jeudi 15 décembre 2011
La France est une grande puissance.
29’20’’ – 46’30’’
note à propos de la transcription: j'ai modifié le texte pour y insérer un genre gramatical universel qui assume à la fois le féminin et le masculin. Je me suis permis ces modifications pour proposer une illustration de ce que serait la langue française avec un tel genre universel. Je profite du coup d'un texte prévu pour être dit, puisque le genre universel que j'imagine change aussi la prononciation de certains mots.
La France est une grande puissance. Mes amïs, ce sera mon premier message : ne doutez pas de vous ! Nous sommes la deuxième puissance du continent. La cinquième puissance du monde. Nous sommes inattaquables quand nous voulons nous défendre. Nous qui n’agressons personne. Nous sommes le deuxième territoire maritime du monde. Nous sommes bientôt la première population d’Europe. Et quand les françaisses seront les plus nombreuxes, quelques soit la période de l’histoire, compte tenu de la capacité de la République à absorber tout le monde, et à faire, quelque soit la couleur de la peau, de tout le monde unë bonë gauloisse _ c'est-à-dire unë râleurze qui ne se soumet pas, et dont j’ai la fierté de vouloir incarner la tradition, quoique je n’ai pas beaucoup de gauloisse dans mes ancêtres, et pour ainsi dire pas _ et bien ce grand peuple, ce grand pays est en état de faire entendre sa voix. Encore faudrait-il qu’il ait quelque chose à dire. Quand les françaisses seront les plus nombreuxes, mes amïs, c’est très rock n’roll dans le continent. Tout le temps. Et voici que nous allons être les plus nombreuxes dans les vingt prochaines années. Parce qu’il va nous venir quinze millions d’enfants. Et nous sommes très contenttes de ça. (Voix de femme dans l’assistance : « Ah oui ! ») Parce que ce sont les nôtres. Et croyez-moi, bien mélangéés ! Madame Lepen va en faire une jaunisse. Elle va comprendre ce que c’est que de ne pas être de la bonne couleur. Bien mélangéés ! Record d’Europe des mariages mixtes. Eh bien tant mieux ! Ca prouve que nos enfants ne vont pas lire dans le code la nationalité ce qu’ellils ont droit de se faire quand ellils s’aiment. C’est très bien. La vie est la plus forte, toujours. Et à la fin elle aura le dernier mot. Donc nous pouvons, comme grande nation que nous sommes, dire que la Banque Centrale Européenne, qui est à nous aussi, l’€uro, qui est aussi à nous, doi[vent] servir à d’autres fins que celle à laquelle ils sont affectés aujourd’hui. (…) Alors on s’enferme en tête à tête avec Madame Merkel. On ne sait pas de quoi ellils parlent, mais ça finit toujours de la même manière. Elle a raison et lui, il lit le communiqué à la fin pour avoir prêté la salle et payer le repas. Pourquoi c’est comme ça ? (…) Je viens de vous dire que nous serons quinze millions de plus. Eules dans le même délai seront quinze millions de moins. Examinons alors les conséquences pratiques que ça a pour chacune de nos nations. Nous les Françaisses, nous avons besoin de dépenses publiques pour accueillir une population plus nombreuse. Nous avons besoin de relancer l’activité. Pour que chacunë trouve sa place et pour servir ceules qui arrivent, et ceules qui se terminent, comme moi. (…) Nous avons besoin d’activité, pas d’être étrangléés. Voilà pourquoi la politique d’austérité ne peut rien donner pour nous. D’abord l’austérité, c’est toujours de droite. Et je vais vous expliquer pourquoi il n’y a pas d’austérité de gauche possible. Qu’est ce que l’austérité ? Ca consiste à réduire la dépense publique et les comptes sociaux. Mais qu’est ce que c’est la dépense publique ? C’est du service public. (…) C’est de l’argent avancé dans l’investissement. Et les dépenses sociales ? C’est les soins, les retraites… Toutes ces choses dont nous avons besoin quand on est plus nombreuxes, sans cesse plus nombreuxes. Donc toute politique d’austérité, c’est une politique de contraction de la dépense publique et de la dépense sociale, donc c’est une politique de droite. Car sinon vous allez vous payer ce dont vous avez besoin de quelle manière ? Mais la droite à une réponse à ça. C’est pourquoi elle est cohérente. Elle est cohérente de Monsieur Sarkosy à Madame Lepen, sans digue. Elle est cohérente parce qu’elle vous dit : « vous allez être responsabiliséés ». Vous connaissez ce vocabulaire. Moi j’aime m’en amuser pour m’en moquer. Parce qu’à la fin c’est insupportable d’avoir à écouter des sottises pareilles pour les démonter. Quand on me dit ça à propos des dépenses de santé, je m’amuse. Je dis : « oui, oui, je veux bien être responsable pour que ça coûte moins. En décembre, je veux bien avoir la grippe en août. Et comme vous faîtes 60% des dépenses de santé dans les six derniers mois de votre vie, si vous êtes un bonë citoyenë, mourrez plutôt en bonne santé.» Et ainsi de suite. La comptabilité n’a aucun sens quand il s’agit de la vie humaine et de ses droits. C’est pourquoi mes cherres amïs j’en profite par parenthèse pour vous dire attention au discours, d’après lequel il y aurait des droits et des devoirs. Bien sûr que chacunë d’entre nous se sent des devoirs moraux, et en quelques sortes civiques, par le respect de la loi, et [l’adelphité] et la solidarité. Mais il y a des droits Monsieur Sarkosy, et autres bonnes gens, qui sont inaliénables. En face du droit à vivre, il n’y a aucun devoir. C’est un droit inaliénable. En face du droit à être éduquéé, il n’y a aucun devoir. C’est un droit inaliénable. En face du droit à la santé, il n’y a aucun devoir. Et si vous acceptez un seul jour qu’il y en ait, alors il faudra payer l’addition. Car dès que vous avaler le mot devoir en même temps que le mot droit, arrive derrière l’ardoise. Vous ! vous êtes malade, mais vous avez fumé. Vous aviez le devoir de ne pas le faire. Crevez ! Et empiétement continuel sur les libertés individuelles… Je reviens au centre de mon propos. C'est-à-dire la différence qu’il y a entre un peuple qui est assez nombreux pour faire peser de tout son poids dans la vie collective du continent, et un autre peuple dont la population, plus âgée, et les méthodes politiques conduisent à