mercredi 24 octobre 2012

Tous pour le mariage. Moi aussi! et pourtant...

En réponse à une sollicitation pour signer cette pétition: http://www.tous-pour-le-mariage.fr/




1) "mariage = un homme + une femme".
a) La forme mathématique, comme une équation, de l'affirmation est en soi polémique. Comme si le mariage pouvait être défini de manière aussi évidente, en tout cas aussi simple et sûre, qu'une démonstration mathématique. Il suffirait de faire l'histoire de l'institution du mariage, ou bien faire la comparaison des systèmes familiaux à travers les différentes sociétés humaines (la discipline scientifique s'appelle "anthropologie") pour montrer à quel point il n'en est rien. Si on veut essayer d'extraire les "fonctions" que le mariage réalise, on pourrait lister la procréation, l'encadrement de la vie sexuelle, l'institution d'une unité économique, la création d'un lien de solidarité, etc. Or pour chacune de ces fonctions, on pourrait montrer qu'en d'autres temps et en d'autres lieux, elle a été réalisé indépendamment du mariage, et sans forcément engager un homme et une femme.
b) Même dans le cadre restreint de l'histoire des sacrements catholiques, l'institution du mariage comme un des sept sacrements n'est pas évidente. Il est d'ailleurs un des sacrements à avoir été institué comme tel le plus tardivement, vers le XIIIe siècle. L'Eglise primitive a préféré le célibat consacré au mariage. Ce fut d'ailleurs une des causes de persécution pour les premiers chrétiens que de refuser le mariage. Et pour bien comprendre qu'il y a une continuité entre ce combat des martyrs des premiers siècles pour la liberté de ne pas se marier et le mariage chrétien tel que deux milles ans de théologie chrétien l'ont sophistiqué, il faut envisager que ce qui est en jeu dans ce mariage chrétien n'a rien à voir avec le mariage romain, pour lequel l'équation "1 homme + 1 femme" est effectivement central.
c) Le mariage païen de l'empire romain est un mariage formel, qui ne se préoccupe pas de sentiment entre conjoints. Il s'agit de créer une institution sociale stable qui permette de faire des enfants mâles dont on est sûr qu'ils sont les fils de leur père, et de finalement transmettre le patrimoine et le pouvoir politique. Les pères choisissaient pour leurs enfants leurs conjoints respectifs. On voit des reliques de cette forme jusqu'en notre temps, dans les dynasties royales par exemple. Le mariage chrétien est en opposition totale avec ce principe qui nie la liberté des individus pour les soumettre au pouvoir arbitraire d'un Pater familias, lui même guidé seulement par des considérations économiques et politiques. Le rituel du mariage chrétien insiste sur la liberté et la volonté réciproque des épouxes dans leur engagement l'un vis à vis de l'autre. Si on démontre que l'unë des épouxes a été forcé à consentir au mariage, le mariage est invalide, selon le droit canon. C'est l'institution juridique romaine qui insiste sur la présence d'un homme et d'une femme pour le mariage.
d) Le mariage chrétien trouve ses racines dans la tradition biblique. En particulier dans l'intuition qu'ont eu plusieurs générations de prophète de l'ancien testament qui comparèrent l'amour de Dieu pour l'Humanité avec des épousailles. On en trouve le témoignage le plus beau dans le livre du Cantique des cantiques. Le plus ancien livre biblique qui témoigne de cette théologie est celui d'Osée, le prophète qui pour symboliser l'amour que Dieu portait à son peuple a épousé une femme prostituée, Gomer. De par mon engagement au Nid, j'ai beaucoup médité le livre d'Osée. Il montre comment les amours humaines peuvent nous faire envisager de quelle amour Dieu nous aime. Mais aussi et surtout il nous montre comment les difficultés que rencontrent les couples dans leurs amours peuvent nous enseigner aussi sur les difficultés que tout croyant connaît pour s'abandonner à l'amour de Dieu. En particulier ce qui est dévoyé dans la prostitution: faire payer pour de l'amour, permet aussi de comprendre comment toute religion qui fait payer, ou qui cherche dans la pratique religieuse à obtenir rétribution, est aussi dévoyée vis à vis de l'a Foi authentique que la prostitution vis à vis de l'amour authentique. Dans cette perspective, je ne vois pas en quoi l'amour que se portent deux hommes l'un à l'autre, ou deux femmes l'une à l'autre, serait moins à l'image de l'amour de Dieu pour l'Humanité; ni en quoi les difficultés que connaissent une femme et un homme dans leur amour réciproque serait moins à l'image des difficultés que connaît l'humanité pour accueillir l'amour de Dieu.
Conclusion du 1) La question de savoir si le mariage implique un homme et une femme n'est pas central, en particulier si on parle de mariage chrétien. Le mariage chrétien est un sacrement, il s'agit d'un témoignage de Foi. Il s'agit en quelque sorte d'une "petite" incarnation de l'amour que Dieu porte à l'humanité, et à travers les difficultés que vivent dans leur amour les épouxes l'un pour l'autre, ellils récapitulent les difficultés que connaissent les croyant pour accueillir l'amour de Dieu. La question de savoir si ce couple aimant réuni un homme et une femme me parait secondaire. Je pourrais montrer que, contrairement à une propagande active de nombreux milieu religieux, la Bible ne valorise pas particulièrement le couple hétérosexuel. Elle ne milite pas non plus pour la reconnaissance de prétendu droits pour de prétendus homosexuels (le concept d'homosexualité qui date du XIXe siècle est de toute manière totalement anachronique rapportée à la Bible). Son propos est la Foi, pas la manière dont les humains forment des couples.

