, les congés de maternité et de paternité. Il s’attaque aussi aux thèmes les moins « hygiéniques » : pornographie, prostitution, avortement. Et il semblerait bien ici que le post-féminisme a fait s’effondrer dans un grand silence in tabou dans l’intérêt militant. Sur le chemin de la pensée féministe à la pensée post-féminisme, l’analyse politique s’est retrouvée occultée derrière l’expression anecdotique d’états d’âme. Elle rend compte de beaucoup de questions, avec beaucoup de justesse. Mais certaines questions sont laissées de côté. Il se pourrait bien que bientôt nous nous retrouvions à débattre avec des hommes intelligents parlant intelligemment de la prostitution en accès illimité et que nous restions bouche bée sans argument. Et ça, chères dames trentenaires, ce n’est pas possible.


1 Il s’agit de bordels dans lesquels l’acquittement du prix d’entrée met à disposition toutes les personnes prostituées du Bordel, pour la nuit. Le repas et les boissons peuvent aussi être compris...

2 militante féministe allemande de premier plan (http://fr.wikipedia.org/wiki/Alice_Schwarzer)

3 vice-chancelier SPD jusqu’au 27 octobre 2009.



Version original:

PROSTITUTION
Die schmutzigen Fragen
Der Postfeminismus hat keine Meinung zu Flatrate-Bordellen
VON URSULA MÄRZ
Frauenpolitisch kann man es so sehen – oder so. Aus frauenpolitischer
Sicht lassen sich gleichermaßen Argumente für oder gegen das Flatrate-
Modell in deutschen Billigbordellen anführen, das die Gemüter erhitzt und die
Staatsanwaltschaft auf den Plan rief.
Eine Position könnte lauten: Flatrate entzieht der Prostitution den letzten Rest
an Menschenwürde. Wenn es allein dem Freier überlassen ist, über die Leistung
zu bestimmen, welche die prostituierte Frau zu erbringen hat, haben wir es nicht
mehr mit dem ältesten Gewerbe der Welt zu tun, sondern mit der neuesten Form
von Sklaverei. Mit Flatrate-Sex kommt nicht nur eine Geschäftsidee in die Welt,
sondern auch eine moralische Idee mit Symbolcharakter. Eine Gesellschaft,
die heute Flatrate-Sex toleriert, wird morgen zu der Ansicht zurückfinden, es
handele sich bei einer Vergewaltigung um ein bedauerliches, aber eben nun mal
triebgesteuertes Kavaliersdelikt.
Eine andere Position wäre: Die Flatrate-Praxis dient der Aufklärung. Sie schärft
das Empfinden dafür, dass der verkaufte weibliche Körper eben wirklich nichts
anderes ist als eine Ware wie Alkohol oder Telefonzeit. Eine Ware, die der
allgemeinen Entwicklung auf dem Konsummarkt ausgesetzt ist. Vielleicht gibt es
schon im nächsten Sommer Flatrate-Warenhäuser und Flatrate-Kinos. Nähme
man indes den Markt der Prostitution von dieser Entwicklung aus, schüfe man ihr
lediglich ein verlogenes Reservat. Die Flatrate-Idee entreißt der Prostitution den
letzten Rest an Plüsch- und Rotlichtzauber. Dies ist die härtere, aber wohl auch
konsequentere Position.
Denkbar ist noch eine Reihe anderer Positionen. Denn die heikle und nicht ganz
unschmuddelige Angelegenheit um Bordelle namens Pussy-Club lässt sich
höchst kontrovers diskutieren. Es wird auch diskutiert – von den Kirchen, von
den Huren-Verbänden, von den Medien, von der Staatsanwaltschaft. Nur von
den Frauen selbst erstaunlich wenig. Nein, damit sind nicht die Frauen gemeint,
die dem Gewerbe nachgehen. Sondern der Rest der Geschlechtsgenossinnen,
jene weiblichen 51 Prozent der deutschen Bevölkerung. Jene Gesellschaftshälfte,
für die es von politischem Belang ist, wie das Land, in dem sie lebt, sich zu
einer knallhart konkreten Frage wie Flatrate-Prostitution verhält. Nur wirkt
es, als sei diese weibliche Gesellschaftshälfte eher gelangweilt, eher genervt
vom Igitt-Thema »Pussy-Club«. Das stolze Behagen, in einem Land mit einer
Bundeskanzlerin zu leben, scheint die Bereitschaft zu verhindern, sich mit einem
solchen Thema zu besudeln. Keine Kampagne oder gar Aktion, keine laute,
öffentliche, außerparlamentarische Einmischung weiblicherseits, kein spürbarer
Impuls, in der allgemeinen Flatrate-Aufregung die Meinungshoheit zu erringen.
Oder überhaupt eine geschlechtsspezifisch verbindliche Meinung zu haben!
Eine solche zu formulieren wird dann also doch wieder dem Kölner Dino Alice
Schwarzer und ihren Talkshow-Auftritten überlassen bleiben.
Denn ganz besonders wenig ist aus jenen Frauenkreisen jüngerer Generation zu
hören, in denen der sogenannte Postfeminismus zu vermuten ist. Von diesem ist
die Abwehr gegen die antipatriarchale Paranoia des einstigen Radikalfeminismus
bekannt, die Abwehr gegen die Realitätsfremdheit schematischer
Geschlechterkämpfe, gegen historisch überholte Emanzipationsforderungen und
gegen den selbstherrlichen Auftritt der Alice-Schwarzer-Generation. Alles d’accord.
Aber darüber, über diese Bewusstseinsbeschreibung ex negativo, hinaus?
Oder ist mit Postfeminismus nur das Problem gemeint, wie in gleichberechtigten
Akademikerhaushalten in Prenzlauer Berg die Küchenarbeiten gerecht zu verteilen
und die Schließzeiten von Kindergärten mit den Arbeitszeiten von Werbeagenturen
und Fernsehsendern zu vereinbaren sind? Weil sich der frauenpolitische Rest von
allein erledigt oder vom Frauenüberschuss in Steinmeiers Kompetenzteam erledigt
wird?
Niemand bezweifelt ernsthaft, dass im Übergang von der formelhaften
Programmatik des kämpferischen Feminismus der siebziger und achtziger Jahre
zur politischen Differenzierungsfähigkeit, die den Postfeminismus auszeichnet, ein
Fortschritt, ja eine Befreiung zu sehen ist. Nur hätte man diese Differenziertheit,
die sich, keineswegs ganz zu Unrecht, gern mit der Aura reiferer feministischer
Klugheit umgibt, gerne einmal auf eine Frage wie die nach der Flatrate-Prostitution
angewandt gesehen. Darüber, dass es in Deutschland ein paar mehr C-4-
Professorinnen, Intendantinnen und Kindergärten geben sollte, lässt sich
schon deshalb spielend leicht Einigkeit herstellen, weil der rasante Gang der
Emanzipationsgeschichte die beste Prognose darüber erlaubt, dass sich all dies
in ein paar Jahren noch weiter gewandelt haben wird. Dafür braucht man kein
großes politisch-programmatisches Instrumentarium. Für die Position in einem
komplizierten Fall wie dem der Flatrate-Diskussion aber durchaus. Denn es ist
keineswegs so spielend leicht, gegenüber einer 19-jährigen Unterschichtlerin,
die ihre Tätigkeit in einem miesen Vorortpuff verteidigt, eine politische Haltung
einzunehmen.
Eines ist dem alten Feminismus hoch anzurechnen. Er befasste sich nicht
nur mit den, nennen wir sie: »sauberen« Themen der Frauenpolitik, mit
Themen wie Quote, Gleichheit der Bildungschancen, Mütterzeiten, Väterzeiten.
Er quälte sich auch mit den »unhygienischeren« Themen ab, Pornografie,
Prostitution, Abtreibung. Und wie es aussieht, ließ der Postfeminismus eben
hier in aller Stille ein Tabu ins engagierte Interesse einreißen. Auf dem Weg
vom feministischen zum postfeministischen Denken blieb die politische Analyse
hinter der feuilletonistischen Stimmungsbeschreibung zurück. Sie erfasst viel und
vieles richtig. Aber manches lässt sie lässig links liegen. Es könnte sein, dass wir
demnächst in gemischter Runde zusammensitzen, kluge Männer klug über Flatrate
diskutieren und wir ein bisschen ratlos in die Luft gucken. Und das, liebe Damen 30
plus, kann’s ja auch nicht sein.
ZEIT ONLINE 2009