ce que cette population aye en se rétrécissant. (…) Il y a [donc] une différence entre une nation inclusive comme l’est la France, du fait de son identité républicaine, et une nation qui décide, elle, de ne pas reconnaître le droit du sol. Et qui donc considère comme à jamais étrangëres des gens qui peuvent se succéder pendant deux ou trois générations sur le propre sol, parlant leur propre langue, et ayant les mêmes habitudes culinaires et autres. L’Allemagne est donc à cet instant, comme elle a été la bonne élève de la classe capitaliste, et comme le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, à la suite des Blair et autres personnages dont vous vous souvenez sans doute, a fait du zèle en désorganisant les droits sociaux des travailleurzes, en créant ce qu’on appelle des emplois à un euro _ C'est-à-dire où quand vous touchez le minimum et qu’on vous propose un travail avec un salaire à un euro, vous devez y aller, et ainsi de suite _ en disloquant la sécurité sociale, en faisant émerger les fonds de pension et les fonds de capitalisation pour la retraite. Alors vous comprenez toutses les conséquences. Si l’argent des retraites a été mis dans des fonds de capitalisation, alors cette population, et surtout ceules qui ont beaucoup et qui ont beaucoup capitalisé dans les fonds de capitalisation pour leurs retraites, sont extrêmement anxieuxes que la monnaie n’aille pas se dégrader, qu’il n’y ait pas d’inflation, que la bourse se tienne. En fait que le capital financier soit engraissé de telle manière que tout ça ne s’effondre pas, et que l’Allemagne ne se retrouve pas devant une crise sociale, qui de toute façon aura lieu. Elle aura lieu pour la raison qu’une population vieillissante a besoin de plus de soin, et que donc les comptes sociaux allemands sont promis à exploser. Voilà mes amïs pourquoi je parlais tout à l’heure d’effet de système. (…)
Le peuple va se mettre en mouvement. Nous ne savons pas quand. Nous ne savons pas pourquoi. (…) Nous, nous avons donné un nom à ce processus. Nous l’avons appelé la révolution citoyenne. Parce que c’est une révolution que nous mettons à l’ordre du jour. Le changement du statut de la propriété dans tous les domaines où il faut rétablir la propriété collective, qu’elle soit sociale, nationale ou coopérative ouvrière (…). Changement dans l’ordre politique, nous n’avons que faire de la monarchie quinquennale, elle ne rend pas la France meilleure. Elle ne permet pas à notre pays de déployer tous les trésors d’intelligence collective qu’il contient. Donc nous sommes partisanës de la Vie République. Et nous ne marchanderons pas cet idéal. Ensuite c’est un changement dans l’ordre des valeurs et des principes. Aujourd’hui ce qui gouverne l’Europe c’est la concurrence libre et non-faussée. (…) C’est le principe selon lequel est organisé tout l’ordre juridique. Aucune disposition ne peut être contraire à la concurrence libre et non-faussée. C’est inscrit dans le trait de Lisbonne. C’est pourquoi je parle d’une révolution. Parce que dans ces trois domaines il s’agit de tourner la page. Nous nommons la « citoyenne » pour dire qu’il s’agit de prendre le pouvoir. De le récupérer collectivement. C’est notre voie. C’est par là que nous cheminons. Pour nous, l’élection est une étape à l’intérieur de ce processus. Peut être que ça en sera le meilleur moment. Mes amïs, mes cherres concitoyenës, quelle chance nous avons de pouvoir voter, c'est-à-dire de régler avec des bulletins de vote une question aussi grave et aussi compliquée que la crise du capitalisme de notre époque. Et que ce soit la France la première qui le fasse, avant l’Allemagne où sont nos camarades, nos amïs, les travailleurzes allemanddes, qui comme nous pâtissent, d’avantage, puisqu’ellils ont été d’avantage trahis par ceules dont c’était le devoir de les servir. Mes amïs, c’est une chance formidable. Nous allons tout faire pour en tirer le meilleur. Mais nous aurons la patience de l’histoire. Si ce n’est pas cette élection, ce sera d’une autre manière. Mais ça sera plus douloureux. Si nous ne réglons pas par les bulletins de vote, il faudra le régler autrement. Vous êtes comme moi. Vous préféreriez que ça s’arrange, je suppose. Nous sommes des gens raisonnables. Mais nous sommes des têtes dures. Si ça ne s’arrange, on saura s’en mêler. (…)
La révolution citoyenne n’éclatera pas pour des raisons idéologiques. Elle éclatera pour des raisons concrètes. Comme partout dans le monde ça c’est produit. A un moment donné, les gens veulent régler les problèmes concrets. Et ces problèmes concrets les confrontent à une abstraction totale : le capitalisme financier. Pourquoi il n’y a pas d’institutreuces dans la classe de mäon gaminë ? Parce qu’il n’y a pas de l’argent de l’Etat. Pourquoi il n’y a pas de l’argent de l’Etat, parce qu’il est consacré à payer la dette. La dette, à qui ? Demande madame, monsieur, ici, là, qui en a pardessus la tête. Et pourquoi le train ne démarre pas ? Parce qu’il n’y a pas assez de personnel, parce que le matériel n’a pas été renouvelé. Et pourquoi il n’est pas renouvelé le matériel ? Est-ce que vous allez laisser tous fiche le camp jusqu’à ce que tout disparaisse ? Apparemment oui. Pourquoi à l’hôpital il manque du monde ? Pourquoi il y a la queue trois heures aux urgences ? Alors qu’il y a un si bel équipement. Alors qu’il y a des gens si dévoués. Alors que mäon gaminë voulait être infirmiëre. Mäon gaminë est prëte à être toubib et que vous empêchez qu’ellil fasse des études. Qu’est ce que c’est que ce bazar ? Disent pas seulement vous, pas seulement les têtes dures, mais les autres aussi, les crânes d’œuf, les premiers de la classe (il y en a quand même dans la salle, faut pas que je me mette tout le monde à dos…). Ceules qui ne s’occupent jamais de politique, qui font ce qu’on leur a dit de faire, bien. Ellils se sont jamais occupéés de rien. (…) Le syndicat, ellils ne connaissent pas. Les partis politiques, pfff… Ellils s’occupent de leurs affaires à eules. Et un jour ellils sont morts de rage. Et ellils se disent : « qu’est ce que c’est que ce bazar ? Je m’en mêle.» Alors ce n’est pas