Chrétien, c'est à dire disciple de
Jésus-Christ, je ne me définis cependant plus comme "croyant".
Pour la bonne et simple raison que je ne crois pas. Je pourrais
presque dire que je ne crois en rien. Pour être tout à fait
honnête, je ne crois en rien de définitif. Car ce qui fait de moi
un chrétien, c'est autre chose que de croire en quoique ce soit, et
parmi les chrétienës qui se définissent comme croyanttes, s'ils
sont d'authentiques disciples du Christ c'est malgré leurs croyances
plutôt que grâce à elles. Car ce que nous disons, nous chrétienës,
en récitant le "credo", ce n'est pas un système de
croyance, c'est une formulation de notre Foi. Ce qui compte, c'est la
Foi. Et c'est bien malheureux que ces beaux textes (il existe deux
credo "officiels", comme quoi il y a plusieurs manières
historiques d'exprimer la Foi) commencent par le verbe "je
crois", laissant croire par le titre qu'ils ont pris que
l'affaire qu'ils traitent serait la croyance. La Foi à bien des
égards est en opposition avec la croyance. Le verbe croire en tout
cas est vidé de toute fécondité s'il n'est pas dit dans un élan
de Foi, et ce qui compte, c'est bien plus la Foi qui le porte. Pour
beaucoup, la croyance, la formulation exiguë de ce en quoi on croit,
a complètement asséché la dynamique de Foi qui à l'origine avait
suscité telle ou telle formulations.
Alors essayons de penser la foi sans verbe croire. La langue française nous permet encore de retrouver les verbes, substantifs et adjectifs qui devraient être l'environnement conceptuel naturel quand on parle de Foi. Il ne devrait pas y avoir à proximité du moi Foi des mots comme "dogme", "certitude", "conviction", "religion", "orthodoxie", "orthopraxie", "liturgie", etc... Les mots qui font famille avec la Foi sont "se fier à", "avoir confiance en", "faire confiance", "être confiant", "se confier"... On voit d'ailleurs que ce sont des mots qui se posent difficilement seuls, ils nous viennent à la bouche dans une dynamique, dans la dynamique d'une relation. La Foi est affaire de relation, c'est une qualité de relation, une dynamique de relation. Tout au plus le mot "fidèle" est un peu terni dans le sens commun, qu'il soit associé aux affaires de cœur desquelles beaucoup pense que la fidélité en serait une forme ringarde, alors qu'elle est à mon avis la forme de l'amour la plus passionnée, puisqu'il prend le risque de toute la vie; ou bien qu'il soit associé aux fidèles d'une religion, qu'on voit comme des moutons (ouailles) sans pensée critique. Mais je revendique pour moi cette désignation: je suis un fidèle! Et puis il y a ce mot magnifique dans ce qu'il désigne comme dans sa sonorité: "fiançailles". Et en négatif, les antonymes disent aussi l'enjeu de la Foi: défiance, méfiance disent les mode de relation les plus morbides.
En relisant la Genèse, chapitre 2 et 3, avec cette méditation autour de la Foi, j'en suis venu à la conviction que l'histoire dite de la chute dans le jardin d'Eden, où Augustin y a vu le début d'un prétendu "péché originel", cette histoire parle en fait de la rupture de la Foi entre l'Humain et laë Divain d'une part, et entre l'Homme et la Femme d'autre part. Le serpent n'apporte pas la tentation, mais introduit la méfiance envers la parole de Dieu. Ce que Dieu a créé, y compris les limites, les interdits, ne seraient pas pour le bonheur de l'Humain mais pour son malheur ou du moins son humiliation. Une lecture machiste de ce texte voit que la Femme serait la première à "succomber". Une lecture attentive montre qu'Adam est tout à côté au moment du dialogue entre Eve et le serpent. Eve, elle au moins résiste un temps, aux insinuations du serpent. Une fois la méfiance introduite, la relation entre Adam et Eve est pervertie. Non seulement l'Humain se méfie dula Divain, mais aussi il y a de la méfiance entre Homme et Femme. La violence à laquelle l'humanité est punie à la fin de ce texte n'est pas une punition divine, contrairement à ce qu'on en conclue généralement. Il s'agit pour moi de la conséquence "logique" de la méfiance: la violence; violence entre hommes et femmes, violence entre l'humanité et son environnement...
