"Toute femme est une pute virtuelle, tout homme un client en puissance. "
"Pute"; Isabelle Alonso
Yl y avait beaucoup de monde à la cafétéria, comme souvent à cette heure de la journée. Un groupe occupait la table centrale à laquelle on avait ajouté, pour asseoir chacunë, une des petites tables habituellement près de la fenêtre. Des amuse-bouches, une bouteille de champagne ou de mousseux, sûrement qu'ellils fêtaient une publication acceptée.
Sur les coussins rouges en forme de S qui entouraient des tables basses le long de la baie vitrée donnant sur la terrasse étaient assisses deux femmes et trois hommes. Un des hommes, très jeune, sûrement un étudiant, et les deux femmes portaient les badges prévus pour les visiteurzes. Les deux autres hommes étaient des collègues que je connaissais seulement de vue. Ils étaient tout les deux assis avec assurance. Les deux pieds posés à plat sur le sol, les jambes écartées, les coudes appuyés sur les cuisses. Ils regardaient la jeune femme au cheveu brun bouclé assise en face d'eux. Celle-ci parlait le plus. Les genoux serrés, les mollets tendus, seules les pointes des pieds touchaient le sol. Son dos droit, elle était assise sur la pointe de ses fesses. Elles faisaient de grands gestes saccadés, mais toujours ses mains revenaient comme en position de prière, jointe devant sa poitrine. Elle parlait fort, bien que sa voix ne semblait pas habituée à tenir un tel volume. La nervosité qui transparaissait à travers son débit et ses intonations rendait la mélodie de son discours désagréable. On n'entendait pas ses comparses. Ellils hochaient souvent de la tête à ses dires. Mes collègues intervenaient souvent. Leurs voix basses n'avaient pas besoin d'être forcée pour porter.
Je m'asseyais dans le coin de la cafétéria, au seul endroit où yl restait encore de la place. En attendant que mon déjeuner chauffe au micro-onde, je m'imaginais l'implicite de leur conversation.
L'étudiant
Nous étions assisses autour de la table. La discussion s’éternisait. J’avais du mal à la suivre tant elle me donnait l’impression de tourner en rond. Comme souvent quand la conversation est en anglais, mon attention se porta sur d’autres échanges que celui des mots et des idées. Je m’imaginais être comme unë éthologue observant une horde de gorilles. Ce qui se jouait dans cette salle de réunion n’avait rien à voir avec la science quoique mes collègues et nos collaborateurs formulaient hypothèses et plan d’expérience, interprétations et questions de méthodes. Ce qui se jouait était évident à partir du moment où je me déconnectais du sens des mots pour ne plus suivre que les intonations et le jeu des corps.
La jeune femme au cheveu brun bouclé.
« Est-ce lui qui ne comprend pas ou bien moi qui suis totalement gourde ? C'est la troisième fois que je lui explique comment j'ai obtenu ces résultats. Il faut absolument que je garde mon calme. Ah! ce que je regrette qu'Alberto mon chef ne soit pas venu avec moi. Pendant la réunion pour établir notre collaboration, il suffisait qu'il acquiesce à ce que je disais pour que ces deux-là comprennent, ou semblent comprendre... En tout cas entre temps, ils ont tout fait faux. Et ils sont censés être les experts en modélisation informatique. Mais même moi qui passe mes journées à la paillasse je vois bien que leur programme ne traite pas comme il faut mes données. Justement, je me tue à leur expliquer qu'yl ne fallait pas tout normaliser avec le dosage des patients sains, mais qu'yl fallait normaliser chaque échantillon avec le contrôle interne. »
Le Collègue
« Elle fait vraiment chier cette gonzesse. D'accord, on a merdé en normalisant tout sur les sujets sains plutôt que sur les contrôles internes. Mais qu'est-ce qu'elle a à insister ? Elle veut quoi ? Qu'on se prosterne devant sa grande intelligence ? Qu'on s'excuse ? Qu'on reconnaisse notre erreur ? Je te jure, ces bonnes femmes, dès qu'elles prennent de l'ascendant, elles trouvent toutes les occasions pour le faire sentir. Elle est même pas belle. Bon mignonne, baisable. Mais elle s'habille comme un boudin. N’empêche, je me la ferai bien quand même. Elle me fait un peu penser à cette pute qui m'a sucé l'autre jour au Caligula. Oh ! C'était top ça. On a pas encore ça en Suisse des « Flate Rate Bordels ». Pour 90€, toutes les filles que tu veux comme tu veux pendant toute la nuit ! Et la bière comprise ! Berlin, c'est la ville de la liberté sexuelle. Et cette pouffiasse qui fait sa Marie Curie, je la croiserais au Caligula, elle crierait sur un autre air avec moi ! Tiens je crois que Tobias pense à la même chose que moi en ce moment. Vu son petit sourire. C'est son petit sourire de « je vais la baiser celle-là ». Faut dire que lui, elle ne l'a pas que sucé, la pute du Caligula qui ressemblait à cette pimbèche. Moi j'avais préféré passer du temps avec la noire. J'avais envie d'en prendre une par le cul. Ce n'était pas compris dans le forfait. Il fallait payer un extra, et c'est celle qui le faisait pour moins cher. Et il y avait aussi la française. Je parle un peu français. J'ai essayé de faire mon intéressant en lui disant quelques mots. J'ai dû perdre depuis le collège. Elle m'a regardé avec des yeux vitreux, puis elle m'a fait un grand sourire avant de descendre ma braguette. Un française* française, la classe ! Bizarre quand même son sourire avec les mêmes yeux vides. Peut être qu'elle réfléchissais encore à ce que je lui ai dis dans sa langue. Je l'ai encore baisé après ça. J'ai même pu retirer discrètement la capote pendant. Elle a rien remarqué. Ou alors elle était gentille avec moi. J'aurais pu le lui demander, mais il aurait fallu aussi payer un extra pour baiser sans capote. Et j'avais déjà craché pour enculer l'autre. Il fallait que je me garde des sous pour le chiche kebab à la sortie ! Parce que ça creuse de contenter toutes ces dames ! Il faut refaire le plein pour les couilles ! Elle était vraiment gentille cette française. Je crois qu'elle m'avait à la bonne. Il faudrait qu'on trouve un moyen pour retourner à Berlin, il y a souvent des colloques là-bas. Attend, la dernière fois, la directrice nous avait envoyé présenter la plate-forme à Stockholm. Comme on s'y était fait chier ! En tout cas heureusement qu'on m'avait averti que là-bas on pouvait aller en prison si on demande une passe à une péripatéticienne. Du coup on est resté toute la soirée à louser devant la télé. Même pas de chaîne porno dans l'hôtel ! Si jamais j'y retourne, il faut que je pense à télécharger ce qu'il faut sur l'ordi. Mais je préfère encore ne pas y aller. Ici, je peux encore me taper la pute que je veux, même si c'est pas aussi fun qu'à Berlin. Ce week-end, j'irais bien à Zurich. J'ai lu sur un forum qu'il y avait de nouvelles hongroises de 16 ans. Au moins, ici en Suisse on peut se taper des vraies jeunes!»
à suivre...
Notes:
Ce texte est rédigé en utilisant le genre universel.
* Fellation se dit en allemand "Französich"
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