seulement [les ouvriëres] qui se révoltent. C’est ce cadre qui hier vous tournait le dos, et cellui-là qui faisait laë malinë, l’ingénieurre qui, 45-50 ans, découvre qu’on veut plus d’ellui. Et qui s’est transforméé en auto-entrepreneurre, on lui a dit, c'est-à-dire auto-esclave. Et tous ces gens qui ne comprennent plus rien à ce qu’ils leur arrivent. Ellils disent : « on va régler ça ! » Et alors commence le processus, et vous devez être prêttes à ce moment en ayant préparé le terrain à ce que tous ça ne s’égare pas. Qu’on ne fasse pas n’importe quoi. Mes amïs, n’oubliez pas la leçon de l’histoire. Pour laë bourgeoisse (…) souvent dans l’histoire « mieux vaut Hitler que le Front Populaire. » C’était leur devise. Alors n’attendez aucune faveur. Ne croyez pas qu’à un moment ou à un autre on va dire « Ah ! ce que c’est intelligent ce que vous dîtes. (…) Et d’ailleurs, puisque c’est eules qui ont dit les premiëres qu’il fallait que ce soit la Banque Centrale Européenne intervienne, eh bien donnons leur le pouvoir puisque c’est ce que maintenant ce d’autres prétendent faire.» Non, ellils vous combattrons sans trêve. Ellils tâcheront, comme vous avez vu dans vos entreprises quand vous vous êtes avancéé pour la première fois dans votre vie, dès fois sans rien demander parce que les autres vous poussaient, à être cellui qui parlent pour les autres, à être laë déléguéé, que vous avez été accueillï avec des sourires en coins (…). Donc nous n’avons rien d’autre à attendre que de nous même. Deux orientations se présentent dans cette campagne. Oubliez le Front de Gauche et vos partis respectifs. Regardons la France, les gens. Et comprenons de quoi il va être question. Vous êtes pour l’austérité, ou vous êtes pour la vie ? Voilà le débat. La prochaine élection présidentielle est un référendum pour ou contre l’austérité. L’austérité, c’est les autres. La relance de l’activité, c’est nous. Et nous leur disons : « si vous ne savez pas faire la retraite à 60 ans, dégagez ! on sait le faire. Si vous ne savez pas faire une éducation nationale qui tourne, dégagez ! on sait le faire. Cessez de nous dire qu’il n’y a qu’une seule politique économique possible, la nôtre. Cessez de nous dire qu’il faut être les premiers de la classe de la rigueur, ce n’est pas vrai. »
Et aussitôt s'élève la petite musique: "et avec quoi vous financez tous ça Monsieurs Mélenchon?" (...) Il y a une très belle réparti de Jean Jaurès (...): "Vos [parents] politiques, ceules qui ont fait la révolution de 1789, ellils n'avaient pas chiffré le programme." Ellils ont fait la Révolution. Et quand ellils se sont demandéés comment la financer, ellils ont confisqué tous les biens des émigréés et de l'Eglise. (...) Nous avons déjà fait du chemin. La droite essaye de le détricoter. Je ne dirai pas qu'on va prendre 50% de tous ce qu'ellils ont. Mais si ellils insistent... Nous nous contentons raisonnablement de dire la chose suivante: au cours des vingt-cinq dernières années, dix points de la richesse totale du pays est passé des poches du travail aux poches du capital. Le gâteau a été partagé d'avantage en faveur du capital que du travail. Dix points! Le pays est plus riche qu'il n'a jamais été de toute son histoire. Il produit chaque année deux milles milliard d'Euro. Jamais le pays n'é été aussi riche, jamais il n'y a eu autant de pauvre. Il y a quelque chose qui ne colle pas...
La suite du discours...
samedi 10 décembre 2011
"Toute femme est une pute virtuelle, tout homme un client en puissance. "
"Pute"; Isabelle Alonso
Yl y avait beaucoup de monde à la cafétéria, comme souvent à cette heure de la journée. Un groupe occupait la table centrale à laquelle on avait ajouté, pour asseoir chacunë, une des petites tables habituellement près de la fenêtre. Des amuse-bouches, une bouteille de champagne ou de mousseux, sûrement qu'ellils fêtaient une publication acceptée.
Sur les coussins rouges en forme de S qui entouraient des tables basses le long de la baie vitrée donnant sur la terrasse étaient assisses deux femmes et trois hommes. Un des hommes, très jeune, sûrement un étudiant, et les deux femmes portaient les badges prévus pour les visiteurzes. Les deux autres hommes étaient des collègues que je connaissais seulement de vue. Ils étaient tout les deux assis avec assurance. Les deux pieds posés à plat sur le sol, les jambes écartées, les coudes appuyés sur les cuisses. Ils regardaient la jeune femme au cheveu brun bouclé assise en face d'eux. Celle-ci parlait le plus. Les genoux serrés, les mollets tendus, seules les pointes des pieds touchaient le sol. Son dos droit, elle était assise sur la pointe de ses fesses. Elles faisaient de grands gestes saccadés, mais toujours ses mains revenaient comme en position de prière, jointe devant sa poitrine. Elle parlait fort, bien que sa voix ne semblait pas habituée à tenir un tel volume. La nervosité qui transparaissait à travers son débit et ses intonations rendait la mélodie de son discours désagréable. On n'entendait pas ses comparses. Ellils hochaient souvent de la tête à ses dires. Mes collègues intervenaient souvent. Leurs voix basses n'avaient pas besoin d'être forcée pour porter.
Je m'asseyais dans le coin de la cafétéria, au seul endroit où yl restait encore de la place. En attendant que mon déjeuner chauffe au micro-onde, je m'imaginais l'implicite de leur conversation.
L'étudiant
Nous étions assisses autour de la table. La discussion s’éternisait. J’avais du mal à la suivre tant elle me donnait l’impression de tourner en rond. Comme souvent quand la conversation est en anglais, mon attention se porta sur d’autres échanges que celui des mots et des idées. Je m’imaginais être comme unë éthologue observant une horde de gorilles. Ce qui se jouait dans cette salle de réunion n’avait rien à voir avec la science quoique mes collègues et nos collaborateurs formulaient hypothèses et plan d’expérience, interprétations et questions de méthodes. Ce qui se jouait était évident à partir du moment où je me déconnectais du sens des mots pour ne plus suivre que les intonations et le jeu des corps.
La jeune femme au cheveu brun bouclé.