Alors essayons de penser la foi sans verbe croire. La langue française nous permet encore de retrouver les verbes, substantifs et adjectifs qui devraient être l'environnement conceptuel naturel quand on parle de Foi. Il ne devrait pas y avoir à proximité du moi Foi des mots comme "dogme", "certitude", "conviction", "religion", "orthodoxie", "orthopraxie", "liturgie", etc... Les mots qui font famille avec la Foi sont "se fier à", "avoir confiance en", "faire confiance", "être confiant", "se confier"... On voit d'ailleurs que ce sont des mots qui se posent difficilement seuls, ils nous viennent à la bouche dans une dynamique, dans la dynamique d'une relation. La Foi est affaire de relation, c'est une qualité de relation, une dynamique de relation. Tout au plus le mot "fidèle" est un peu terni dans le sens commun, qu'il soit associé aux affaires de cœur desquelles beaucoup pense que la fidélité en serait une forme ringarde, alors qu'elle est à mon avis la forme de l'amour la plus passionnée, puisqu'il prend le risque de toute la vie; ou bien qu'il soit associé aux fidèles d'une religion, qu'on voit comme des moutons (ouailles) sans pensée critique. Mais je revendique pour moi cette désignation: je suis un fidèle! Et puis il y a ce mot magnifique dans ce qu'il désigne comme dans sa sonorité: "fiançailles". Et en négatif, les antonymes disent aussi l'enjeu de la Foi: défiance, méfiance disent les mode de relation les plus morbides.
En relisant la Genèse, chapitre 2 et 3, avec cette méditation autour de la Foi, j'en suis venu à la conviction que l'histoire dite de la chute dans le jardin d'Eden, où Augustin y a vu le début d'un prétendu "péché originel", cette histoire parle en fait de la rupture de la Foi entre l'Humain et laë Divain d'une part, et entre l'Homme et la Femme d'autre part. Le serpent n'apporte pas la tentation, mais introduit la méfiance envers la parole de Dieu. Ce que Dieu a créé, y compris les limites, les interdits, ne seraient pas pour le bonheur de l'Humain mais pour son malheur ou du moins son humiliation. Une lecture machiste de ce texte voit que la Femme serait la première à "succomber". Une lecture attentive montre qu'Adam est tout à côté au moment du dialogue entre Eve et le serpent. Eve, elle au moins résiste un temps, aux insinuations du serpent. Une fois la méfiance introduite, la relation entre Adam et Eve est pervertie. Non seulement l'Humain se méfie dula Divain, mais aussi il y a de la méfiance entre Homme et Femme. La violence à laquelle l'humanité est punie à la fin de ce texte n'est pas une punition divine, contrairement à ce qu'on en conclue généralement. Il s'agit pour moi de la conséquence "logique" de la méfiance: la violence; violence entre hommes et femmes, violence entre l'humanité et son environnement...
La Foi n'est pas forcément reliée à
une religion, mais à une relation. Dans le cas de la religion
chrétienne, la Foi est reliée aula Divain révéléé par
Jésus-Christ et à l'histoire humaine qui porte cette révélation.
Être unë fidèle chrétienë, c'est vivre dans cette Foi. Cela n'a
rien à voir avec une soumission imbécile à un corps de dogmes. De
manière analogue, être fidèle en amour, c'est avoir Foi en l'amour
de l'autre et dans sa propre capacité à aimer. Il n'y a là rien à
voir avec une préservation obsessionnelle d'une relation exclusive.
Dans les deux cas, en amour comme en religion, le sens donnée à la
fidélité a été détournée parce qu'on a oublié la dynamique de
Foi pour ne plus voir que des formalismes : adhésion explicite
à un corps de doctrine dans un cas, maintien d'une relation
exclusive dans l'autre. Or dans l'un comme l'autre cas, se comporter
strictement selon le formalisme supposé de la fidélité peut
correspondre à un mouvement intérieur exactement contraire à la
fidélité. Pour avoir côtoyé des individus fondamentalistes de
différentes religions, et même s'identifiant à des convictions
philosophiques athées ou agnostiques, j'ai trouvé chez toutses le
dénominateur commun d'un manque flagrant de foi. Leur agressivité à
s'accrocher à des convictions formelles et à les imposer autour
d'elleux est un moyen de calmer leurs peurs, leur besoin de maîtrise
sur leur environnement et leur entourage. Ce faisant, ellils
trahissent de la manière la plus radicale possible ce qu'ils croient
défendre. Dans le cas de la Foi chrétienne, celles-et-ceux qui
veulent imposer une organisation stricte de la vie intime à leurs
coreligionnaires ou même à toute la société au nom d'une morale
prétendue héritée de Jésus-Christ font un double
contre-témoignage. Ils trahissent d'une part l'essentiel de ce que
Jésus est venu annoncé : que la Foi donne la Vie. D'autre part
ils flétrissent le mot de Foi et en dégoûtent celles-et-ceux qui
en ont besoin.
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