mardi 4 mai 2010

A qui aurait peur de l'islamisation de la France

En réaction à l'article de "La Vie": "la face sombre des traditionalistes"; relié au souvenir d'une vive discussion...

Quel est le plus grand risque pour la France? Pour l'Europe occidentale? Son "islamisation" ou son retour aux fascismes? Pour autant que la pérennisation de l'Islam en France soit en soi un risque. Car dans l'Islam, les extrémistes comme ces gens de Saint-Eloi sont minoritaires. Tandis que de larges pans de l'Église catholique se sont et sont toujours impliqués dans le fascisme européen. L'Église institutionnelle a soutenu le massacre revanchard de centaines de millier de républicains (depuis les petits capitalistes bourgeois de centre-droit jusqu'aux communistes en passant par les socialistes ou les anarcho-syndicalistes) en Espagne, et elle béatifie et canonise encore aujourd'hui les tortionnaires de cette époque, et non seulement elle méprise les victimes innocentes de ces exactions en appuyant des décisions politiques de déni de justice, mais aussi elle ignore les prêtres et catholiques martyrs de la foi incarnée qui étaient dans le camp républicain. Ces gens dont il est question dans l'article, j'en ai rencontré plus que j'aurais souhaité dans différents réseaux ecclésiaux: au scoutisme, parmi des séminaristes, à l'occasion de grands rassemblements... Ils sont nombreux, violents, intolérants. Ils ont des positions sociales pour la plupart confortables. J'en ai rencontré un seul qui avait leur profil psychologique parmi les musulmans, un auvergnat converti. Je ne nie pas que les cultures musulmanes sont aussi capables de produire des systèmes de gouvernement fasciste. Mais quand elles le font, c'est par mimétisme de la "civilisation chrétienne occidentale", qui jusqu'à présent aura été de loin la "civilisation" la plus efficace pour ranger l'humanité en catégories, et faire souffrir la portion d'humanité ne faisant pas partie de la bonne catégorie... Colonialismes, nazisme (avec ses collaborateurs empressés de toute l'Europe occupée), fascismes, national-catholicismes ibériques... De grandes réussites en la matière.
En France, il n'y a pas de parti "islamique" aux élections. Pendant ce temps le FN, dont la composante de type national-catholique constitue une des bases essentielles, fait 20% avec régularité...
Peut-être peux-tu voir dans la rue des femmes portant foulard sur la tête (comme toutes les femmes "bien élevées" à travers l'Europe des années 1920), est avoir le sentiment, à partir de cette observation, que des valeurs opposées à celle de notre "nation" seraient entrain de progresser dans le pays. Alors qu'en est-il quand des générations de jeunes têtes blondes rient de blagues antisémites et négationnistes? Serait-ce là un retour souhaité aux "bonnes vieilles valeurs" de notre nation? Celle-là qui permirent l'envoi de centaines de millier de juifs, tziganes, républicains espagnols, et autres non-conformes-pas-français vers les camps d'extermination d'Allemagne?
Sera-ce le tour justement des musulmans d'avoir à porter une marque distinctive afin de restreindre leurs droits? Voire préparer une déportation purificatrice, dont nous avons déjà les outils institutionnels pour la réaliser: centres de rétention, fonctionnaires de police habitués à effectuer des rafles, à ne pas se laisser émouvoir par la détresse de familles séparées pour des raisons arbitraires? Plutôt qu'une étoile jaune, un croissant vert?
Car voilà le risque réel dans notre pays et notre continent: l'islamophobie et ses conséquences déjà concrétisées et potentielles. Et cet article en est la parfaite illustration: le vrai risque pour notre pays, le fascisme, ici dans sa version national-catholique, utilise la peur du faux risque, une prétendue invasion de nos pays par les musulmans, pour se mobiliser et élargir sa base. Se laisser convaincre par la dangerosité d'une prétendue islamisation de la France, c'est le début de la collaboration avec le retour du fascisme en Europe.



Alors, à propos du"danger de l'islamisation de la France":

1) il n'y a pas d'islamisation, dans le sens où il n'y a aucun mouvement démographique significatif sur la base duquel on pourrait prévoir qu'à court ou moyen terme la majorité de la population française deviendrait de confession musulmane: a) le taux migratoire de musulmans est redevenu minoritaire par rapport à d'autres confessions, b) le taux de conversion de non musulman à l'Islam est négatif (il y a moins de conversion à l'Islam que de musulmans qui cessent de pratiquer et d'adhérer à leur religion, mais ils le font silencieusement, alors que l'enthousiasme des convertis est très communicatif... à l'instar des encore plus nombreux convertis aux églises évangélistes et pentecôtistes d'inspiration anglo-saxone à la théologie complice de l'ultralibéralisme...), c) la sécularisation des familles musulmanes au cours des générations est plus rapide et plus massive que ce que les familles catholiques ont connues en deux siècles de sécularisation de la société française. En conséquence de ses trois paramètres démographiques (vérifiables scientifiquement), la majorité de l'Islam en France est une sorte d'Islam sécularisé, qui se décline depuis un vague sentiment d'identité (du genre de ces personnes qui dans les sondages se déclarent "catholiques" mais ne croient pas en la résurrection) jusqu'à une pratique "à la carte" avec quelques éléments de spiritualité de type recommençant qui cherche à trouver un sens existentiel à partir des ressources mystiques des traditions musulmanes... Et cette forme d'Islam sécularisé, d'après les données sociologiques et démographiques actuelles, qui ne changeront pas sur un terme de deux décennies, ne peut que se renforcer encore parmi les différents autres courants de l'Islam en France. Chez les musulmans, la proportion d'extrémistes portant barbe ou niqab (selon le sexe), en appelant à un djihad compris comme "guerre sainte" (là où tout arabisant entend naturellement "effort spirituel"...), étant persuadés que l'infériorité des femmes et la supériorité des hommes relèvent d'un commandement divin, est la même que, chez les catholiques, la proportion d'extrémiste heureux de voir les prêtres porter soutanes et dentelles, condamnant le concile vatican II parce que la liberté de conscience y est reconnue, étant persuadés que l'infériorité des femmes et la supériorité des hommes relèvent de la volonté divine... Sauf qu'il y a plus de catholiques que de musulmans, donc plus d'intégristes catholiques que d'intégristes musulmans; sauf que les catholiques ont des positions sociales et économique beaucoup plus avantageuses que les musulmans qui héritent d'une infériorité économique, ayant été majoritairement des ouvriers immigrés; sauf que les institutions catholiques en France et en Europe (plus encore en Europe, comme en Espagne ou en Italie, où les courants extrémistes du catholicisme détiennent des terres, des télés, des universités, comptent des milliardaires parmi leurs affidés...) sont bien organisées et puissantes alors que les musulmans sont encore entrain de se bricoler des institutions sous forme d'associations.