« Est-ce lui qui ne comprend pas ou bien moi qui suis totalement gourde ? C'est la troisième fois que je lui explique comment j'ai obtenu ces résultats. Il faut absolument que je garde mon calme. Ah! ce que je regrette qu'Alberto mon chef ne soit pas venu avec moi. Pendant la réunion pour établir notre collaboration, il suffisait qu'il acquiesce à ce que je disais pour que ces deux-là comprennent, ou semblent comprendre... En tout cas entre temps, ils ont tout fait faux. Et ils sont censés être les experts en modélisation informatique. Mais même moi qui passe mes journées à la paillasse je vois bien que leur programme ne traite pas comme il faut mes données. Justement, je me tue à leur expliquer qu'yl ne fallait pas tout normaliser avec le dosage des patients sains, mais qu'yl fallait normaliser chaque échantillon avec le contrôle interne. »
Le Collègue
« Elle fait vraiment chier cette gonzesse. D'accord, on a merdé en normalisant tout sur les sujets sains plutôt que sur les contrôles internes. Mais qu'est-ce qu'elle a à insister ? Elle veut quoi ? Qu'on se prosterne devant sa grande intelligence ? Qu'on s'excuse ? Qu'on reconnaisse notre erreur ? Je te jure, ces bonnes femmes, dès qu'elles prennent de l'ascendant, elles trouvent toutes les occasions pour le faire sentir. Elle est même pas belle. Bon mignonne, baisable. Mais elle s'habille comme un boudin. N’empêche, je me la ferai bien quand même. Elle me fait un peu penser à cette pute qui m'a sucé l'autre jour au Caligula. Oh ! C'était top ça. On a pas encore ça en Suisse des « Flate Rate Bordels ». Pour 90€, toutes les filles que tu veux comme tu veux pendant toute la nuit ! Et la bière comprise ! Berlin, c'est la ville de la liberté sexuelle. Et cette pouffiasse qui fait sa Marie Curie, je la croiserais au Caligula, elle crierait sur un autre air avec moi ! Tiens je crois que Tobias pense à la même chose que moi en ce moment. Vu son petit sourire. C'est son petit sourire de « je vais la baiser celle-là ». Faut dire que lui, elle ne l'a pas que sucé, la pute du Caligula qui ressemblait à cette pimbèche. Moi j'avais préféré passer du temps avec la noire. J'avais envie d'en prendre une par le cul. Ce n'était pas compris dans le forfait. Il fallait payer un extra, et c'est celle qui le faisait pour moins cher. Et il y avait aussi la française. Je parle un peu français. J'ai essayé de faire mon intéressant en lui disant quelques mots. J'ai dû perdre depuis le collège. Elle m'a regardé avec des yeux vitreux, puis elle m'a fait un grand sourire avant de descendre ma braguette. Un française* française, la classe ! Bizarre quand même son sourire avec les mêmes yeux vides. Peut être qu'elle réfléchissais encore à ce que je lui ai dis dans sa langue. Je l'ai encore baisé après ça. J'ai même pu retirer discrètement la capote pendant. Elle a rien remarqué. Ou alors elle était gentille avec moi. J'aurais pu le lui demander, mais il aurait fallu aussi payer un extra pour baiser sans capote. Et j'avais déjà craché pour enculer l'autre. Il fallait que je me garde des sous pour le chiche kebab à la sortie ! Parce que ça creuse de contenter toutes ces dames ! Il faut refaire le plein pour les couilles ! Elle était vraiment gentille cette française. Je crois qu'elle m'avait à la bonne. Il faudrait qu'on trouve un moyen pour retourner à Berlin, il y a souvent des colloques là-bas. Attend, la dernière fois, la directrice nous avait envoyé présenter la plate-forme à Stockholm. Comme on s'y était fait chier ! En tout cas heureusement qu'on m'avait averti que là-bas on pouvait aller en prison si on demande une passe à une péripatéticienne. Du coup on est resté toute la soirée à louser devant la télé. Même pas de chaîne porno dans l'hôtel ! Si jamais j'y retourne, il faut que je pense à télécharger ce qu'il faut sur l'ordi. Mais je préfère encore ne pas y aller. Ici, je peux encore me taper la pute que je veux, même si c'est pas aussi fun qu'à Berlin. Ce week-end, j'irais bien à Zurich. J'ai lu sur un forum qu'il y avait de nouvelles hongroises de 16 ans. Au moins, ici en Suisse on peut se taper des vraies jeunes!»
à suivre...
Notes:
Ce texte est rédigé en utilisant le genre universel.
* Fellation se dit en allemand "Französich"
Les inutiles: ceules que la "crise" fabrique pour nous faire peur.
"Coup d’état financier, occupation économique, dictature de la finance, stratégie du chaos… Cette fois ce ne sont plus des mots. Ce ne sont plus des métaphores d’altermondialiste. (…) Cette fois, c’est en vrai : les cheveux gras dans les rues vides, le dos vouté devant les boutiques fermées, les trois anars plus ou moins défoncéés devant un feu de palette, la queue devant la soupe de nuit. Cette fois c’est pour de vrai. Ce n’est plus des chiffres, des analyses, des graphiques, des recherches, des bouquins ni des prophéties. Ce n’est plus ceules qui sont ordinairement frappéés. Les préposéés à la dèche et au malheur. Cette fois les taxis sans clienttes attendent de jour comme de nuit. Cette fois les jeunes diplôméés quittent le pays. Cette fois 14 000 entreprises ont fermé dans les six premiers mois de l’année. (…) Plus de couverture maladie pour les retraitéés, pour les chômeurzes, pour les sans-abris… (…) Mais surtout, avant tout, on rencontre, on croise des [humains] qui ne servent à rien. Hé Hé Hé ! Qui ne servent absolument à rien. [Ellils] sont en trop. Des milliers, des millions de bouches inutiles. C’est curieux, c’est drôle qu’on en arrive là, non ? Des gens qui ne servent à rien, qui sont même des problèmes. Chacunë est un boulet en Grèce aujourd’hui. Chacunë a intériorisé ça dans ce pays. Euh… Dans ce seul pays ? Non, dans d’autres, dans pas mal d’autres pays. Cette inutilité gagne. C’était sectoriel. C’était par endroit. C’était à la sortie d’un plan social. C’était dans une petite manif famélique de chômeurzes. C’était au creux, dans le secret d’une famille. Là, c’est tout un pays. C’est là où nous allons aujourd’hui. Avec une inquiétude, celle de vous faire peur. Parce que tout se passe comme si ce qui arrive à la Grèce avait été mis en scène pour faire peur. Pour nous (…) faire accepter. Pour nous conduire à la résignation, à l’impuissance. Attention à ce piège-là !"
Note: ce texte a été adapté en y introduisant le genre universel.
lundi 5 décembre 2011
psychologie de classe
Posté par Michel GIACOMAZZI le 05/12/2011 18:50
Il devait « naturellement » faire partie des dominants, ce qui s'est effectivement produit puisqu'il a occupé des fonctions prestigieuses. Il est devenu magistrat, non pas pour « rendre justice », ce qui revient souvent à défendre le faible contre le fort, mais pour maintenir l'ordre établi ; comme le disait Goethe « Mieux vaut une injustice qu'un désordre »
Mais cela ne lui suffit pas : pour lui, le dominant doit non seulement dominer, mais être respecté, voire aimé, pour que la domination de la dynastie ne puisse pas être remise en cause.
