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7 Mai – Cartagena
Après un week-end
passé à Paris pour participer à la marche pour la 6ème République,
je rejoins avec ma belle-famille Cartagena pour assister à l’arrivée de la
marche. De la marche de Paris, j’ai ramené un drapeau du Front de Gauche que
nous laissons flotter au côté du drapeau républicain. Nous sommes plus d’une
centaine à attendre la marche à l’entrée de la ville, entre le port industriel
et la promenade sur la mer du centre-ville. Carthagène est un vieux port au
fond d’une grande calanque. Son site rappelle un peu La Ciotat, ou même
Marseille. D’un côté de la rade, trois
navires militaires, de l’autre côté les grues d’un chantier naval. La marche
arrive. Ils sont aujourd’hui plus d’une centaine. Comme à chaque entrée de
ville, le comité d’accueil et la marche se mêlent dans les embrassades, les
applaudissements et les slogans.
Puis nous prenons ensemble la direction du
parlement de région. Arrivée dans le centre-ville piétonnier, la marche
rassemble plusieurs milliers de manifestants. Nous traversons la rue
commerçante. Les gens qui nous regardent passer sont pour la plupart des gens
aisés, ou plus. Nous ne ressentons pas d’antipathie de leur part, ou rarement,
contrairement à ce qu’on aurait pu craindre. Peu suivent l’admonestation scandée
de temps en temps par les manifestants « Unite, no nos mire ! »
(Rejoins-nous, ne nous regarde pas), mais beaucoup hochent la tête en
assentiment devant nos slogans et pancartes. Nous ne suivrons pas jusqu’au bout
la marche. Il nous faut rentrer donner à manger à notre fille qui est déjà
fatiguée. Mais je suis heureux d’avoir pu rejoindre ces amis de marche pour
leur arrivée. Comme à Murcia au milieu des milliers de manifestants du 1er
Mai, ils ont été ici accueillis dignement. Au-delà des conséquences concrètes
que pourrait induire cette marche, elle est déjà une réussite en un sens :
celles et ceux qui l’ont faite ne sont plus des individus humiliés par le
chômage, isolé les uns des autres et confrontés au regard méprisant ou
condescendant de leur entourage, ce sont des femmes et des hommes qui se savent
être des êtres humains en marche, qui ne sont pas seuls face à ce à quoi
elles/ils sont confrontés, cette tricherie des dominants qu’ils nomment crise.
Entre les étapes
de la marche contre le chômage et la précarité que j’ai suivi d’Archena à
Murcia, la marche pour la 6ème République et cette arrivé à
Cartagena, j’ai l’impression cette semaine d’avoir participé à une seule et
même marche qui a lieu à travers toute l’Europe. Une même marche qui peut avoir
la forme de petit ruisseau comme quand nous étions une vingtaine sous la pluie
torrentielle, voire même avoir la forme d’une rembla à sec, en surface, comme
quand je discutais il y a quelques mois avec Antonio, conseiller municipal IU d’Archena,
qui me paraissait tellement fatigué et sans perspective dans son action
politique, puis prendre la forme de fleuves puissants qui mènent vers l’immensité
des océans.
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