2) Quand bien même la majorité des français deviendraient musulmans, ce ne serait pas en soi une catastrophe pour la société française. Au niveau collectif comme au niveau individuel, l'Islam ne s'oppose pas à l'humanité. L'islam est une religion qui a été embrassée par des humains qui ont été pleinement humains en habitant sincèrement leur foi et leurs principes, et les vivant comme islamiques. L'islam a été choisi par des sociétés comme référentiel, et parmi ces sociétés, il y en a eu et il y en a qui sont parvenus et qui parviennent à permettre un vivre ensemble humain. De tout les cas, certes nombreux, dont on pourrait dire que l'Islam a été utilisé pour justifier des comportements contraire à la dignité humaine, on pourra en trouver au moins autant où ce fut le christianisme, l'humanisme des Lumières, les droits humains, le communisme, etc. qui ont été utilisés avec autant d'efficacité à convaincre des masses, pour justifier l'égoïsme de quelques uns, le déchaînement et la perpétuation de violences et d'injustices.


Ce qui m'amène à conclure pourquoi, pour moi, le fascisme, porté par l'extrême droite, est le vrai danger pour notre société. Le fascisme, au sens large, au sens où il est un risque devant nous, c'est la focalisation de la hargne de la majorité sur une minorité plus faible, pour non seulement détourner cette majorité des vraies causes de ses souffrances, de ses angoisses et de ses frustrations, mais aussi pour perpétuer voir amplifier les privilèges que se sont octroyés quelques uns, qui sont les vraies causes des souffrances etc. de la majorité.

Le fascisme est en contradiction totale avec le christianisme.
Non seulement en contradiction avec la chrétienté, religion chrétienne dont on a extrait l'essence, c'est à dire la foi, pour n'en garder qu'une objectivité formelle faite de morale et de "valeurs", car de toutes les "lois" qu'on pourrait tirer des évangiles, il y en a aucune dans la lettre qui cautionne tant soi peu l'égoïsme, le manque de solidarité, le mépris de l'autre. Rien donc qui cautionne ce qui forme les valeurs réelles du fascisme. Mais encore plus en contradiction avec la foi chrétienne, la foi/confiance en la folie de Dieu qui se donne à l'humanité pour que l'humanité apprenne à être divine par le don et l'amour donné. Car le fascisme est en soi un manque de foi: s'appuyer sur la violence, sur des certitudes formelles, c'est ne pas avoir la foi. Car la foi en l'incarnation, c'est la foi en l'humanité. Or le fascisme ne fait pas confiance en l'humain puisqu'il lui dénie les plus fondamentales libertés: liberté de conscience, liberté d'expression, liberté d'association, liberté de mouvement... Car la foi en l'incarnation, c'est la foi que l'humain devient tout à fait humain, et donc divin, que s'il écoute. Or le fascisme n'est que certitude de sont droit et de son pouvoir, sans écoute de l'autre, sans écoute du plus faible comme nous l'indique Jésus, encore moins donc l'écoute du Tout Autre qu'est le divin.

Le fascisme ne peut pas être une valeur française. S'il y a valeurs françaises, il s'agit des valeurs que les habitants vivant sur le territoire français se donnent afin de vivre au mieux leur humanité commune sur ce territoire donné, pendant le temps qu'il leur est donné de vivre ensemble. Ces valeurs sont donc forcément déterminées par l'histoire des habitants de ce territoire. Par l'histoire de tout les habitants de ce territoire. Il ne nous vient pas à l'idée de nous mettre à essayer de parler la langue des néandertaliens, au motif qu'ils sont probablement les premiers du genre Homo à être passé sur ce territoire, ni à reproduire leurs rites. Il n'y a donc aucune justification à imposer une langue ou une manière de parler, des rites, des usages ou des croyances au nom de ce qu'ils seraient les plus anciens pratiqués sur ce territoire. Ce sont des choses qui ont évolué, et qui changeront. A moins d'admettre pourquoi ces aspects essentiels d'être ensemble se sont imposés à ce qui les a précédé: la force et la violence; et donc admettre que c'est par un rapport de force violent, violent parce que niant ce qui est différent, que tout cela se perpétuera, ou changera. Or tout le projet politique européen, depuis la sortie des guerres de religion, et on pourrait en trouver des racines plus antiques, dont certaines dans le monde musulman, jusqu'à l'état providence d'après guerre, en passant par les lumières et le marxisme, le projet politique donc, c'est de parvenir à une organisation sociale qui, sans violence, laisse s'exprimer les rapports de forces inévitables à toute société, puisque toute société est hétérogène, et donc traversée par des intérêts divergents. Laisser se manifester les intérêts divergents sans violence. C'est à dire, se trouvant confronter à des contemporains qui me dérangent pour de multiples raisons, parvenir à rentrer avec eux dans un processus de négociation où la divergence d'intérêt première se trouve dépasser pour aboutir à un règlement qui conviennent à toutes les parties, qui contraindra certainement chacun dans des limites, mais surtout où personne ne sera nié dans sa dignité, et donc tel que l'intérêt général sera satisfait. Or le fascisme, c'est tout le contraire: c'est nier l'existence des rapports de force par un mythe d'homogénéité, tout en laissant s'exercer la plus extrême violence, violence de classe, habituelle mais exacerbée par sa négation formelle, violence fonctionnelle pour obtenir l'homogénéité phantasmée... Pour moi, les valeurs françaises, universalistes quoiqu'incarnées dans un territoire et une histoire particulières, c'est ce long combat pour trouver une manière de vivre ensemble sans violence, respectueux de la dignité de chacun. A l'évidence, nous ne sommes pas au bout de cette quête collective. Nous devons continuer à construire nos valeurs collectives, avec tout nos contemporains, avec tout nos voisins.

Le fascisme pourrait s'appuyer sur l'Islam pour avancer. Et il le fait ici ou là. Et alors il faudrait s'y opposer avec la même énergie que contre tout fascisme. Mais le fascisme "islamique" serait en contradiction avec l'Islam, tout autant que les fascismes chrétiens sont en contradiction avec le christianisme. Il serait aussi en contradiction avec les principes minimaux du vivre ensemble sans violence qui est l'objectif de la vraie politique, à laquelle aspirent les citoyens musulmans de tout pays, comme tout citoyen, en tant que citoyen de leur pays. Il serait aussi contradictoire parce qu'être musulman, c'est être un homme, une femme de foi. Quelques soient l'étendue de mon ignorance à propos de l'Islam, des compagnonnages d'humanité avec des ami-e-s musulman-e-s, j'en tire au moins cette conviction, que leur démarche de foi est tout à fait analogue à la mienne. Être "soumis" à Allah est vécu spirituellement par beaucoup dans un même mouvement de confiance que d'autres vivent être disciple du Christ. Cette foi-là est opposée à tout fascisme.

jeudi 29 avril 2010

Laïcité et théologie de la libération

Transcription d'un message laissé sur le répondeur de là-bas si j'y suis par Claude, le 10 mars 2010.