Mais alors, la critique qui me paraît la plus pertinente à mon propos, qu'en est il de la fécondité du couple chrétien? Car il est tout à fait vrai qu'une des dimensions fondamentales de la vie d'un mariage chrétien est sa fécondité.

2) Enfant = Père + Mère
a) Je suis toujours surpris de voir les milieux catholiques conservateurs à la fois défendre le célibat des prêtres ET le modèle d'une famille chrétienne produisant de nombreux enfants. Non pas que je critique au niveau individuel ni le choix de rester célibataire "pour le Royaume" ni le choix d'accueillir de nombreux enfants. Je m'élève contre la propension à élever l'un ou l'autre ou les deux options comme les modèles exclusifs de la vie chrétienne bonne. Pour moi, d'autant plus que je l'ai envisager pour ma vie personnelle, le choix de rester célibataire n'est pas un renoncement à être fécond. Et ce n'est pas un hasard si on appelle nos prêtres "père". C'est que nous signifions par là qu'ils ont une fécondité spirituelle. Pour autant, l'accueil de la fécondité spirituelle que nos prêtres apprennent à vivre, il ne s'agit ni d'un palliatif à leur renoncement à devenir des pères biologiques, ni une exclusivité qui leur serait réservée de par un supposé héroïsme. Tout un chacun, d'autant plus dans le baptême, est appelé à être fécond, pas seulement selon la chair, c'est à dire la biologie, mais aussi selon l'esprit, c'est à dire susciter la Foi chez ses contemporainës, autrement dit enfanter säon prochainë à la Foi. Cette première considération sur le jeu de mot entre "père selon l'esprit" et "père selon la chair" montre à quel point la théologie chrétienne s'est affranchie de longue date des déterminants biologiques. Jésus lui même rabroua les gens qui lui rappelèrent que sa mère le cherchait en disant "qui sont ma mère et mes adelphes? Ce sont tous celleux qui écoutent mes paroles".
b) Cela dit au niveau de la spiritualité, la plupart des théologiens et moralistes catholiques me répondront qu'il est dangereux de trop mélanger ce que l'on dit au niveau spirituel et ce que l'on affirme au niveau concret. Pourtant, au niveau des faits sociologiques, il est faux de dire que pour faire un enfant, il faille un homme et une femme. La seconde équation aussi est fausse. Notre sociologie contemporaine nous montre des enfants élevés par leur seule mère, ou par leur seul père, et qui devienne des êtres humains pas plus ni moins équilibrés que tout un chacun. Nous voyons aussi selon les aléas de la vie des enfants élevés par des communautés d'adulte d'un seul sexe, un tel qui est élevé par sa mère et sa grand-mère, tel autre par son père et son oncle. (Il n'est pas la peine de supposer un lien intime basé sur des relations sexuelles entre les adultes qui élèvent l'enfant) Et pour autant ces enfants, bien que sans "modèle paternel" ou "modèle maternel", n'en sont pas moins humains, c'est à dire avec des richesses affectives et avec des difficultés relationnelles comme nous en avons tous. Nous savons pourtant bien que ce n'est pas la biologie, ce n'est pas le fait de partager la moitié de ses gènes, qui fait le lien entre un père et sa fille, entre une mère et son fils. Puisque nous acceptons l'adoption. Et même quand il y a un lien biologique, il faut passer par le processus d'adoption entre unë parent et säon enfant.
c) encore plus dans une perspective chrétienne, il me semble (mais là c'est une réflexion récente chez moi, et qui demande encore à être mûrie) il me semble que quand nous devenons parent, nous sommes tous des Joseph. C'est à dire comme le père "terrestre" de Jésus. Les enfants que nous accueillons, nous savons profondément qu'ils sont Fillsses de Dieu. Cette perspective me parait juste spirituellement parce qu'elle nous apprend que les enfants que nous portons au monde sont destinés à la liberté, sont destiné à devenir ce qu'ils sont, et non ce que nous voulons qu'ils soient, ou ce que nous pensons qu'ils sont, quand bien même nous trouvons dans les traits de leur visage et de leur caractère des ressemblances.

3) Accueillir la Foi chrétienne, ce n'est pas prendre position sur ce que doit être un couple humain.
La Foi chrétienne porte sur notre rapport à Dieu, qui nous envoie dans un rapport d'amour (de charité) vis à vis d'autrui.

Tout un courant de chrétiens conservateurs affirment que la Bible fonde une "anthropologie", c'est à dire une certaine vision de ce que doit être l'humain. Mes connaissances bibliques (partielles certes) me portent à dire que c'est faux. Il n'y pas UNE anthropologie biblique, mais une multitude d'anthropologies à travers les livres bibliques, qui dépendent des auteurs historiques de ces livres. La Bible supporte de réunir plusieurs anthropologies ensemble parce que l'enjeu de la Bible n'est pas de fonder une anthropologie. L'enjeu de la Bible est de témoigner de la Foi, de la quête de la Foi, du combat pour la Foi, de plusieurs générations de fidèles, jusqu'à Jésus Christ, incarnation de Dieu Lui-même. C'est à mon avis dangereux pour l'annonce de la Foi que de la confondre avec le combat pour une idéologie, pour une anthropologie, ou même pour une morale. La Bible assume plusieurs idéologies, plusieurs anthropologies, plusieurs morales, parce qu'on peut rentrer dans un Foi authentique tout en ayant une idéologie différente, un vision de l'Humain différente, un morale différente, etc.

Tout ceci n'est pas une affirmation de certitude, même si c'est de conviction, j'évoluerai certainement à l'avenir par rapport à ces points de réflexion, en écoutant autour de moi, en continuant à méditer les écritures, etc. Ton avis m'aidera.

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