La condamnation de son père pour collaboration a été la blessure qui a guidé ses prises de position. Plutôt que de prendre une distance, comme l'ont fait d'autres enfants de collabos, il a au contraire considéré cette condamnation comme un « crime de lèse-majesté ». Il s'identifie donc à son père : tout ce qu'il a combattu, il le combat ; il reprend le flambeau familial. Il lui faut sa revanche sur le Front populaire et sur la Résistance qui a empêché la mise en place de la politique économique hitlérienne que défendait sa classe sociale.
Tout ce qui ressemble à « la gauche » ou même à une « droite sociale » (le gaullisme) lui est insupportable : ce sont eux qui ont mis en doute son droit naturel à faire partie des dominants. Il lui faut viscéralement combattre ces idéologies.
Il n'a rien contre le suffrage universel ... tant que c'est un « jeu » pour le peuple (à défaut de pain) : PS ou UMP, voire FN lui convient ; on peut toujours broder et discuter, cela ne remet pas en cause l'ordre établi.
Mais ayant été plutôt bien éduqué, il se rend compte qu'il ne pourra pas justifier sa position par des arguments politiques : le suffrage universel pourrait s'avérer dangereux pour sa classe. Il faut donc absolument éloigner du « champ des possibles » ceux qui remettent en cause l'ordre établi.
Il a été formé à la rhétorique ; une figure s'impose : discréditer l'interlocuteur pour ne pas avoir à discréditer ses arguments, d'où ce billet en forme d'analyse psychologique ... très probablement sans entretien singulier avec le « sujet ».
Et puis, tant qu'à faire, autant règler un autre compte : l'accent de Mme Joly qui est devenu un « infirmité du langage » ... ce qui fait près de 7 milliards d'infirmes sur la planète. Peu lui chaud : son zozotement lui a probablement valu des humiliations dans son enfance, mais plutôt que de surmonter celles-ci, il préfère s'attaquer à tous les « infirmes » ... qui devraient rester à leur place et ne pas briguer une fonction nationale. D'autant que ce procédé évite aussi de confronter des idées.
Vous voyez, il est facile, même à jeun, de tenir des propos post-poly-apéros, en interprétant n'importe quoi à partir de quelques faits. Evidemment, mon « analyse » ne vaut pas plus que la vôtre.
lundi 28 novembre 2011
Participes passés des verbes du troisième groupe à l'universel
misse; mise; mis
type "voir"
vü; vue; vu
type "faire"
faitte; faite; fait (faitte prononcé avec é fermé comme fait; ou "faitse")
type "dire"
ditte; dite; dit
La déclaration universelle des droits de l'humain (version avec le genre universel)
Toutses les humains naissent libres et égalaux en dignité et en droits. Ellils sont douéés de raison et de conscience et doivent agir les unës envers les autres dans un esprit d'adelphité.
Art. 2
1. Chacunë peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclaméés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune ou de toute autre situation.
2. De plus, ellil ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.
Art. 3
Chacunë* a le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Art. 4
Null ne sera tenü en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdittes sous toutes leurs formes.
Art. 5
Null ne sera soumisse à la torture, ni à des peines ou traitement cruells, inhumainës ou dégradanttes.
Art. 6
Chacunë a le droit en tous lieux à la reconnaissance de sa personnalité juridique.
Art.7
Toutses sont égalaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Toutses ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.
Art.8
Chacunë* a droit à un recours effectif dans les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.
Notes:
*dans la version anglaise on trouve "everyone" dans l'article 2 comme dans l'article 3 et 8, pour "chacun", "tout individu" et "toute personne" dans la version française.
Exemples d'accord d'adjectifs à l'universel
Belleau; belle; beau; belleaux; belles; beaux.
Bonë; bonne; bon
Se prononce "bon-ne"
Grandde, grande, grand
Se prononce "grandze"
Secche, sèche, sec
Blancche, blanche, blanc
?ou blanque (retrouve le son de l'espagnol et de l'occitan)
-all; ale; al; alaux; ales; aux
ex: cordiall; cordiale; cordial; cordialaux; cordiales; cordiaux.
-antte; -ante; -ant
ex: élégantte; élégante; élégant
-ardde; -arde; -ard
ex: bavardde; bavarde; bavard.
Se prononce "bavardze".
-entte, -ente, -ent
ex: intelligentte; intelligente; intelligent
prononcé "intelligentse"
-euxe; euse; -eux
ex: heureuxe; heureuse; heureux
"X" se prononce "ss" comme dans "Bruxelle" ou "Auxerre".
-ienë; -ienne; -ien
ex: parisienë; parisienne; parisien
-oisse; -oise; -ois
ex: strasbourgeoisse; strasbourgeoise; strasbourgeois
-treuce; trice; -teur
ex: formatreuce; formatrice; formateur.
Liste de noms au genre universel
Il s'agit de propositions, selon les indications avancées ici pour inventer de formes à l'universel pour tous les noms de langue française désignant des réalités pouvant englober à la fois du féminin et du masculin.
Systématiquement je propose les formes des noms dans l'ordre universel, féminin, masculin.
Pour l'accord des adjectif à l'universel voir ICI.
Les noms avec suffixes courants:
-aisse; -aise; -ais
ex: françaisse, française, français.
le "é" de françaisse est fermé comme au masculin, mais se prolonge par un "se" qui rappelle française. De plus françaisse rappelle phonétiquement l'espagnol "francés".
-ntte; -nte; -nt
ex: habitantte, habitante, habitant.
ex: présidentte, présidente, président.
S'appuyant sur le fait que souvent le "t" peut réaliser le son "ss", comme en "ti" (révolution), je propose de prononcer "-tse" ("habitantse").
-ër; -ère; -er
ex: boulangër, boulangère, boulanger.
prononcé "boulangére" avec un é fermé comme "boulanger". Le tréma plutôt que l'accent aigu pour rappeler le tréma déjà utilisé dans "unë" et "läe", ou le double "-éé" du participe passé universel. Le tréma pouvant devenir la marque de l'universel.
-eurre; -eure; -eur
ex: professeurre, professeure, professeur.
*
-eurze; -euse; -eur
ex: chanteurse; chanteuse; chanteur.
OU
-or; -euse; -eur
ex: chantor; chanteuse; chanteur
-t/dreuce; -t/drice; -t/deur
ex: ambassadreuce; ambassadrice; ambassadeur
OU
-or; -rice; -eur
ex: ambassador; ambassadrice; ambassadeur
Autres exemples particuliers:
Poètain, poètesse, poète (mais poète peut aussi être épicène)
Régnain; reine; roi
Compain, compagne, compagnon (inspiré du cas sujet dans l'ancien français)
Famille:
Adelphe, soeur, frère.