« Des prêtres qui ont eu le tort de se mêler de ce qui ne les regarde pas. » Cette phrase, Daniel [Mermet], elle est sortie de ta bouche au cours de l’émission ce lundi 8 mars consacrée à Monseigneur Oscar Romero. Tu l’as utilisée pour, en quelque sorte, exprimer les raisons par lesquelles un très violent pouvoir de droite, voire d’extrême droite, a justifié l’assassinat de Monseigneur Romero le 25 mars 1980, et de sept jésuites le 16 novembre 1989. Ce qui est amusant, c’est que cette phrase, elle aurait pu parfaitement être proférée par les défenseurs de la laïcité, pour justifier la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Après tout, c’est vrai, les prêtres, ils ont qu’à ce mêler de ce qui les regarde. Qu’ils s’occupent de la religion. Mais qu’ils laissent les affaires publiques et républicaines tranquilles. C’est vrai ! Sauf que ça [ne] colle pas toujours. Et moi j’aime les vérités qui sortent du langage à leur insu. « Z-avez qu’à pas se mêler de ce qui ne les regardait pas ». C’est une formule par laquelle on raille souvent le pouvoir chaque fois qu’il élimine les gens qui le dérangent. Ceux qui laissent traîner leurs cheveux sur leur soupe, selon l’image de Nougaro. Comme quoi, le problème n’est pas qu’il ne faut pas se mêler de ce qui ne nous regarde pas. Mais c’est de savoir dans quelles circonstances cette recommandation est justifiée. Et dans quels cas, elle ne l’est pas. Et on débouche sur le constat que la véritable question est celle du pouvoir. On voit très bien que lorsque c’est le pouvoir politique qui prescrit aux citoyens de ne pas se mêler de ce qui ne les regarde pas, c’est qu’à tout les coup les citoyens ont eu raison de le faire ! Parce que justement, ça les regarde ! Parce que ça regarde tout le monde la conduite des affaires publiques. Parce que ça regarde tout le monde la politique. Et seuls les pouvoirs autoritaires ne sont pas cet avis. Ils voudraient faire leur cuisine sans que personne ne soulève les couvercles de leurs marmites. De la même façon, ce droit de chacun de se mêler des affaires publiques, c’est l’idée qui est à la base de la laïcité. Qui l’inspire. La laïcité ça veut dire : nous refusons qu’une minorité au pouvoir, une élite, dicte à la majorité, c'est-à-dire à la masse, au peuple, lui dicte ce qu’il doit faire, à quelles prescriptions il doit obéir alors qu’il n’a même pas été consulté lors de l’élaboration de ce catéchisme, qu’il soit religieux ou civil. Vous comprenez ça ! c’est la même idée. C’est parce que je considère que j’ai à me mêler de ce qui me regarde même lorsque le pouvoir veut me l’interdire que je considère aussi que le pouvoir n’a pas à se mêler de ce qui ne le regarde pas. Et il se mêle de ce qui ne le regarde pas chaque fois qu’il prescrit sans consulter. (Et ne parlons pas des consultations bidons auxquelles il nous a habitués, je veux dire bien entendu les élections.) C’est pourquoi, les partisans de la laïcité, qui l’a réduisent à l’opposition entre l’Eglise et l’Etat, sont des imbéciles. Ils confondent le principe de la laïcité avec une de ses occurrences, une des étapes historiques de la lutte du peuple, c'est-à-dire des citoyens ordinaires, en vue de son émancipation. Et cette imbécillité a malheureusement des conséquences tragiques pour l’émancipation du peuple. Parce qu’elle le plonge dans la plus grande confusion. Car enfin ! qui est le plus laïque entre Monseigneur Romero, partisan de la téhologie de la libération, et le très laïque pouvoir en place, que ce soit au Salvador ou en France aussi (et je pense à tous ces imposteurs qui de nos jours en France rêvent de pénaliser le port du voile islamique au nom d’une laïcité qui refusent bien entendu de mélanger religion et politique, surtout lorsque la religion se range du côté du peuple.) ? Parce que, que je sache, tous ces laïques indignés par la candidature d’une femme voilée sur une liste du NPA lors des élections régionales à venir, ne sont pas choqués que l’Allemagne soit gouvernée par Angela Merkel, issue du CDU, entendez « christliche democratische Union », branche allemande de la démocratie chrétienne, mouvement politique dont était issu en France quelqu’un comme Robert Schumann, que l’on ne cesse de glorifier comme l’un des pères de l’Europe. De même qu’ils ne sont pas d’avantage par le fait que le président des Etats-Unis prête serment sur la Bible. De même qu’ils se sont tous, ou presque, bien réjouis de l’influence du pape Jean-Paul II, qui à ce que je sache était pourtant une éminence religieuse, dans l’effondrement du bloc communiste. Et tu sais pourquoi, Daniel, ils ne sont pas choqués ? Bin, parce qu’ils ne sont pas du tout laïques ! au sens réel de la laïcité, c'est-à-dire « principe et condition de l’émancipation du peuple ». Ils utilisent le langage de la laïcité. Mais n’en ont pas l’esprit. Eux, ce qui les intéressent, c’est la pérennisation de la sujétion du peuple au pouvoir des oligarques. Et ce pouvoir a pris historiquement diverses apparences : l’Eglise, la monarchie… La révolution a renversé la monarchie. L’Eglise a perdu de son pouvoir de coercition. Mais l’on a pas changé la marche du monde. L’oligarchie s’appelle désormais « démocratie libérale ». Et les démocrates libéraux n’aiment pas l’Amérique Latine lorsqu’elle n’est pas sous la botte des dictateurs. Bon ! ils vont s’y prendre autrement. Et cet imbécile de Lula s’imagine que le Brésil est sorti d’affaire parce qu’il va organiser les jeux olympiques. Eh bien moi je vous le dis : je considère que la théologie de la libération, quoique théologique, et pourtant condamnée par Jean-Paul II, est beaucoup plus laïque que les démocraties libérales. »

mardi 27 avril 2010

Consensus sur la Burqa et guerre contre les religions

Transcription d'un message laissé sur le répondeur de là-bas si j'y suis par Claude, le 26 avril 2010.

