jeudi 31 octobre 2013

31 novembre 2013 : 19 vieux « 343 salauds » en France, 1500 nouveaux abolitionnistes en Allemagne.





Drôle de parallèle dans le calendrier. Le jour où 343 salauds vomissent en France une pétition, expression du pire concentré  de machisme, Emma, revue féministe allemande, lance un appel pour l’abolitionde la prostiution. Un jour plus tard, les « 343 salauds » n’auront réuni que 19 signatures. L’appel contre la prostitution d’Emma en rassemble plus de 1500. J’ai eu la curiosité de regarder les signataires : ellils sont porteurres d’un grand espoir. Ellils sont des quatre coins d’Allemagne, et beaucoup d’Autriche et de Suisse. Quelques signatures d’allemands résidents à l’étranger. Il y a de nombreuxes étudiants et étudiantes, de tous les métiers (juristes, agriculteurres, entrepeneurres, journalistes…), des retraités, des représentants des partis de gauche comme de droite, des représentants des grandes églises, et surtout autant de femmes que d’hommes.

Cela fait plusieurs années que je me désespérais de l’absence de l’abolitionnisme en Allemagne en dehors de la revue Emma. Je me disais qu’il y avait une résignation. Que la loi ProstG qui avait légalisé le proxénétisme en 2002, non seulement a permit l’explosion du nombre de bordels, de clients et de victimes de la traite, mais surtout était parvenu à endormir les consciences et à pourrir les mentalités. Il faut croire qu’une portion notoire du peuple allemand trouve insupportable d’être devenu le pays au million de clients de la prostitution quotidien, aux 700 000 personnes prostituées sur son territoire, majoritairement des femmes, majoritairement originaires de pays étrangers. Il suffisait d’un appel pour faire apparaître cette opposition au système prostitutionnel outre-rhin jusque là invisible et silencieuse.

Rien n’est gagné. Il suffit de voir en France, la violence et la vulgarité des opposants au vote d’une loi qui permettrait de faire reculer concrètement la prostitution, en donnant des outils efficaces pour permettre de proposer des alternatives à la prostitution aux personnes prostituées, en renforçant la lutte contre le proxénétisme, mais surtout en indiquant clairement qui est responsable du système prostitutionnel : le client.

En Suède, une telle loi, appliquée depuis plus de 10 ans a fait reculer la prostitution, dans les fait puisqu’il y a deux fois moins de personnes prostituées alors que dans le reste de l’Europe occidentale sur la même période leur nombre a fortement augmenté, mais aussi dans les mentalités, puisqu’aujourd’hui en Suède une nette majorité de la population, y compris masculine, réprouve absolument l’idée même qu’un acte sexuel puisse être obtenu contre de l’argent. Voter cette loi en France, et surtout l’appliquer avec conséquences, c'est-à-dire avec des moyens attribués aux différentes mesures qu’elle prévoit, donnera un point d’appui encore plus puissant à l’utopie d’une humanité libérée de la prostitution. Ellils sont des millions déjà en Allemagne disponibles pour mener la même bataille qui a mené les abolitionnistes françaisse à la veille du vote de cette loi.

mercredi 23 octobre 2013

Pauvres femmes Ouest-allemandes

Traduction d'un article du journal féministe EMMA.

La nouvelle n’est pas une surprise, mais elle est tout de même choquante. La vague de pauvreté parmi les anciens, annoncée depuis longtemps, est arrivée : les plus pauvres sont les femmes de l’Ouest [de l’Allemagne]. 61% des femmes de l’Ouest doivent vivre avec moins de 600€ par mois, mais seulement 25% des hommes de l’Ouest, 28% des femmes de l’Est et 7,5% des hommes de l’Est. Indépendamment de la différence de genre, qui fait que deux fois plus de femmes que d’hommes reçoivent une telle retraite de misère, elles ont aussi deux fois plus souvent qu’à l’Est moins de 600€. Cela a à voir avec la vie des femmes, comme on dit si joliment : « la biographie des activités ».
Les femmes en RDA étaient en activité sans arrêt. Elles disposaient d’un nombre suffisant de crèches et de maternelles. Les femmes à l’Ouest étaient sous la pression du complexe des « mères corbeaux » [terme en Allemagne pour décrire les mères qui « abandonnent » leurs enfants pour continuer leur carrière] et elles ne sont que partiellement parvenu à retrouver une profession, quand elles y sont parvenu.  
De plus 61% des pensionnée à l’Ouest ne pourraient pas survivre, si elles ne vivaient pas avec un mari (tant qu’il est en vie).
C’est la mauvaise nouvelle. Et maintenant, la très mauvaise nouvelle : les pensionnées de demain et d’après-demain se dirigent en Allemagne vers une pauvreté dans la vieillesse tout à fait semblable à celle que vivent leurs mères et grand-mères.
Car les jeunes femmes sont encore sans activité des années durant, quand elles deviennent mères et/ou se contentent de temps partiels, ou pire. Que doit-il se produire, pour qu’enfin les femmes se réveillent ?
Traduction : Philippe Gastrein
EMMAonline, 23.10.2013