Adelphe venant du grec, équivalent de l'allemand "Geschwister", c'est à dire frères et soeurs. Les milieux féministes utilisent déjà la salutation "adelphiquement" pour dire "fraternellement". Il faudrait alors remplacer "fraternité" par "adelphité".
Besson; jumelle; jumeau
Cousinë; cousine; cousin.
Sobrain; nièce, neveu
Sobrino/a signifiant "neuveu/nièce" en espagnol
Epouxe, épouse, époux.
Le X se prononce "ss", comme dans "Bruxelles" ou "Auxerre".
Fïlls; fille; fils; fïlls; filles; fils
"fïlls" se prononce "fiyss"
Belleau-fïlls/Gendru; Bru/belle-fille; Gendre/beau-fils.
Parent; mère; père.
Onclantain; tante; oncle (formé comme mot-valise d'Oncle et d'Antain, qui était la forme de tante en cas régime dans l'ancien français)
Pour les animaux, on peut utiliser les génériques comme forme universel, et s'en inspirer pour en créer:
Caprin; chèvre; bouc
Bovin; vache; taureau
Canin/chienë; chienne; chien
Canetin; cane; canard
Equin; jument; cheval
Fëlin; chatte; chat (prononcé "feulin")
Gallin; poule; coq
Jantin/gantin; oie; jars
Lionë; lionne; lion
Louvin; louve; loup
Louvetin; louveteau; louvette
Ovin; brebis; mouton/bélier
Porcin; truie; cochon
Simïin; gueunon; singe
Tigrin; tigresse; tigre
Note:
* Dans un premier temps, j'ai proposé l'universel de "-eure/-eur" par "-ör". Ellil s'agissait de la récupération de la forme au cas régime en ancien français. On retrouve du coup souvent le mot tel qu'il est aujourd'hui en espagnol, en italien ou en anglais. Seulement dans ce cas on ne suivrait pas la règle de conserver la même phonétique à l'universel quand le mot est un épicène phonétique. En rajoutant les tréma sur le o, se prononçant comme "oe" de soeur, à l'instar de l'allemand. Mais on dérogerait trop de la graphie française qui associe le tréma au maintien de la prononciation usuelle de la lettre indépendemment de son contexte.
dimanche 27 novembre 2011
"Le viol entre époux[es chrétienës] est il possible" - réponse à un pasteur professant une misogynie dangereuse.
De plus, ce texte applique l'usage d'un genre universel en plus des genres féminin et masculin.
"Le viol entre époux est-il possible ?
1. Définition
Le viol est un « acte de violence par lequel une personne (violeur) impose des relations sexuelles avec pénétration à une autre personne, contre sa volonté. En droit français, le viol est un crime. ». C'est une agression sexuelle impliquant tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit.
Le viol fait donc partie des violences sexuelles qui elles constituent un élément des violences conjugales.
2. Les violences Conjugales.Les violences conjugales se distinguent des conflits de couple en difficulté. Selon le professeur Henrion pour le ministère de la santé (France, 2001) elles peuvent prendre les formes suivantes :
§ Violences physiques : coups, mutilations
§ Violences sexuelles : viols, agressions sexuelles, proxénétisme
§ Violences verbales : chantage, insultes, humiliation, dévalorisation, menaces (par ex. contre les membres de la famille), pressions, jalousie excessive, etc.
§ Privations et contraintes : vol, destruction de propriété, contrainte (enfermement, séquestration, etc.), privation d'autonomie (confiscation de revenu, de véhicule), volonté d'aliénation (aliénation économique, administrative), etc.
3. Rapports sexuels sans consentement
Le viol est donc un rapport sexuel sans consentement de partenaire. L'existence du lien matrimonial ne fait pas disparaître l'obligation de respecter l'intimité et le corps de l'autre. Chacun est libre de disposer de son corps et, fort heureusement, le fait d'être marié ne change rien à cela. Même au regard du «devoir conjugal», Jules Renard n'a-t-il pas dit : «L'homme propose, la femme dispose» ?
Le consentement est aujourd'hui nécessaire, même pour les rapports de couple. Ce qui semble tomber sous le sens était hier encore loin d'être une évidence.
Longtemps, l'idée –le postulat- a prévalu : le mariage impliquait un consentement mutuel des époux aux relations sexuelles. Le conjoint était donc présumé de bonne foi et en tout cas son comportement licite sinon légitime lorsqu'il les imposait à une épouse récalcitrante.
La notion de viol entre époux, impossible par définition pour un coït vaginal «classique», n'était définie que dans trois hypothèses : celle où le type de rapports sexuels imposés était d'une autre nature qu'un coït classique (le mariage ne pouvant justifier ni cautionner une sexualité «hors norme») et celles où il y avait séparation ou instance de divorce.
C'est ainsi que la Cour de cassation a reconnu pour la première fois en 1990 le crime de viol entre époux. La reconnaissance de cette notion n'ayant «d'autre fin que de protéger la liberté de chacun», puisque, comme l'indiquait la Cour de cassation, le crime de viol «n'exclut pas de ses prévisions les actes de pénétration sexuelle entre personnes unies par les liens du mariage»1.
Dans une décision du 11 juin 1992, la Cour de cassation a confirmé cette jurisprudence en affirmant clairement que «la présomption de consentement des époux aux actes sexuels ne vaut que jusqu'à preuve contraire». Ce point de vue est d'ailleurs celui adopté par la Cour européenne des droits de l'homme2.
La situation juridique est donc désormais assez claire, du moins en apparence : la personne qui peut prouver la contrainte, l'absence de consentement et le caractère imposé d'une relation sexuelle est bien, aux yeux de la loi, victime de viol. Fût-il conjugal et régulièrement consommé depuis vingt années d'une vie conjugale et sexuelle misérables : quand on ne veut plus (ou qu'on n'en peut plus) de relations imposées, aussi aversives que peu gratifiantes, la voie de la plainte pénale est ouverte. Ce qui préfigure ou constitue le point de départ de la rupture, ne serait-ce qu'en raison des peines encourues par celui que l'on accuse.
«Mais, en définitive, qui le sait ? Bien trop de gens sont persuadés que tout est permis au sein du couple, y compris l'indicible»3.
La notion de dégoût, si importante en sexologie, est ici lisible en filigrane dans les intentions et les propos du législateur. Il n'est plus tolérable qu'une femme «se laisse faire», simplement parce qu'elle ignore qu'une loi la protège. Voilà pourquoi il a semblé salutaire et nécessaire au législateur, dans un but dissuasif et éducatif, d'inscrire dans notre code pénal l'incrimination du viol conjugal.