« Le consensus, tout le monde en rêve bien sûr. Surtout le consensus pour la bonne cause. Le problème, c’est que quand il a lieu, eh bien ça fait froid dans le dos. Alors en ce moment il y a le consensus contre le port de la burqa. De l’extrême droite à l’extrême gauche, sont tous contre le port de la burqa au nom de l’émancipation de la femme. Bon, on s’invective un petit peu sur la méthode, une loi ! pas de loi ! et en plus une loi est-elle applicable ? enfin toutes les ergoteries, fonds de commerce des média. En attendant on peut constater que 60 millions de français tombent à grand raccourci sur deux milles femmes et surtout sur leurs méchants maris intégristes. Parce que le véritable ennemi, c’est l’intégrisme religieux ! Parce que l’intégrisme ne peut être que religieux ! Bien entendu ! Eh bien moi, ça m’interroge ça, voyez… je me demande ce que signifie cet acharnement contre la religion. Et c’est un incroyant qui vous parle ! Pourquoi est-ce que nos contemporains en ont tellement après la religion, comme si elle était la source, elle seule ! la source de tous nos maux. Quelle est la signification de cet acharnement à vouloir imposer la raison comme régulateur de nos valeurs ? Et rassurez-vous, je n’ai que du mépris pour la déclaration de Nicolas Sarkosy en faveur du curé contre l’instituteur. Ce que je veux dire, c’est autre chose. Ce combat contre les religions me paraît considérablement suspect parce qu’il dissimule un autre enjeu plus profond. Celui soulevé par le commentaire que Sartre, qui n’était pas croyant que je sache, fait de la formule de Dostoïevski dans les frères Karamasov : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis. » Il est là l’enjeu. Rappelez-vous de la campagne du candidat Sarkosy : « avec Sarkosy, tout devient possible ». Selon moi, mais ça demande à être fouillé, einh ! le véritable enjeu de la guerre contre les religions (ce n’est plus la guerre des religions, mais la guerre contre les religions) c’est l’affirmation de la toute puissance de l’homme. Ce qui n’est pas la même chose que la capacité de l’homme à forger son destin. Et c’est d’ailleurs sur cette confusion possible que la pensée de gauche se fait piéger. »

samedi 17 avril 2010

La Prostitution dans la Bible

(en cours de rédaction) Cet article fait la liste des références bibliques se rapportant à la prostitution. Voir aussi "les chrétiens et la prostitution".

Je donne la traduction de la T.O.B.


1) La Loi


Dt 23,18-19

2) Les Prophètes


Parmi les prophètes, la thématique de la prostitution est clairement reliée à la question de l'idolâtrie, à tel point que souvent l'une semble être synonime de l'autre. Ce qui se joue au niveau individuel dans la prostitution sert d'analogie pour dénoncer les enjeux au niveau collectif dans l'idolâtrie du peuple, par la faute de ses dirigeants politiques et religieux.

a) Osée


b) Amos


c) Isaïe


d) Ezéchiel


3) "Autres écrits"


Cantique des Cantiques
Ct 8,7b
"Si quelqu'un donnait tout l'avoir de sa maison en échange de l'amour, à coup sûr on le mépriserait."


Pr 5,1-6

Pr 7,6-27

Si 26,9-12

4) Les Evangiles

Mt1,3
Thamar (Gn 38), qui s'est faite passer pour prostituée auprès de son beau-père pour obtenir une descendance, et Rahab (Josué 2), prostituée à Jéricho qui participera à la victoire des hébreux et dont la famille sera incorporée au peuple élu, font partie des rares femmes citées dans la généalogie de Jésus.

Mt 21,31
Attitude de Jésus avec les femmes que les contemporains ou la tradition ont suspecté d'être des prostituées.

Lc 7,36-49


5) Ecrits Apostoliques


Paul

1Co 6, 10

Apocalypse de Jean

Ap 17

Augustin d'Hippone et la prostitution

(note pour l'article "les chrétiens et la prostitution"):

On prête souvent à Augustin la responsabilité de la tolérance fataliste des chrétiens vis à vis de la prostitution.
Deux citations attribuées à Augustin sont à l'origine de cette "rumeur" (selon le terme de Charles Chauvin).

Une première est tirée du traité "De l'ordre" (De Ordine II, IV, 12). Il s'agit d'un discours de rhétorique écrit par Augustin peu après sa conversion au christianisme, alors qu'il n'étais pas encore évêque, où il est question de maux évitant de maux plus grands (torture des bourreaux censé éviter le crime, prostitution censée éviter la débouche). On ne peut pas lui attribuer la même autorité que d'autres écrits d'Augustin, une fois devenu pasteur d'Hippone.

La seconde est citée par Ptolémée de Lucque: "Il [Augustin] dit que la femme publique est dans la société ce que la sentine est dans la mer et le cloaque dans le palais. Retranche le cloaque et tout le palais sera infecté." Or cette citation ne se trouve dans aucune des oeuvres d'Augustin qui nous sont parvenus (d'après Charles Chauvin). C'est aussi la citation la plus souvent utilisée pour justifier la prostitution...

Ces deux citations ont été largement utilisé par les théologiens et les moralistes du moyen-âge, puis jusqu'au début du XXe siècle, pour justifier une tolérance vis à vis du système prostitutionnel tout en continuant à stigmatiser les personnes prostituées.

Cependant, une fois évêque, Augustin a eu des paroles claires et fermes condamnant la prostitution comme institution, mais incitant à accueillir les personnes prostituées avec bienveillance, en leur proposant la conversion. Ces discours se basent, eux, sur des références scripturaires, et ne relèvent pas d'une opinion du temps.

source:
« Les Chrétiens et la prostitution »
Charles Chauvin
Cerf, Paris, 1983
p.21; p.56-60

Prostitution intolérable, chez Augustin, évêque d'Hippone

Citation pour l'article: "les chrétiens et la prostitution" et "Augustin et la prostitution".



Sermon à Bulla Regia (411),
Cité dans « Les Chrétiens et la prostitution » de Charles Chauvin; Cerf, Paris, 1983, p.59
"à la veille d'une fête qui se déroulait toujours avec le concours de prostituées":

"C'est peut-être pour en trouver que certaines gens viennent dans votre ville... Or voici, des jeux vont justement avoir lieu: n'y aller pas! Nous voulons voir si la salle ne se videra pas au point que les [entremetteurs] auront honte de leur honteuse profession! Qu'ils se convertissent ou qu'ils décampent!
(...)
Des chrétiens non seulement donnent leur coeur aux prostituées, mais ils entraînnent dans cette souillure des femmes qui en étaient indemnes.
(...)
Comme si ces créatures n'avaient point d'âme! comme si le sang du Christ n'avait pas encore été répandu pour elles aussi! comme si l'Ecriture ne déclarait pas: les courtisanes et les publicains vous précéderont dans le Royaume des Cieux! (Mt 21,31)".


Voir aussi
De la Foi et des Oeuvres
Des moeurs dans l'Eglise catholique et des moeurs des manichéens.
De la continence

Prostitution intolérable, chez Alphonse de Liguori

Citation pour l'article: "les chrétiens et la prostitution"

« Les Chrétiens et la prostitution »
Charles Chauvin
Cerf, Paris, 1983
p.66

Cours de Morale (1740)
Alphonse de Liguori:

"Est-il permis d'autoriser les prostituées? Les probabilistes répondent affirmativement. Ils disent qu'à cette opinion saint Augustin a donné clairement son adhésion: "Supprimez les prostituées, des péchés pires surviendront: exemple, la sodomie, la pollution, sans parler du danger auquel les honnêtes femmes seront exposées." Les Pères de Salamanque concèdent cette autorisation seulement "dans certaines villes" afin d'éviter des maux plus grands. (...) Les maux les plus graves ne sont pas évités par la tolérance des prostituées: pour les hommes voluptueux, les passions sont exaspérées en fréquentant si facilement et si souvent les prostituées. (...) Ainsi quand ce vice se développe, ils ne cessent de commettre les pollutions ou au autres péchés abominables, en tout cas au moins avec les prostituées elles-mêmes. Et ils ne s'abstiennent pas non plus de provoquer les femmes honnêtes, bien au contraire. La tolérance des prostituées ajoute de multiples autres maux: la prostitution des jeunes filles, les dépenses d'argent, la vénalité de certains parents, la négligence à l'étude, la multiplication des bagarres, le mépris des mariages honnêtes."

prostitution: moindre mal, chez Augustin pas encore d'Hippone

Citation pour l'article: "les chrétiens et la prostitution" et "Augustin et la prostitution".

