samedi 21 janvier 2012
Democratie 2.0 vs Démovratie -1.0
30'23''
"Je reviendrais volontier sur l'expérience islandaise (...) qui me semble absolument fondamentale. (...) Je résume en 15 secondes: L'Islande jusqu'en 2007-2008 était candidate pour rentrer dans l'Union Européenne. L'Islande, c'est 320 000 personnes. Donc c'est un arrondissement parisien. Et l'Islande en 2008 a explosé en vol parce que les trois plus grosses banques islandaises avaient accumulé sept fois le PIB du pays en dette. Les trois plus grosses banques islandaises étaient en faillite. Elles ont toutes été nationalisées du jour au lendemain. Donc l'Etat a repris les dettes de ces banques, mais à la différence de l'IRlande, l'état islandais a dit nous ne rembourseront pas les dettes détenues par des créanciers non-islandais, non-résidents. Cela, tant pis pour eux, bah ils ne récupéreront jamais leur argent. Ils ont fait des paris. Ils ont fait des investissements leur argent de manière hasardeuse. Il n'ont qu'à assumer les choix qu'ils ont fait: c'étaient de mauvais choix. L'Irlande, par contraste, a nationalisé également toutes ses banques, qui étaient également toutes en faillite, comme vous le savez, en Octobre 2010. Mais sous la pression de l'Union Européenne, a dit: "bien sûr, nous sommes gentle man, donc nous allons rembourser la totalité des dettes de nos banques." De sorte que la dette publique irlandaise a été multipliée par quatre en un an, puisque l'Etat a repris à son compte les dettes de ces banques. D'où la situation dans laquelle se trouve l'Irlande aujourd'hui. L'Islande, actuellement, renoue avec la croissance (Alors je ne suis pas du tout favorable à la croissance. Mais sa prouve que quand vous annulez les dettes des banques, ça marche). Et est entrée dans un processus de rédaction de sa constitution qui de fait est tout à fait nouveau, absolument inouï en Europe. Alors comme vous le savez, il y a eu deux réferendum successifs, à une année d'intervalle, pour savoir si les Islandaisses ne voulaient pas quand même rembourser un peu les dettes de leurs banques. Ca, sous pression évidemment de la grande-Bretagne et des Pays-Bas, parce que les principaux créanciers lésés se trouvaient aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Deux fois de suite la population islandaise a dit non. Puis s'est lancée dans la rédaction de la constitution. Alors pour ça il y a eu un grand appel populaire. On a demandé à tout les islandais qui avaient plus de, je ne sais plus combien, 21 ou 25 ans, qui connaissaient plus de 30 amis pouvant témoigner pour eux que ils étaient normalement constitués, qui pouvaient se porter candidat pour être rédacteur de la constitution. Il y a eu quelque chose comme 550 candidats qui se sont déclarés, parmi lesquels 25 ont été désignés. Alors c'est un processus, vous voyez, absolument inouï. D'une certaine manière, moi quand je vous entends parler de la démocratie 2.0, je suis tout à fait d'accord: il me semble que l'Islande est entrain en Europe d'inventer la démocratie 2.0. Dans le reste de l'Europe, nous somme entrain d'inventer la démocratie -1.0. C'est-à-dire celle où vous avez trois gouvernements qui ont sauté alors qu'ils étaient démocratiquement élus, sous la pression des marchés financiers: en Irlande, en Grèce, en Italie. Alors évidemment, quand c'est en Italie, et que c'est Berlusconi, tout le monde est content. Mais en Grèce, c'était Papandréou, qui lorsqu'il est arrivé au pouvoir a tout de suite dit que les comptes étaient faux. Ce n'est pas lui qui a falsifié les comptes grecs en 2001. Et en Irlande non plus. Donc ce sont trois gouvernements démocratiquement élus qui ont été remerciés sans autres formes de procès par une procédure qui échappe à tout controle démocratique, pour être remplacé par qui? En Grèce, vous l'avez vu, et en Italie également, par des techniciens qui sont tous les deux des anciens cadres de Goldmann Sachs. Tout comme à la Banque Centrale Européenne on a remplacé M. Trichet par Mario Draghi, qui est lui même un ancien cadre de Goldman Sachs. Donc c'est très impressionnant, en particulier en Grèce, puisque que on a mis au pouvoir quelqu'un qui fait partie du parti conservateur grec qui a falsifié les comptes en 2001, et qui a été un cadre de Goldman Sachs, qui est la banque qui a aidé la Grèce à falsifier ses comptes en 2001, au moment de l'entrée dans la zone Euro de la Grèce. Donc ça c'est la démocratie -1.0."
Les sondages mentent
Mais bien entendu, le Front de Gauche ne réuni "que 6 à 8,5% des intentions de vote"; et même "avec une augmentation de deux points", c'est toujours "entre 5 et 7%"...
lundi 9 janvier 2012
"Les proxénètes sont comme coq en pâte" [en Allemagne, depuis la loi de 2002]
Traduction personnelle.
La loi sur la prostitution condamne la police à l’impuissance. Car il s’agit de « partenaires » à pied d'égalité. « Une folie », d’après un acteur qui sait de quoi il parle : le commissaire principal Hohmann, directeur du service d’enquête sur la prostitution depuis 14 ans à Stuttgart.
Le ministre de l’intérieur des Länder [l’Allemagne est un état fédéral], de tous les partis, ont demandé une réforme de la loi sur la prostitution. Vous vous êtes joint à cette revendication. Pourquoi ?
La loi est à l’origine d’une érosion du droit pénal. Nous n’avons presqu’aucune possibilité pour poursuivre les hommes cachés derrière [l'organisation de la prostitution] (Hintermänner). L’application de la loi nous a petit à petit vidé notre boîte à outil. Et le moindre espace qu’on laisse libre est occupé par les proxénètes. Nous avons dit dès le début : si cette loi arrive, alors il n’y aura qu’un groupe qui en profitera, et ce seront les proxénètes.