La loi du 4 avril 2006 est donc venue donner un statut légal et une force de dissuasion supplémentaire à la répression du viol entre époux.
Le risque de dérive, partant d'erreur judiciaire, est désormais considérable. Il tient en particulier au fait que la parole d'une plaignante, considérée et désignée comme victime dès le début de l'affaire, et celle de celui qui est mis en cause ne pèsent pas le même poids. Il est impératif que les avocats, les juges ou les experts chargés de tels dossiers se gardent de confondre absence de désir et absence de consentement, comme le revendiquent, avec véhémence parfois, les féministes les plus radicales4.
A l'échelle d'une vie conjugale, le nombre de relations subies sans désir ni plaisir, pour réguler les tensions ou éviter la mauvaise humeur, obligerait, à n'en pas douter, à recruter des juges. Et à construire des prisons. Destinées à une fraction non négligeable de la population...
C'est pourquoi certains proposent de substituer, dans certains cas, le terme de «sexualité imposée» à celui de viol : sans nier l'existence du traumatisme imposé à la victime, ce terme leur paraît davantage refléter la réalité de ces situations, dans lesquelles, bien souvent, le dégoût l'emporte sur la violence et le crime.
Dans de nombreux pays, le statut juridique du viol et le traitement que la justice réserve aux victimes a évolué notamment grâce aux féministes.
Les viols échappent dans certains pays à tout contrôle et toute sanction : la législation est souvent imparfaite et parfois inexistante. Seuls 16 pays ont des lois faisant spécifiquement référence aux agressions sexuelles.
Mais même avec une législation adéquate, aucun pays n'applique la loi en totalité (UNIFEM, Nations unies, 2003).
Certains États ne considèrent pas que le viol puisse exister entre époux. Alors que certaines civilisations ou religions considèrent que la femme doit être soumise sexuellement à son époux, la législation ou la jurisprudence de certains pays admettent l'accusation de viol d'une femme par son mari. Le viol conjugal est reconnu comme une infraction à part entière dans 51 pays. En France, le « devoir conjugal » a été aboli en 1990 et le viol entre conjoints est condamnable depuis 1992. En 2006, l'ONU a estimé que le viol entre époux pourrait être poursuivi dans au moins 104 États (dans 4 de ces pays, le viol conjugal peut être poursuivi seulement si les époux étaient séparés.
En France, le viol est un crime depuis 1810 (article 331 du Code Pénal de 1810), bien que la répression ait autrefois été incertaine. Depuis 1980 il est passible de quinze ans de réclusion criminelle, d'un suivi socio-judiciaire (loi Guigou de 1998) et d'une surveillance de sûreté, pouvant être accompagnée d'une injonction de soins (loi Guigou) qui peut inclure la castration chimique (voir débats autour du projet de loi tendant à amoindrir le risque de récidive criminelle). La loi française apporte une définition précise du viol. L'article L.222-23 du Code pénal dispose que : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol ».
Depuis 1992, la qualité de conjoint est retenue comme circonstance aggravante en cas de violences conjugales, et la jurisprudence reconnaît le viol conjugal.
Selon l'article article L.222-24 du Code pénal, le viol est puni de vingt ans de réclusion criminelle.
A voir la durée de la peine, 20 ans la plainte du viol dans le mariage est un instrument de rupture des couples.
5. Les couples chrétiens
En France la Cour de cassation a reconnu pour la première fois le 5 septembre 1990 le crime de viol entre époux. La reconnaissance de cette notion n'ayant «d'autre fin que de protéger la liberté de chacun»,
Mais il faut noter que la protection de la liberté de chacun peut aussi légalement ouvrir une boîte de pandore à ceux qui veulent causer du tort à leur partenaires pour plusieurs raisons : lassitude après de longues années de mariage, le dégoût, la recherche d'une herbe plus verte, la volonté de bénéficier seul d'un bien immobilier dont le crédit touche à la fin, la vengeance d'une humiliation vécue, l'influence des amis, des collègues, de la famille etc.
Pour les chrétiens, souvenons-nous que par le mariage, l'homme et la femme deviennent une seule chair. Genèse 21 :24. Et in fine, personne ne peut faire du mal à lui-même. Donc celui qui viole sa femme se viole lui-même. Concernant la sexualité, relisons tous I Corinthiens 7 :2-5.
la personne qui peut prouver la contrainte, l'absence de consentement et le caractère imposé d'une relation sexuelle est bien, aux yeux de la loi, victime de viol.
A mon humble avis, la difficulté procède du fait que tout ceci se passe en intimité. L'absence de consentement ne veut pas nécessairement dire refus catégorique et vociférations. Même dans pareilles situations, le mari peut croire aux caprices des femmes et être surpris plus tard par la plainte déposée par son épouse.
Profiter donc des opportunités que nous donnent la loi et livrer son partenaire à subir 20 ans de prison est-il en adéquation avec les 15 clés de l'amour ? I Corinthiens 13 :4-7
Imaginons-nous les conséquences d'une pareille décision sur l'éducation de nos enfants ?
Les tontons et les frères en crise, véritables main invisible à l'ADAM SMITH et toujours prêts à combler le vide, remplacent-ils d'abord valablement le papa traîné dans la boue par celle qui l'appelait jadis mon cœur ? Remplacent-ils ensuite ce papa humilié et diabolisé par les proches qui l'adulaient ? Remplacent-ils enfin ce parent neutralisé par la justice et mis au frigo pendant une vingtaine d'années?
Le mariage n'est-il pas un idéal à atteindre pour toute femme ? Une femme seule a-t-elle dans la société plus de prépondérance que celle mariée ? Répondons silencieusement du fond de notre cœur à cette question.
Non, chers frères, ne « violez » plus vos femmes, cela est contraire à Ephésiens 5 :25-31. Aimez-les, aimez-les et aimez-les.
Non chères sœurs en Christ, distinguez-vous de chairs en crises. Ne dites donc plus que vous êtes violées, soyez plutôt soumises à vos maris comme au Seigneur. Cela nous est recommande dans Ephésiens 5 :22-24
Chers frères et chères soeurs, sachez que l'amour et la soumission marchent ensemble parce que dans I corinthiens 11 :11 la femme n'est point sans l'homme ni l'homme sans la femme car la femme a été tirée de l'homme et l'homme existe par la femme.