De Ordine, II, IV, 12
Saint-Augustin

Cité dans
« Les Chrétiens et la prostitution »
Charles Chauvin
Cerf, Paris, 1983
p.57

"Qu'y a-t-il de plus sordide, de plus misérable, de plus honteux et de plus déshonorant que la condition des prostituées, des entremetteuses et tous les autres fléaux de même espèce? Chasse les courtisanes, aussitôt les passions troubleront tout. Mets-les à la place des femmes mariées, tu sèmes l'infamie et le déshonneur. Ainsi donc ces gens quant aux moeurs ont une vie tout à fait impure, mais les lois de l'ordre leur assignent une place, la plus vile qui soit."
(...)
"En chassant les prostituées tu introduiras partout des passions."


en latin:
4. 12. Quam magna, inquam, quam mira mihi per vos Deus ille atque ipse, ut magis magisque credere adducor, rerum nescio quis occultus ordo respondet! Nam ea dicitis quae nec quomodo dicantur non visa, nec quomodo ea videatis intellego; ita ea et vera et alta esse suspicor. Simile autem aliquod in istam sententiam tu fortasse unum requirebas. At mihi iam occurrunt innumerabilia, quae me ad consentiendum prorsus trahunt. Quid enim carnifice tetrius? quid illo animo truculentius atque dirius? At inter ipsas leges locum necessarium tenet et in bene moderatae civitatis ordinem inseritur estque suo animo nocens, ordine autem alieno poena nocentium. Quid sordidius, quid inanius decoris et turpitudinis plenius meretricibus, lenonibus caeterisque hoc genus pestibus dici potest? Aufer meretrices de rebus humanis, turbaveris omnia libidinibus: constitue matronarum loco, labe ac dedecore dehonestaveris. Sic igitur hoc genus hominum per suos mores impurissimum vita, per ordinis leges conditione vilissimum. Nonne in corporibus animantium quaedam membra, si sola attendas, non possis attendere? Tamen ea naturae ordo nec quia necessaria sunt, deesse voluit, nec quia indecora, eminere permisit. Quae tamen deformia suos locos tenendo, meliorem locum concessere melioribus. Quid nobis suavius, quod agro villaeque spectaculum congruentius fuit pugna illa conflictuque gallinaceorum gallorum, cuius superiore libro fecimus mentionem. Quid abiectius tamen deformitate subiecti vidimus? Et per ipsam tamen eiusdem certaminis perfectior pulchritudo provenerat.

(est-ce juste?)

Eglise, Casta meretrix

Citation pour l'article: "les chrétiens et la prostitution"

« Les Chrétiens et la prostitution »
Charles Chauvin
Cerf, Paris, 1983
p.56

"Saint-Ambroise (...) ne craignait pas de décrire l'Eglise comme une casta meretrix: titre qu'a repris Urs von Balthasar pour analyser de façon détaillée et magistrale cette typologie de la prostituée convertie, image de l'Eglise, que le sang du Christ purifie chaque jour."

Sources?

Prostitution, moindre mal; chez Saint-Thomas

Citation pour l'article: "les chrétiens et la prostitution"

Somme Théologique
Saint-Thomas d'Aquin
IIa; IIae; question 10; article 11; conclusion
Article 11: Doit-on tolérer les rites des infidèles?

...

"Le gouvernement humain dérive du gouvernement divin et doit le prendre pour modèle. Or Dieu, bien qu'il soit tout-puissant et souverainement bon, permet néanmoins qu'il se produise des maux dans l'univers, alors qu'il pourrait les empêcher, parce que leur suppression supprimerait de grands biens et entraînerait des maux plus graves. Ainsi donc, dans le gouvernement humain, ceux qui commandent tolèrent à bon droit quelques maux, de peur que quelques biens ne soient empêchés, ou même de peur que des maux pires ne soient encourus. C'est ce que dit S. Augustin: " Supprimez les prostituées et vous apporterez un trouble général par le déchaînement des passions. " Ainsi donc, bien que les infidèles pèchent par leurs rites, ceux-ci peuvent être tolérés soit à cause du bien qui en provient, soit à cause du mal qui est évité. Du fait que les juifs observent leurs rites, qui préfiguraient jadis la réalité de la foi que nous professons, il en découle ce bien que nous recevons de nos ennemis un témoignage en faveur de notre foi, et qu'ils nous représentent comme en figure ce que nous croyons. C'est pourquoi les Juifs sont tolérés avec leurs rites."

Les chrétiens et la prostitution

Fiche de Lecture

« Les Chrétiens et la prostitution »
Charles Chauvin
Cerf, Paris, 1983

Dans ce petit livre, Charles Chauvin reprends son travail de théologie, soutenus dans une thèse à Strasbourg en 1973. D'après le quatrième de couverture, Charles Chauvin est un « collaborateur du père Talvas ». L'intention du livre est toute dite dans ces mots de l'introduction: « C'est en vue de répondre à ces question [de la position des Églises vis à vis de la prostitution] posées à la conscience chrétienne occidentale que, depuis bientôt quinze ans, j'effectue de patientes recherches destinées à informer le public. Chrétien soucieux de connaître la réalité des faits, toujours moins simples qu'on ne le dit habituellement, je tente de faire ainsi entendre une voix parmi ceux et celles qui (…) luttent contre les causes de toutes les formes de prostitution. (p.7)» Il aboutira, après un argumentaire lucide, éloigné de toute apologie de mauvaise foi, à une conclusion sans ambages: « La prostitution est incompatible avec le christianisme (p.118) ».

Exposé clair des prises de position des chrétiens au cours de l'histoire, le livre s'organise de manière très pédagogique:
1) une présentation des trois régimes juridiques d'organisation de la prostitution pour tracer un premier historique des attitudes chrétiennes vis à vis de la prostitution,
2) une présentation de la « doctrine » et de la pratique de l'Église, dans laquelle, sans cacher la constante et scandaleuse compromission des chrétiens avec le phénomène prostitutionnel, certaines « rumeurs » sont contre-dites,
3) enfin une présentation de la situation actuelle de la prostitution et des mouvements chrétiens engagés sur la question de la prostitution, occasion de pointer les défis contemporains que la prostitution pose aux chrétiens.

