L'évangile du 10/12/2012 rapportait la
guérison miraculeuse d'un grabataire emporté à travers le toit par
son entourage. J'ai été surpris du dialogue que cela a occasionné
avec les pharisiens, si l'on peut nommer dialogue les déclarations
de Jésus en réponse aux pensées non formulées de ceux-ci1.
Jésus pardonne d'abord les péchés du grabataire. Suite à quoi Il
suppose que les pharisiens considèrent cet acte impossible sinon à
Dieu. Pourquoi est-ce aussi incroyable de se permettre de pardonner
tous les péchés d'un homme ? Héritiers d'une longue tradition
chrétienne nous avons l'habitude que les péchés soient pardonnés.
Peut être ne savons-nous plus tout à fait ce qu'est un péché ?
Qu'il soit incroyable qu'ils puissent être pardonné par une parole
humaine peut peut-être nous aider à retrouver le sens profond des
péchés. Cette difficulté à croire le pardon des péchés fait
penser à la difficulté à croire en la résurrection. Et si les
péchés étaient comme de petites morts. Leur pardon est aussi
miraculeux que de permettre à un paralysé de marcher, que de
redonner vie à un homme mort et enterré depuis trois jours.
D'entendre les péchés comme des
petites morts pourraient aussi nous aider à relire le péché
archétypal du troisième chapitre de la Genèse. Le péché n'est
pas d'avoir mangé le fruit et par là avoir bravé un interdit. Ce
n'est pas comme un petit enfant qui aurait désobéi. Le péché,
c'est le fait qu'à travers cet acte se manifeste que l'homme et la
femme n'ont plus confiance dans la parole divine, ils ont même peur
d'Ellui au point de se cacher d'Ellui. Car après cette méditation,
l'interdit de manger du fruit de « l'arbre de la connaissance
de ce qui est bon ou mauvais2 »
se révèle comme autre chose qu'un interdit arbitraire comme je le
pensais jusqu'à présent. Cela ne cessait de m'étonner, si le
Seigneur dans la suite de la révélation a eu à cœur de proposer
une éthique aux humains, pourquoi la cause de la chute aurait été
un interdit de disposer d'un sens moral ? Car en effet les dix
paroles commencent par des une présentation dela Divain et de son
juste culte pour aboutir à des interdits qui garantissent la justice
entre humains. Mais toutes ces paroles se rapportent à des
relations, relation àla Divain puis aux humains. La connaissance de
ce qui est bon et mauvais serait au contraire un solipsisme. L'être
qui prétendrait en disposer serait juge de ses actes sans avoir à
en référer à autrui, sans avoir à écouter, à considérer
l'effet qu'il produit sur autrui, etc. Et en effet c'est ainsi que
läe Divain explique son interdit : « car, du jour où tu
en mangeras, tu devras mourir ». Un individu dans cet état de
juge absolu, absolument autonome de toute relation avec autrui, ne
serait plus de fait un être vivant, car la Vie est absolument une
ouverture à l'Autre. Le récit de Genèse 2 montre bien comment on
en vient à cette mort. Le serpent met en doute la parole divine. La
Femme résiste. L'homme est là au côté de la femme sans prendre
partie. La femme succombe finalement à la méfiance instillée par
le serpent. L'homme suit sa femme. Ils se considèrent chacun seul
juge du bien et du mal. Sans avoir à en parler ellils concluent de
leur état de nudité que cela est mal, et ellils se cachent. Ellils
se cachent l'unë à l'autre. Et ellils se cachent du regard dela
Divain. La méfiance serpentine a gagné, les individus se trouvent
enferrés dans un solipsisme moral et existentiel. Ellils se croient
être devenu « comme des dieux ». Alors que le Dieu de
Vie lui même a besoin de nous, Ellui qui sort d'Ellui-même pour
aller à notre rencontre, qui nous cherche.
La petite mort du péché, fille de la
méfiance, a eu lieu. A partir de ce point, c'est presque par
enchaînement logique que la Grande Mort s'inscrit dans l'humanité.
Ce manque de foi dans le fait que le dépérissement organique d'un
individu représenterait la fin d'un monde.
Les péchés sont donc ce qui nous
coupent de la foi, de la confiance en la vie, de l'envie de
rencontrer l'autre, du goût d'aimer son prochain, etc. Pardonner les
péchés restaure l'humain dans la Vie. Rien ne peut le couper
définitivement de la Vie. Pas même la grande mort, puisque nous
sommes promis à la résurrection. Le sacrement de la réconciliation
figure bien parmi les sacrements essentiels de l’Église.
1Lc
5, 17-26
2Gn
2, 17
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