Combien de femmes qui se prostituent, le font de manière indépendante, d’après votre expérience?
De trois à cinq pourcent.
Donc de 95 à 97% ont un proxénète. Mais le proxénétisme reste pénalisé comme avant.
En principe, oui. Mais, premièrement nous avons une décision de la cours régionale d’Augsburg (Landsgericht), qui a débouté une plainte contre un grand bordel pour proxénétisme, bien que le gérant fixait les prix des femmes, les temps de travail et les pratiques sexuelles, et avait même décrété une obligation de nudité et une interdiction de téléphoner. Les clients avaient en plus un « droit de plainte », qui occasionnait des pénalités financières sur les femmes. Le tribunal a fondé le rejet de la plainte avec la loi sur la prostitution. Plus tard, il a été démontré qu’il y avait naturellement des complices criminels [Hintermänner] qui introduisaient les femmes de manière organisée. Comme du reste aussi dans le bordel « en libre accès » [Flatrate-Bordell] de Fellbach, où sont accusés neufs hommes pour trafic d’être humain aggravé. Le problème est, et c’est le deuxième point, qu’il nous est devenu très difficile d’apporter des preuves, parce que nous avons besoin de « soupçons préliminaires ». Précédemment nous avion le paragraphe 180a qui pénalisait « l’encouragement à la prostitution ». Mais il a été abrogé.
Est-ce-que le paragraphe 180a devrait être réintroduit ?
Ca nous aiderait. Mais cette infraction était un pis-aller. Ce dont nous avons vraiment besoin, ce sont des éléments constitutifs d’infractions objectifs dont on pourrait fournir la preuve sans le témoignage des femmes. Car il s’agit d’un problème décisif : jusqu’à présent nous avons toujours besoin pour une enquête du témoignage de la victime, de la femme. C’est bien sûr fantastique d’un point de vue de la philosophie du droit, et incroyablement progressiste, que le législateur donne à la victime le pouvoir de définir si elle se sent victime. Mais la réalité est complètement différente. Les femmes sont victimes, mais elles ne témoignent pas. A chaque fois une femme sort en courant du placard avec un œil au beurre noir. A chaque fois elle vous explique : « Ce n’est pas un proxénète, c’est mon ami ! Je lui donne mon salaire avec plaisir ! » La loi sur la prostitution présente aussi une erreur de construction décisive : il s’agit de partenaires à traiter sur un pied d'égalité. C’est de la folie, une méconnaissance totale de la situation. Nous avons ici à faire majoritairement à des femmes apeurées, dénuées et dépendantes.
Qu’est ce que le législateur à promis en 2007 et n’a pas fait. Même la loi sur la pénalisation du client de la prostitution forcée se fait attendre depuis sept ans.
Là, ce serait très important de se concentrer sur la responsabilité du client. Une telle loi serait en fait plutôt symbolique, mais les symboles ont une valeur. En tant que législateur on doit faire connaître un objectif. Malheureusement ce n’est pas perceptible. Et pour nous l’autre camps a depuis longtemps réfléchi à son objectif. Il n’en a qu’un seul : retirer le maximum de profit de ses marchandises. A quoi devrait ressembler une loi qui permettrait de poursuivre les proxénètes ? Nous regardons avec envie la France. Là-bas le code pénal au paragraphe 225 définit des critères précis : le proxénétisme est punissable par exemple quand une personne sans revenus vit, ou a une relation, avec une personne qui se prostitue. De même une personne qui transporte une prostituée, ou qui détient son argent. Un proxénètes de Stuttgart, et les deux gérants d’une série d’appartement de prostitution dans le Bade-Wuttemberg, qui ne peuvent pas être poursuivi en Allemagne à cause de la loi actuelle, sont aujourd’hui en prison en France pour ces faits.
Qu’est ce que vous pensez du modèle suèdois qui pénalise de manière générale tout achat de services sexuels?
Ca, c’est notre objectif ! Mais vu les termes du débat en ce moment, cela me parait très irréaliste de l’atteindre. La prostitution ne sera pas interdite en Allemagne à moyen terme. Il y a manifestement une foule de gens soit pour qui ce qui se passe dans la prostitution est indifférent, soit pour qui il n’est pas clair que les femmes y sont détruites par petites tranches. Ou alors, à quel point elles sont déjà cassées parce que sinon elles n’auraient pas atterri dans ce milieu. C’est pourquoi je pense que le premier pas devrait être que nous n’autorisions la prostitution qu’en tant qu’activité indépendante, en définissant des critères objectifs pour cette indépendance. Il n’y a sinon pas d’autre solution.
Les critiques de la loi suèdoise affirment qu’ainsi on déplacerait seulement la prostitution vers l’illégalité, où elle ne serait pas contrôlable.
Je suis convaincu que la prostitution est aussi contrôlable dans l’illégalité, pour sa plus grande part. Car il y a des maisons dans lesquelles elle a lieu, et en plus elle doit être annoncée. Le seul problème est que l’effort pour les services de police augmente. De plus je tiens pour fondamentalement positif quand une société évolue dans la direction prise en Suède, où la prostitution n’est pas considérée comme compatible avec la civilisation. En Allemagne la prostitution est devenu mondaine (à la mode / salonfähig) et elle s’imbrique avec d’autres domaines de la société. Là un grand bordel en zone VIP pour une équipe de sportif, ici les honnêtes ingénieurs préfèrent investir dans le milieu de la prostitution [« Rotlicht-Milieu »] après la banqueroute de Lehman-Brothers. C’est une évolution inévitable.
"Die Zuhälter baden doch in Schampus!"
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