Dans sa première partie historique, Charles Chauvin montre que l'organisation de la prostitution et les fondements philosophiques de son acceptation dans les sociétés occidentales sont à chercher dans la culture « greco-romaine ». Solon serait le premier législateur connu d'une réglementation de la prostitution. Les cités grecques, en particulier Sparte et Corinthe, et Rome enfin, auraient repris les grandes lignes de la réglementation de Solon: marginalisation des personnes prostituées, impunité voire légitimité des hommes clients. Ni l'Ancien ni le Nouveau Testaments ne justifient la prostitution. La reprise par des chrétiens des législations et des mentalités qui les ont précédées à propos de la prostitution en est d'autant plus scandaleuse. Car force est de constater que les sociétés majoritairement chrétiennes depuis Justinien jusqu'au XIXe siècle ont toutes été des sociétés règlementaristes, avec parfois des tendances prohibitionnistes. Plus pénible pour un catholique, le mouvement abolitionniste est issu de la tradition protestante, plus particulièrement anglicane avec Joséphine Butler, et rencontrera plus de résistance dans les pays catholiques latins. Il donne finalement le manifeste du parti communiste de Marx et Engels comme première condamnation ferme de la prostitution assortie d'une analyse de ses causes et conséquences: « La prostitution se développe là où la femme n'est pas considérée comme une personne et l'homme comme homme, puisqu'il ne traite pas la femme comme homme (p. 35, cette citation ne se trouve pourtant pas dans le Manifeste) ». Il donne alors en exemple les pays communistes, URSS, Chine et Cuba, dont les régimes prohibitionnistes assortis d'une politique efficace d'émancipation des femmes auraient eu une certaine efficacité pour la réduction de la prostitution.

Après ce premier parcours historique sans complaisance sur les législations de la prostitution dans les pays majoritairement chrétiens, où il en ressort que, bien qu'en contradiction manifeste avec les fondements du christianisme, les sociétés chrétiennes ont été pour l'essentiel règlementaristes, tolérant l'existence de la prostitution et stigmatisant les personnes prostituées, l'auteur recommence un parcours historique en s'attachant cette fois-ci à analyser les discours théologiques successifs, et à décrire les pratiques pastorales et caritatives des chrétiens vis à vis de la prostitution. Dans l'ordre des discours, on a le sentiment d'une décadence progressive: des affirmations théologiques et disciplinaires en cohérence avec l'Esprit évangélique dans les premiers siècles, suivie de discours de tolérance et de fatalisme de plus en plus admis au fur et à mesure du moyen âge, jusqu'à une sorte de réveil des consciences catholiques à partir du XIXe siècle, provoqué par le mouvement abolitionniste issu du protestantisme anglican. En effet, les pères de l'Église ont mené une lutte claire contre la prostitution et pour la conversion des personnes prostituées. Jean Chrysostome, Tertulien, Saint-Jérôme, Origène, Saint-Ambroise ont tous eu une position évangélique à ce propos. Même Saint-Augustin, à qui pourtant on prête jusqu'aujourd'hui la responsabilité de la tolérance fataliste des chrétiens vis à vis de la prostitution. Charles Chauvin montre avec détails comment les citations fondatrice de cette opinion n'est pas avérée dans le corpus connu des œuvres de Saint-Augustin. Par contre, Augustin, une fois devenu évêque d'Hippone, condamne la prostitution tout en en appelant à la conversion des personnes prostituées. « Ce qui est sûr, c'est qu'Augustin s'inscrit dans la lignée des évêques de sont temps pour qui christianisme et prostitution sont incompatibles. (p.60)» Néanmoins, si Augustin évêque est lavé du soupçon de tolérance fataliste quant à la prostitution, il n'en reste pas moins que les moralistes et théologiens vont utiliser des citations pseudo-augustiniennes pour justifier la tolérance voire la réglementation de la prostitution. Saint-Thomas d'Aquin admettra la prostitution comme un moindre mal dans sa fameuse Somme. Il ira jusqu'à admettre que l'Église accepte l'aumône des personnes prostituées (IIa, IIae, qu.32, art.7), alors qu'elle refuse l'aumône issu du vol. A noter, pour mettre en perspective, que Thomas condamnait le prêt à intérêt comme un péché mortel... A la suite de Saint-Thomas d'Aquin, les moralistes ont tous répété la « doctrine » de la prostitution comme moindre mal, jusqu'au milieu du XXe siècle. Seul Saint-Alphonse de Liguori, dans la ville de Naples du XVIIIe contredira cette vulgate de manière évangélique et courageuse, mais malheureusement il sera isolé et n'aura pas de successeur dans ses affirmations.
On note néanmoins dans les pratiques pastorales et caritatives de chrétiens, à toutes époques, une résistance contre cette tolérance généralisée de l'Église. Dès le monachisme primitif, plusieurs figures appliquèrent un zèle particulier à soustraire des femmes de la prostitution, prenant Marie-Madeleine comme figure de femme prostituée convertie au Christ. Marie l'Egyptienne, Sainte Afra et Thaïs sont des figures de saintes qui seront régulièrement utilisées pour encourager ce chemin de conversion. On notera dès le début et tout au long de l'histoire de la réinsertion de personnes prostituées par les Églises, une tension entre ceux qui ne proposent qu'une voie sévère de continence et de pénitence, et ceux qui proposent une conversion plus libre, selon chaque personne, vers la consécration à une vie religieuse, une vie « protégée » dans des refuges ou le mariage selon la fidélité chrétienne. Théodora, femme de l'empereur Justinien, dont on pense qu'elle est une ancienne prostituée parce qu'elle avait été comédienne, a convaincu son époux de lutter contre la prostitution. Après avoir interdit les maisons closes à Byzance, elle organisa un « monastère de la repentance » dans un ancien palais pour y accueillir les femmes prostituées sans famille. Il semble que les conditions d'enfermement y étaient telles que plusieurs préférèrent se suicider... Quelques années après le décès de Théodora, Justinien reviendra à une politique de tolérance, par « réalisme » politique. De manière similaire, Saint-Louis, dont on fait porter la responsabilité du règlementarisme médiéval, a eu comme première intention la prohibition de la prostitution. C'est l'inefficacité des premières mesures et, semble-t-il, les pressions d'un lobby proxénète de l'époque, qui l'aurait poussé, deux ans plus tard, à légiférer une tolérance, marginalisant la prostitution hors les murs. Tout au long du Moyen-Âge, des monastères de repenties ont été organisés, spécialement nombreux dans l'Italie du XIIIe siècle. Saint Ignace de Loyola, premier général de la Compagnie de Jésus, aura comme principale préoccupation pastorale les femmes prostituées de Rome. Il fondera une Casa Santa-Marta, où les femmes n'étaient pas recluses, mais pouvaient aller et venir, bénéficiaient des exercices spirituels. Malgré une manifeste réussite humaine et spirituelle, son œuvre ne lui survivra pas, à cause de la diffamation d'autres ecclésiastiques. Les œuvres de Jean Eudes et de la Dame de Combé au XVIIe siècle, le Bon Pasteur au XIXe siècle, ont été autant d'actions de charité chrétienne concrète, propre à leur temps, pour donner la possibilité à des personnes prostituées de se soustraire à leur milieu.