Que Dieu vous bénisse
Pasteur Aimé Désiré BAKULUBAKISA 5
Bibliographie
§ Catherine Morbois, Marie-France Casalis, L'Aide aux femmes victimes de viol, L'Esprit du Temps, 2002, 131 pages (ISBN 2-913062-92-X) ;
§ Randy Thorpe Hill, Craig T. Palmer, Histoire biologique du viol : comprendre pour mieux se défendre, Favre, 2002, dossiers et témoignages, 325 pages (ISBN 2-8289-0693-0) ;
§ Samira Bellil, Dans l'enfer des tournantes, Gallimard, coll. « Folio documents », 2003, 307 pages (ISBN 2-07-042990-3) ;
§ Georges Vigarello, Histoire du Viol, XVIe - xxe siècle, Seuil, coll. « Univers Historique », 1998, 287 pages (ISBN 2-02-026266-5) ;
§ Gérard Lopez et Gina Piffaut-Filizzola, Le viol, Que sais-je ?, PUF, 1993, 127 pages ;
§ * Sexologie n° 31 juin 2008§ Véronique Cormon, psychologue, psychothérapeute, Journal international de victimologie : "Viols et métamorphoses" ;
§ La bible, Louis Segond 1910
samedi 26 novembre 2011
Pour un genre gramatical universel
C'est pourquoi je propose l'introduction d'un troisième genre à la langue française. Non pas comme en allemand un genre neutre, mais un genre "universel". Non pas ni masculin ni féminin mais à la fois masculin et féminin. Il désignerait soit un collectif comprenant des individus féminins et masculins, soit des réalités valables autant pour le féminin que pour le masculin (les droits de l'Humain).
Ellil s'agit d'inventer. Un de mes professeurres de français nous disait que la langue est façonnée par les poètains. Avec les mots et avec la grammaire ellils créent une certaine manière d’appréhender le monde. Proposer une manière de dire les relations humaines sans domination du genre masculin sur le genre féminin est donc une entreprise poétique. Une entreprise ambitieuse mais non pas prétentieuse. Une proposition, un essai. Que d'autres s'en emparent. Qu'ellils élaguent ce qui ne leur plaît pas, soit que cela sonne mal à l'oreille, soit que cela choque à l'oeil. Qu'ellils innovent plus loin encore si nécessaire.
Pour inventer un genre universel, ellil manque à la langue des mots et des règles, d'accord et de conjugaison en particulier. Ma méthode est de modifier le moins possible l'état actuel de la langue, orthographiquement et phonétiquement. Mon intention est de contrecarrer au plus l'habitude de faire primer le masculin sur le féminin. Car cette habitude n'est pas que langagière, elle est aussi une habitude de pensée, un mode de relation entre femmes et hommes. Le langage rend un arbitraire évident. Mais ellil ne s'agit pas de perpétuer une logique de hiérarchisation des genres, même inversée. Cependant s'ellil n'y a pas d'autre solution que de mettre en avant un genre sur l'autre, je privilégierai le féminin. C'est pourquoi je propose déjà de former le pronom personnel de genre universel à la troisième personne par un mot valise fait de la juxtaposition elle/il, donc "ellil".
Pour les noms désignant des choses, je propose de garder les genres arbitraires tels que nous les recevons. Pour les noms désignant des êtres sexués dont on peut parler comme généralité incluant les deux sexes, il faut définir une forme universelle à chacun de ces mots. Je propose d'abord quelques règles pour les inventer.
- Si le nom est déjà épicène, il ne change pas au genre universel (ex: adulte, juge, maire, etc.)
- si le nom est phonétiquement épicène, faire en sorte qu'il se prononce de la même manière à l'universel, mais marquer orthographiquement le genre universel (ex = U: engagéé; F: engagée; M: engagé)
- si le masculin et le féminin se prononce différemment, inventer une prononciation différente.
- faire en sorte que l'on retrouve autant que possible à égalité l'orthographe et la prononciation du féminin comme du masculin. L'universel manifeste la complémentarité de l'un et l'autre. (ex: "unë"; on retrouve la prononciation "in" du masculin; le "ne" final du féminin)
- s'il existe un mot qui est déjà employé avec une valeur universelle, il devient le nom au genre universel. (ex: unë humain, une femme, un homme; noter qu'ici "unë humain" se prononce exactement comme jusqu'à présent "in-n'umin")
- faire de l'archéologie linguistique; puiser dans l'ancien français (notamment les mots dans leur cas régime à l'époque où il était encore en usage _ par exemple U: institutor; F: institutrice; M: instituteur);
- s'inspirer des langues étrangères proches qui sont des sources traditionnelles de mots importés (occitan, italien, espagnol, latin, anglais _ ce qui serait aussi le cas des mots en -eur/-rice: Ambassador, ambassadrice, ambassadeur) et des formes dialectales des langues d'oil;
- Pour les consonnes finales seules au masculin, suivies d'un e muet au féminin, je propose de doubler la consonne, comme si on avait apposé la consonne seule du masculin à la consonne avec le e muet du féminin (amicalle, amicale, amical; vertte, verte, vert; grandde, grande, grand). On peut envisager de prononcer différemment la consonne redoublée dans le cas où la consonne seule est amuie.
- On pourra privilégier des orthographes utilisant le tréma. Les deux points faisant écho aux deux accents aigus consécutifs du participe passé universel (-éé). Le tréma apparaît aussi dans les articles définis (laë; mot valise la-le, prononcé "la-heu") et dans l'article indéfini (unë).
- Quand il s'agit de créer phonétiquement un mot, on pourra avoir recours au son "in", orthographié "ain" pour des réalités humaines, pour faire écho à "humain" qui devient l'universel de "femme" et "homme"; et orthographié "in" pour le règne animal, pour profiter de termes génériques existants et usités qui peuvent être converti tel quel en universel (U: bovin; F: vache; M: taureau. U: ovin; etc.).
Ellil est également nécessaire de définir des règles d'accord de l'universel, notamment pour les adjectifs et le participe passé:
- -éé; pour les verbes du premier groupe (engagéé; engagée; engagé)
- -ï; pour les verbes du second groupe (finï; finie; fini)
- pour les verbes du troisième groupe voir ICI
Voici quelques articles et mots les plus courants, à l'universel:
- l'article défini: läe (prononcé "la-eu"); dula (du ; de la)
- l'article indéfini: unë (prononcé "in-ne")
- l'article possessif: mäon, täon, säon
- l'article démonstratif: ceute
- quell (laëquell)
- toutse; toute; tous
- aucunë; aucune; aucun
- humain; femme; homme
Comme boîte à outil: les féminins des noms répertoriés par l'ATILF.
Le principal dans cette entreprise, c'est d'illustrer par des textes de tout style et de tout ordre ce que serait un français vivant avec un genre universel.
En voici quelques exemples:
- Déclaration Universelle des Droits de l'Humain
- Toute femme est une pute virtuelle
- La France est une grande puissance
- viol entre épouxes