Avec la montée du mouvement abolitionniste à partir de la moitié du XIXe siècle, mais surtout au cours du XXe siècle pour le monde catholique, la doctrine et la pratique de l'Église ont beaucoup évolué. La doctrine du moindre mal a été abandonné par les manuels de morale. Pendant le concile Vatican II, la prostitution est présentée comme contraire à la dignité humaine, notamment dans Gaudium et Spes: « Tout ce qui est offense à la dignité de l'homme, comme les conditions de vie sous-humaine, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l'esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes, ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, toutes ces pratiques sont infâmes. » (27.3) Faut-il rappeler que le concile constitue, après les Écritures, la plus haute autorité doctrinale de l'Église catholique? Charles Chauvin présente le Nid du père Talvas comme un des mouvements d'Église qui porte ces convictions renouvelées dans la pratique de l'action sociale et politique, avec le comité italien de défense morale (CIDD), la mission de minuit à Dortmund et Hambourg (Mitternachtsmission, qui existe aussi à Bâle), et l'internationalisation du Nid, au Brésil, notamment avec l'attitude évangélique et courageuse de l'évêque de Crateus, Dom Fragoso, qui accueillit des personnes prostituées non seulement à sa table, mais aussi dans son conseil diocésain, malgré le honteux rejet manifesté par certains chrétiens de son diocèse.

En conclusion l'auteur s'interroge à partir de l'actualité du début des années 1980: les occupations d'églises, du procès exemplaire de proxénètes dénoncé par trois femmes prostituées à Grenoble (depuis, d'après le témoignage de Marie-Claude/Ulla au colloque de Lyon, une seule a survécu à la libération de ces proxénètes...), sur une évolution de la prostitution dans la France d'alors. Les personnes prostituées s'affirment comme citoyennes, revendiquent des droits. Il minimise la revendication de professionnalisation, il semble qu'à l'époque cette revendication soit encore marginale.... Pour lui, que les personnes prostituées prennent plus d'indépendance, ne veut pas dire que la prostitution soit pour autant une activité qui puisse se faire librement et dignement. La responsabilité des chrétiens est engagée dans cette lutte qui continue. Citant Jean Sulivan: « La prostituée est le signe visible de la prostitution du monde. Elle est ouvertement ce que sont beaucoup d'hommes dans tous les milieux. Chaque fois qu'un homme, une femme, dans le mariage ou en dehors, se prennent comme objet, quand le lien d'amitié n'est plus le premier, mais le lien du désir, de l'argent, de l'habitude, de la facilité, il y a prostitution ». Et: « Tout prêtre, tout évêque qui parle pour ne rien dire ou sans réchauffer la vérité dans les cœurs, se prostitue.» Pour conclure Charles Chauvin nous lance un défi: « Le XIXe siècle a obtenu l'abolition de la Traite des Noirs; le livre La Case de l'oncle Tom y a contribué! Le XXe siècle a vu progresser la décolonisation: des chrétiens y ont collaboré. Faudra-t-il attendre le XXIe siècle pour voir disparaître la prostitution. Aux chrétiens, pour leur part, de répondre.»

Ce livre, concis et rigoureux, bien ordonné, est un outil bienvenu pour répondre aux « rumeurs » selon lesquelles le christianisme serait essentiellement tolérant vis à vis de la prostitution. Il montre de manière lucide que des chrétiens l'ont été de tout temps, partout, et jusqu'à aujourd'hui, et en soi, c'est un scandale. C'en est un surtout parce que la dynamique fondatrice de la vie et des paroles de Jésus-Christ, de l'héritage juif vétéro-testamentaire, et des formulations et réalisations du christianisme primitif est toute opposée à la prostitution, tout en étant accueillante vis à vis des personnes prostituées, et des clients aussi, comme de tout pécheur à qui la conversion est proposée. La présentation des arguments fatalistes et tolérants vis à vis de la prostitution permet de mieux identifier leurs aspects fallacieux. On a face à eux une tradition de figures chrétiennes, théologiens, pasteurs, femmes et hommes engagés pour l'amour de Dieu, qui certes ont toujours eu de grandes difficultés à infléchir les réglementations et les mentalités de leurs temps, mais qui sans cesse ont témoigné de l'authentique combat contre la prostitution pour les personnes prostituées, qui est au cœur de la mission des Églises.

Une critique cependant. Pour expliquer comment, bien que les fondements du christianisme condamnent la prostitution, des chrétiens ont massivement été complice de la prostitution de leur temps, l'auteur met en scène une opposition entre héritage « judéo-chrétien » et héritage « gréco-romain ». Cette présentation de l'histoire me gêne pour trois raisons. 1) D'abord parce que l'auteur ne mentionne pas l'existence de la prostitution sacrée dans l'environnement historique des auteurs de l'Ancien Testament, laissant même entendre que les mentions de prostitution sacrée dans la bible ne sont que métaphoriques (p.54). Comme si finalement les hébreux, puis les juifs n'auraient jamais connus de prostitution institutionnalisée et que la prostitution liée à l'urbanisation de la Grèce aurait été la première du genre. Or il me semble que cela est faux. Si l'institutionnalisation de la prostitution dépend bien de l'urbanisation, le fait urbain est beaucoup plus anciens dans la région que l'on appelle le Croissant Fertile, auquel le pays de Jésus appartient. 2) Cette oblitération de la prostitution sacrée dans le milieu historique de l'Ancien Testament me gêne ensuite parce que la tradition « judéo-chrétienne » n'a pas été confrontée à la prostitution à partir du moment où elle aurait rencontrée la culture « gréco-romaine ». Elle y est confronté dès ses origines. Cela me paraît important parce que l'on pourrait croire que le fatalisme des chrétiens face à la prostitution « gréco-romaine » serait dû à une sorte d'effet de surprise, d'impréparation spirituelle. Qu'ils se seraient accommoder d'une réalité dont l'enseignement biblique n'aurait pas suffisamment prévenu de la gravité, et que les presque vingt siècles de tolérance auraient été nécessaires à la prise de conscience. Or non, la communauté des disciples de Jésus dont faisaient partie de nombreuses anciennes prostituées, les combats des prophètes d'Israël contre la prostitution sacrée très concrète à laquelle s'adonnait le peuple élu, tout cela aurait dû conduire les chrétiens à continuer à lutter contre toute prostitution sans relâche et de manière majoritaire. 3) Enfin cette opposition schématique culture « gréco-romaine » pro-prostitutionnelle contre culture « judéo-chrétienne » anti-prostitutionnelle pourrait laisser penser que seule la seconde est capable de justifier la position abolitionniste. Je suis incapable de montrer qu'il y ait eu parmi les philosophes et juristes grecques et latins des figures non chrétiennes pour s'opposer à la prostitution au nom d'une anthropologie propre. Mais ils existent parmi nos contemporains ceux qui, sans se référer à la Bible, ni même à de prétendues valeurs « judéo-chrétiennes », luttent activement contre la prostitution, pour la dignité des personnes prostituées, pour la dignité de toute personne qui reste potentiellement prostituable tant que la prostitution de quelques un-e-s est tolérée. Et ils sont souvent plus conséquents que nombre de chrétiens.

Donc la lutte pour les personnes prostituées, contre la prostitution, est indubitablement une mission fondamentale des chrétiens, malgré le contre-témoignage historique massif des sociétés chrétiennes tolérantes et complices avec le système prostitutionnel. Cette lutte se fera en retournant aux racines spirituelles du christianisme, mais sans forcément faire plier la société à des conceptions chrétiennes, au contraire elle peut se mener en solidarité fraternelle avec nombre d'hommes et de femmes de « Bonne Volonté » comme nous le faisons déjà.